All delighted people

out of the forest, i come with my flowers
L’histoire de Javier Alvarez et de Lola Kerrigan fut celle d’un coup de foudre. L’espagnol était venu à Chicago lors d’un semestre d’échange et lorsque ses yeux croisèrent ceux de la belle brune au détour d’une fête dans une fraternité, il comprit qu’il était perdu. Tant et si bien qu’une fois revenu en Espagne, il fit immédiatement les démarches pour retourner à Chicago afin de ne pas être séparé de sa belle. Une relation parfaite qui ne se démentit pas jusqu’à l’arrivée de la petite Lizbeth. Mais ce jour fut aussi le jour de la mort de sa bien-aimée. La cause ? Un arrêt cardiaque que personne ne comprit. Lola était une jeune femme dans la fleur de l’âge, n’ayant jamais eu aucun ennui de santé. Le monde du brun s’effondra cette nuit-là. Fou de douleur, il ne put regarder le nourrisson qu’on lui présentait. Ce fut Luana, la mère de Lola, qui s’occupa de la petite fille lorsqu’elle put sortir de l’hôpital. Javier débarquait de temps à autre, regardait le bébé et repartait aussi sec ne supportant pas la vue de cette petite qui avait les traits délicats de l’amour de sa vie. Ironiquement, la personne à laquelle il aurait dû se raccrocher à la perte de sa femme était aussi celle qui la lui rappelait le plus.
Durant les cinq premières années de sa vie, Lizbeth ne croisa son père qu’à de rares occasions. De temps à autre, il frappait à la porte de l’appartement dans lequel elle vivait avec sa grand-mère pour aussitôt disparaitre.

« Papa ne m’aime pas… »

Le constat d’une fillette de 5 ans. Cela brisa le cœur de la femme d’élite qui avait pris sous son aile sa petite-fille. Ce fut à ce moment-là qu’elle interdit à Javier de se repointer comprenant que cela ne faisait que du mal à la petite. Mais en voulant la protéger, Luana avait commis une erreur car la petite Lizbeth prit cela comme un abandon. Avoir un père absent était mieux que d’avoir un père qui l’avait abandonné. Mais cela, elle n’en parla pas à sa grand-mère. Délicate, Lizzie ne voulait pas causer plus de peine à celle qui était son monde. Refoulant tout cela au fond d’elle, la petite fille ne parla plus de ce père absent se concentrant sur le petit monde qui était le sien. Sa grand-mère, celui qui s’apparentait le plus à un père pour elle et sa sœur de cœur. Riley.
Riley qui avait débarqué dans sa vie alors qu’elles étaient toutes deux bébés. Riley qui avait passé autant de temps chez les Kerrigan que dans son appartement. Lizbeth avait un mois quand Riley et son père avaient emménagé dans l’appartement d’à côté. Riley qui avait à peine 8 jours de plus qu’elle. Luana eut pitié de ce veuf qui essayait tant bien que mal de prendre soin de sa petite fille ne pouvant s’empêcher de comparer la force de caractère des deux hommes. Alors que son gendre avait tout plaqué quand sa femme est décédée, son voisin qui avait traversé la même épreuve, lui, s’était raccroché à sa petite fille. La vieille dame les prit donc sous son aile et aida le pompier à remettre de l’ordre dans sa vie.

Les fillettes grandirent donc ensemble comme de véritables jumelles. Elles étaient tout le temps fourrées ensemble, se contentant de la présence de l’autre. Dotées d’un caractère similaire, les deux brunettes étaient inséparables. Lorsque l’une était quelque part, on pouvait être sûr que l’autre n’était pas loin. Elles se tiraient l’une et l’autre vers le haut mais aussi s’entrainer l’une l’autre pour faire les pires bêtises qui soient. Aussi téméraire l’une que l’autre, elles n’avaient peur de rien lorsqu’elles se trouvaient ensemble. L’union fait la force dit-on…
Il n’y avait véritablement que deux moments où on pouvait la voir posée, la brune au tempérament de feu : lorsqu’elle cuisinait ou bien lorsqu’elle avait un bouquin à la main. Véritable cordon bleu, elle adorait passer du temps en cuisine à concocter toute sorte de plats et de pâtisseries pour ses proches n’hésitant pas à faire des tests pour des créations tout droit sorti de son imagination. Elle adorait cela. Quant aux livres, elle avait hérité ce trait de Lola. Cette mère absente mais dont Luana lui parlait tant.

Lizbeth grandit donc heureuse entourée de sa famille de cœur. Mais lorsqu’elle eut 16 ans, Luana tomba gravement malade et l’adolescente se transforma en infirmière à domicile. Délaissant les sorties, elle se consacra aux soins que dont sa grand-mère avait besoin. Même si elle l’exhortait à profiter de la vie, la vieille dame était heureuse de voir sa petite fille aussi présente. Et cela, Liz en était consciente ce qui l’incitait à redoubler d’effort pour rendre la vie de sa grand-mère la plus agréable possible. Très intelligente, elle avait compris que son monde allait bientôt être bouleversé, que son pilier allait la quitter. Refoulant son chagrin, elle s’efforça de toujours montrer un visage souriant à sa grand-mère. C’était dans les bras de Riley qu’elle s’effondrait lorsqu’elle en ressentait le besoin. Luana s’éteignit un soir d’été un an plus tard dans les bras de son infirmière comme elle l’appelait.
Ce fut pour cette raison que la brune, oubliant son premier rêve, s’orienta vers des études d’infirmière. Etudes qu’elle survola. Brillante, elle n’avait jamais eu besoin de faire beaucoup d’effort à l’école. Liz savait qu’elle aurait pu pousser et faire médecine mais pour une raison obscure qu’elle-même ne comprenait pas, elle n’avait pu s’y résoudre. Peut-être n’en ressentait-elle pas la vocation. Parce qu’au fond d’elle, Liz savait que ce n’était pas la voie qu’elle aurait voulue mais elle avait l’impression de rester proche de Luana d’une certaine manière en prenant ce chemin.

« Riley ! Qu’est-ce qu’il y a ??!! »

Angoissée, elle regarda sa sœur de cœur en pleurs devant elle. Les années avaient passé mais leur lien était resté le même. Si Riley avait trouvé l’homme de sa vie et devait se marier le mois prochain, Lizzie, elle, c’était plus compliqué. Si on l’écoutait, c’était parce qu’elle ne ressentait pas le besoin de se poser avec un homme. Mais si on la connaissait un tant soit peu, on pouvait deviner aisément que son père absent n’était pas totalement étranger à cela. Pourtant, elle semblait réellement le penser. Qu’elle n’avait pas besoin d’un homme pour exister. Ses petites aventures lui suffisaient. Pas d’attachement, du fun. C’était très bien. Du moins…
Lorsque son amie lui eut raconté les bouleversements de sa vie dans ses bras, Liz bouillonnait. Si cela ne tenait qu’à elle, la brune serait bien allée castrer ce mec… Mais voyant l’état de sa sœur, elle n’eut le cœur de la laisser pour assouvir sa soif de sang et de vengeance. Au lieu de quoi, au bout de deux semaines à la regarder se morfondre, elle la secoua et lui dit

« Et si on se barrait pour de bon de Chicago ? »

Impulsive ? non… à peine…

« J’ai démissionné. Aiden est allé trop loin et je l’ai giflé devant tout le conseil d’administration… »

Aiden ou le médecin qui lui menait la vie dure à l’hôpital. Elle avait eu le malheur de céder à ses avances une fois et depuis, il ne la lâchait plus. Cela faisait des mois qu’il la harcelait. La patience n’était pas vraiment le point fort de Lizbeth aussi était-elle la première étonnée à ne pas avoir cédé plus tôt à ses envies de l’encastrer et d’avoir tenu aussi longtemps. Malheureusement pour elle, le board ne fut pas du même avis et lui avait proposé de prendre des congés sans solde pour régler ses problèmes de colère. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Elle démissionna sur un coup de tête.

« Allez ! Viens ! Plus rien ne te retient à Chicago et je t’avoue que j’ai moi aussi besoin de changement. Pourquoi ne pas partir d’ici. On se trouve un endroit et on fait ce dont on a toujours rêvé toi et moi ? »

D’une impulsive à une autre… Elles avaient aussitôt emballé leurs affaires, mis en vente l’appartement de la grand-mère de Lizzie et quittèrent cette vie pour un nouveau commencement…