All delighted people

Une journée comme une autre pour Atticus. C'est à dire qu'il allait suivre sa routine quotidienne à propos de son élevage et qu'avec un peu de chance il lui resterait du temps en fin de journée pour prendre un moment de repos tranquille chez lui. Un bain chaud, ou tiède selon le bon vouloir de la tuyauterie à cette période de l'année. Un verre d'alcool peut être. De l'ASMR en fond sonore et rien d'autre que la quiétude de son bout de terrain au fin fond de Bar Harbor... Un vrai luxe si on considérait que ces derniers jours Atticus avait eu maille à partir avec ses clôtures. Elles cédaient les unes après les autres et il passait son temps à les remettre sur pied et à aller chercher l'une ou l'autre de ses bêtes qui n'avait fugué que pour s'égarer plus loin !

Il devait encore en faire le tour aujourd'hui... Mais pour l'heure il revenait du centre ville où il s'était fait livrer un surplus de granulés. Niveau foin, ses stocks pouvaient aller jusqu'à la fin de l'hiver à vue de nez. Mais avec les petits qui étaient arrivés durant le dernier été et en considérant qu'il avait encore au moins deux femelles pleines, Atticus préférait voir un peu plus large sur le reste de l'alimentaire.

Il aurait pu y aller en voiture mais un petit soucis mécanique qu'il n'avait pas le temps de régler s'était présenté. Alors Atticus y était allé à pieds, d'un pas rapide. Il traînait un petit chariot au bout d'une corde qui contenait non seulement les sacs de granulés mais d'autres trucs pour l'élevage ou pour lui-même. La neige avait commencé à tomber tout doucement alors qu'il était à mi-chemin et Atticus avait commencé à se sentir acculé par le temps. Il fallait qu'il rentre les animaux, leur donne de quoi manger, fasse le tour des clôtures avant que la neige calme ne devienne une vraie tempête... Bref, il presse encore le pas.

Et il est presque arrivé lorsqu'il réalise qu'un peu plus loin devant lui se tient quelqu'un. Une femme. La flopée de cheveux soigneusement décolorés ne lui permet pas de douter d'à qui appartient cette silhouette là. Les vêtements d'hiver ne permettaient pas de le dire mais lui savait la silhouette en sablier qui se cachait en dessous. Iris, puisque c'était elle, était sans doute aussi belle que vénéneuse si vous vouliez son avis. Elle avait un esprit de contradiction comme il n'en avait jamais vu d'autre et même au milieu de leurs ébats voilà dix ans de cela elle avait ressentit le besoin de lutter. Non pas pour lui échapper mais pour être clouée au matelas ! Atticus avait toujours supposé qu'Iris ne pouvait pas pleinement aimer quelqu'un qui ne saurait pas la maîtriser. Et même là, « aimer » était peut être un mot grossier pour elle.

« Tu stalk ? »

Atticus s'arrête pour lui laisser le temps de se retourner, prise la main dans le sac. Les flocons entiers s'accrochaient à ses mèches comme autant de petites perles et fondaient entre ses cils comme de minuscules diamants. La reine des neiges avait de la concurrence... !

Il aurait pu lui demander ce qu'elle venait faire... Mais de toute façon elle lui aurait probablement mentit. Alors désignant le chariot derrière lui :

« Il y a une autre corde. Rends toi utile puisque t'es là. »

Elle va râler, il le sait... Mais il est à peu près certain aussi qu'elle va le faire !

« Si tu t’ennuie j'ai du boulot pour toi. Je paie avec un verre de whisky irlandais en bout de journée. »

Parce qu'il avait clairement pas de quoi la payer en monnaie sonnante et trébuchante. A une époque, il l'avait payé en la logeant. Il l'avait fait sans arrière pensée mais elle avait su dépanner pour les travaux de l'élevage. Et elle s'était aussi glissée entre ses bras, comme une nymphe égarée dans son enfer. Il se souvenait encore de sa peau de soie, des lignes d'encre sur son corps, du son de sa voix lorsqu'elle s'abandonnait. Iris avait ses règles, ses codes... Elle était chiante, pénible, parlait trop fort, s'énervait pour rien, ne savait pas dire merci, n'était jamais satisfaite... Mais il l'aimait bien. A croire que la torture Afghane ça lui avait pas suffit parfois... !

« A moins que tu préfères prendre racine ici et m'expliquer pourquoi tu fais le piquet devant mon élevage évidemment. »

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@Atticus Kane

Ok, il fait froid. Ok, on est en plein milieu de la journée, et à cette heure-ci, je suis en général dans un bon bain chaud que sur un sentier boueux. Ok, je suis seule, et je fais peine à voir dans cet accoutrement, vêtue d'un large survêtement, d'une paire de baskets sales, abimées par des résidus de terre, d'une doudoune en poils de belette et d'un bonnet argenté orné d'un pompon. Il n'y a aucune raison qui justifie le fait que je sois à cet endroit précisement, isolée au milieu de nulle part. Aucune raison, sauf une. Et ça me fait chier de l'avouer, alors je ne l'avoue pas. Mais, alors que je pourrais occuper ma journée de n'importe quelle façon, je suis sur ce sentier boueux, en route vers l'élevage d'alpagas d'Atticus. Je les aime pas ces bestioles, et d'ailleurs lui non plus je l'aime pas. Mais bon, ça m'est déjà arrivée de devoir m'en occuper parce que visiblement un homme de cinquante berges est bien plus doué pour tout un tas d'autres trucs qui excluent l'exploitation de son propre élevage. Du coup, dès fois, de façon vraiment très rare, et vraiment pas par plaisir, je vais jeter un oeil au troupeau, savoir comment ils se portent. Encore quelques dizaines de mètres, et j'y serai. Les pas me rapprochent d'un point de vue imprenable, et mes foulées deviennent de plus en plus rapides. Non, c'est pas de l'impatience, j'ai juste froid. Alors en accélérant un peu, j'ai moins froid, c'est tout.

Puis j'y suis. Je les vois, ces bestioles avec leur air débile là. Coincées dans les années 70 avec leurs coupes afro ridicules. Je souris, mais ce n'est pas par joie, uniquement par médisance. Tiens, je reconnais un des mâles qui semble avoir un coup de folie, à en constater par le sprint qu'il vient de faire. Puis il rejoint à nouveau ses congénaires. En vrai, regarder ce troupeau, c'est encore mieux que de regarder Elite sur Netflix. Remarque, on pourrait trouver des similitudes entre le groupe d'alpagas et le groupe d'étudiants, à commencer par leurs regards vide de toute substance. Mais bref, j'vais rester là encore quelques minutes, tout à l'air d'aller, et après je rentre, parce que là, j'ai vraiment très froid. Puis le sursaut, la faute à une voix familière, me demandant si je stalke le troupeau. Atticus... Pas du tout, je les aime pas tes bestioles, elles sont stupides. Et puis j'ai le droit de me promener dans le coin non ? Même pas le temps de finir ma phrase qu'il me coupe en désignant un chariot derrière lui, m'invitant à l'aider à trainer ses courses jusqu'à chez lui. Putain, mais pour qui il se prend ? Le mec m'a hébergé quelques semaines il y a 10 ans et je lui suis putain de toujours redevable ? Il me soule, j'aurais pas du venir bordel... Mais, il me connait un peu pour savoir comment m'amadouer. Fumier. T'es chiant Atticus. Ok, je t'aide à remonter ton bazar, mais t'as intérêt à ce que la bouteille en vaille la peine.

Nous voilà partis à tirer sur la corde pour faire remonter le chariot jusqu'au domicile du spécialiste des Alpagas. Je sais pas pourquoi je me suis embarquée dans cette galère, mais franchement je passe pas un bon moment. Et puis avec les ongles que j'ai, ce n'est pas évident de tenir la corde correctement. Mais ça, il s'en fout le vieux machin, il en a même pas des ongles manucurés comme les miens. Je mets tout de même du coeur à l'ouvrage, parce que j'suis une femme forte, et il m'est strictement impossible de flancher à la moindre petite difficulté. Et ça a toujours été mon état d'esprit. Sur le chemin, qui devrait bientôt toucher à sa fin, j'essaye de faire la conversation à mon collègue de fortune. Et sinon, il va comment le troupeau en ce moment ? Perso j'm'en fiche, mais comme je sais que t'aimes bien raconter la vie de tes lamas là... J'écoute ses réponses d'une oreille semi attentive, parce qu'au final le sujet ne m'intéresse pas tant que ça. Néanmoins, la fin de trajet passe vite, et malgré la difficulté du tirage de corde, nous voilà arrivés à destination. Super, j'crois que j'ai bien mérité mon verre de whisky, tu ne crois pas ?

Atticus n'avait même pas relevé. Iris, aussi élégante et royale puisse-t-elle parfois avoir l'air, pouvait dans le même temps répondre sur le ton d'une gamine qui fait son caprice. C'était tout le paradoxe de cette petite beauté. Mais finalement, n'était-elle pas faite que de ça ? A la voir, comme si elle avait attrapé les premiers vêtements disponibles dans sa garde-robe, on n'aurait pas imaginé la manucure qu'elle arborait. C'était un peu la princesse dans son costume de haillons !

A ce stade et alors même qu'elle vient effectivement attraper une corde entre ses petits doigts aux ongles peints, Atticus espérait presque qu'une de ses baskets dérapent dans un peu de slush histoire de la voir ramasser un gadin et s'énerver de manière colorée après le monde tout entier. Personne n'était à la hauteur des espérances d'Iris ok ? Personne. Même pas elle-même probablement.

Ils approchent de l'enclos et César, un des vieux mâle du troupeau, s'approche rapidement pour les voir. Ou sans doute plutôt attiré par ce qu'ils transportaient hein !

« Ne l'écoute pas César. C'est elle le lama. Elle est jalouse de ton style. »

Et en revenant à cette petite peste, il convient :

« Ça se passe bien. Je vais avoir trois petits entre le mois d'août et de septembre normalement. »

Il allait tous les garder ceux-là. Ils allaient rajeunir un peu le troupeau et les plus vieux commençaient à être vraiment vieux. Atticus ne comptait pas en perdre cette année ni la suivante. Ensuite par contre il ne pouvait pas vraiment prévoir.

« Une des mères en est à son premier petit. J'ai un peu peur qu'elle refuse de le nourrir. »

Si c'était réellement le cas il faudrait la traire régulièrement et donner le biberon au cria. Il avait pas finit de se lever la nuit quoi. En espérant qu'elle accepte quand même ou si pas dès le départ, qu'elle s'y mettre finalement.

« Les autres ont déjà eu des petits, elles savent ce qui leur arrive, ça devrait bien se passer. »

Atticus relâche sa corde pour aller ouvrir les portes de la partie de la grange qui lui servait d'entrepôt. Et comme Iris demande déjà son dû en liquide, il éclate d'un rire aussi bref que franc.

« Tu rigoles ? Tu crois que ta mérité un verre de mon meilleur whisky juste parce que t'as tiré une corde sur 200 mètres à peine ? »

Et de constater, amusé et piquant :

« Tu t'es drôlement ramollie. Serais-tu devenue fragile en ville ? »

Et de fait, Atticus lui rappelle :

« J'ai dit que j'avais du boulot si ça t'intéressait et que je payais avec le whisky. Le chariot ça en faisait pas partit. Ça c'est ton extrême générosité. »

Il y avait beaucoup de choses très extrêmes chez Iris. La générosité n'était pas forcément ce qui sautait le plus facilement aux yeux pour la plus part des gens. Même pas pour lui ! Mais il savait qu'elle était là quand même. Fallait juste bien chercher sous les grosses pierres. Surtout celle de son cœur.

« Ça se passe bien pour toi sinon ? »

Et désignant la grange :

« Tu ranges ou tu transportes ? »

Il allait faire l'autre truc !

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@Atticus Kane

Je l'écoute me parler de ces bestioles, sans forcément retenir que trois petits vont bientôt arriver, mais que pour une des mères c'est le premier, alors ce sera peut-être un peu compliqué, et que c'est rassurant que les deux autres n'en sont pas à leur coup d'essai. Finalement, les trois petits devraient voir le jour entre août et septembre, il n'y a plus qu'à croiser les doigts que tout se passe bien. Enfin Atticus va croiser les doigts, moi dans quelques secondes, j'aurais oublié que je dois repasser à cette période pour voir si les petits sont nés. Et puis la saison sera bien plus douce, ce qui optimise les chances de survie... Putain, mais qu'est-ce que je raconte ? C'est le froid qui m'anesthésie le cerveau, je ne vois que ça. Et alors que nous sommes devant la grange, et qu'enfin ma pénitence touche à sa fin, voilà que le vieux bougon décide de changer le programme, ce qui n'est pas pour me mettre dans une colère noire. Tu te fous de ma gueule ?? Putain mais Atticus, je me caille le cul dehors là, à surveiller tes stupides lamas pour pas qu'ils se barrent, je t'aide à porter ton bordel, et toi tu veux encore que je fasse des trucs ?? Vas y, tu sais quoi, je me casse.

Je tourne les talons illico, direction la ville. Non mais sérieusement, il m'a prise pour qui lui ? J'suis pas une nana à qui on dit quoi faire. Je décide, je dirige, ça a toujours été comme ça et il n'y a aucune raison pour que ça change. J'essaye de hâter le pas, mais le froid commence à avoir raison de moi. Mes mains et mes cuisses sont gelées, la respiration est un peu compliquée à cause de l'effort physique fourni, et là, franchement, j'en chie. Bon, il y aurait bien la solution d'aller se réchauffer chez Atticus avant de repartir, mais je n'ai besoin de personne. Une fois assez loin de son champ de vision, cachée derrière un bosquet, je me frotte frénétiquement le corps pour le réchauffer, mais rien n'y fait, même mes os sont en train de se glacer. Bon, j'ai peut-être une idée, mais est-ce que j'ai vraiment envie de pisser dans mes vêtements ? J'crois pas. Putain va falloir que j'y retourne, en espérant que ce qu'il va me demander de faire soit rapide... Demi-tour, foulée rapide, et me voici de nouveau devant mon tortionnaire. Franchement tu fais chier Atticus. Tu peux pas être honnête dès le départ au lieu de me manipuler là ? T'as cru que j'étais aussi débile que tes bestioles débiles ? Pfffff... Je lui en veut tellement que je pourrais l'insulter encore plus fort, mais là, le climat joue en sa faveur. Il ne s'en tirera pas toujours comme ça. Je range. Je suis totalement gelée dehors là. Il y a pas mal de choses à stocker, mais vu que j'y mets de la bonne volonté pour vite terminer et aller au chaud dans sa maison, la mission est accomplie assez rapidement. Entretemps, étant donné que la grange est bien abritée du vent, j'ai pu me réchauffer un peu. C'est toujours ça de pris. J'espère que le prochain truc à faire sera aussi rapide, sinon je vais vraiment perdre patience. Bon, c'est quoi la suite ? Et t'as intérêt à me l'offrir ce verre quand on a fini, sinon tu ne me reverras plus jamais Atticus.

La grâce et l’élégance même. Atticus n’est pas vraiment surpris hein ! Ça faisait 10 ans qu’il voyait Iris aller et venir comme l’hiver ou le printemps, selon ses humeurs. Alors l’entendre jurer un peu comme un charretier et se plaindre, ça n’a vraiment rien, mais alors RIEN d’inhabituel. Et parce qu’il ne peut visiblement pas s’empêcher d’en rajouter une couche lui aussi :

« Je devrais t’appeler Pikachu. Comme la bestiole des gamins là. Parce que c’est tout toi : des éclairs et de la poussière. »

A force de s’agiter et de se plaindre ! Mais dans son énervement Iris s’en va et lui lève simplement les yeux au ciel en ouvrant en grand les portes de la grange. Ça l’aurait arrangé qu’elle reste, la vipère… Mais il allait visiblement devoir faire sans. Parce qu’Iris n’était pas du genre à plaisanter lorsqu’elle décidait de se barrer pour aller voir si l’herbe d’une autre prairie n’avait pas l’air plus verte.

Atticus ne tente pas de le retenir. A quoi bon ? Elle allait encore partir en sucette et s’il l’aurait bien embrassé rien que pour la réduire au silence parfois, ça ne semblait pas toujours indiqué ! La bougresse serait capable de lui sectionner la langue d’un seul coup de dent bien placé… !

Alors il commence seul en triant un peu dans le charriot d’abord, histoire de ne pas perdre de temps en allant de droite à gauche. Mais le temps qu’il finisse le tri et qu’il attrape le premier sac de granules… Iris est de retour !

« L’hiver revient. »

La tempête à ce stade. Elle continue de râler et il rectifie une chose :

« Mais j’ai jamais dit que je te donnerais quoi que ce soit après le chariot. »

Et avec un petit rictus :

« En vrai t’es comme mes « lamas ». Eux aussi ils veulent toujours avoir la carotte au bout du bâton sans avoir rien à faire. Y a un air de famille. C’est peut-être pour ça que je t’aime bien. »

Mais avant qu’elle ne décide que mourir au milieu des bois c’était mieux que de rester l’écouter il la pousse un peu en direction de la grange. De toute façon avec sa tenue c’était pas très étonnant qu’elle se les pèle. Quelle idée.

Au final ça leur prendre peut-être 45 minutes d’en finir. Ça avait toujours l’air de 3 fois rien au début et puis finalement le temps filait. Iris avait économisé son souffle mais ça lui était revenu vite !

« T’es un vrai boulet à te plaindre tout le temps. Tu te fatigue jamais ? Tu t’entraînes ou c’est naturel comme performance ? »

Du coup :

« Je ferais le reste tout seul. On va rentrer, je vais allumer le feu et te filer une couverture. »

Puis d’ajouter :

« Et ton verre de whisky puisque l’alcoolique en toi est dans le besoin, Pikachu. »

Il avait prévenu qu'il allait le faire hein...!

Atticus referme correctement les portes de la grange avant de sortir ses clefs de maison. C’était pas grand, presque tout tenait dans une seule et même très grande pièce en dehors d’une petite salle de bain et d’une chambre.

« Si ça te tente tu peux me parler de ce que tu fais en ce moment. Je ferais semblant de t’écouter et que ça m’intéresse. Comme toi avec mes alpagas. »

Au moins ils ne fondaient aucun espoir dans l’autre à ce niveau ! Et pourtant, Atticus supposait qu’il allait un peu mieux retenir qu’elle la plupart des infos, probablement !

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@Atticus Kane

Ce mec a vraiment le don de m'énerver. Pourtant lorsque nous nous sommes connus, ce n'était pas le cas, et je ne sais pas ce qui lui a pris après quelques années à se transformer en cet espère de connard qui prend un malin plaisir à m'humilier. M'appeler Pikachu, me comparer à ses bestioles stupides, sous entendre que je suis encore pire que l'hiver de Game of Thrones... Franchement c'est à se demander pourquoi après une décennie je suis encore là. Alors qu'en réalité, je le déteste. C'est sûr, je le déteste. Et son troupeau de lamas débiles aussi je le déteste. Et je déteste le froid qui s'est emparé de mon corps tout entier, même si, il faut le reconnaitre, le fait d'aider Atticus m'a partiellement réchauffé. Et alors que je m'interroge sur la prochaine corvée qu'il va me demander de faire, voilà qu'il change d'avis, et me propose d'aller à l'intérieur pour nous réchauffer. Mais quel culot ! Ah non Atticus, tu m'as dit qu'il y avait plein de boulot, tu me rabaisses depuis tout à l'heure, tu te fous de ma gueule, alors hors de question qu'on s'arrête maintenant ! Ouais, j'ai un peu de fierté après tout. Il se prend pour qui sérieux ? à croire que je suis un petit être fragile, capable seulement de se plaindre et de balancer des éclairs dans tous les sens ? L'avantage, c'est que je suis tellement énervée que je sens mes os se dégeler les uns après les autres. Puis je fonce tête baissée vers la grange pour essayer de l'ouvrir, mais cette putain de porte ne veut pas s'ouvrir. Je crie, je tape, je me donne peut-être en spectacle mais je m'en fous. C'est de la merde ta porte, elle s'ouvre même pas !

Et puis je m'aperçois qu'Atticus a les clés de la porte dans sa main, et malgré la distance qui nous sépare, j'ai l'impression de voir un petit sourire se dessiner sur son visage. Il devait savoir depuis le début que je n'arriverai pas à ouvrir la grange, et ça a bien du le faire marrer de me voir dans tout mes états. Si ça ne tenait qu'à moi, je me jetterai sur lui pour le frapper, mais malgré le réchauffement de mon corps, mes membres sont encore un peu engourdis. Il n'aura pas autant de chance la prochaine fois, quand le printemps pointera le bout de son nez. Voilà, t'es content ? T'as vu Pikachu se mettre dans tous ses états et ça t'as fait rire ? Super, on va pouvoir continuer alors. Je me rapproche de lui, le visage bien plus déterminé qu'il y a quelques minutes. Tu penses que je suis un boulet hein ? Et ben vas y, dis moi quel est le prochain truc à faire, tu vas voir comment j'vais assurer bien plus que toi.

Seigneur ! Cette femme ne vivait que pour la contradiction. Elle voulait tout et son contraire et lui faire plaisir était probablement tout simplement impossible. L'instant d'avant elle ne voulait rien faire à part siroter son meilleur whisky et à présent voilà qu'elle s'énervait parce qu'elle voulait continuer à faire des tâches sur l'élevage. On dit parfois « souvent femme varie » et ce n'était jamais aussi vrai qu'avec Iris, qui était parfaitement cyclique et probablement un peu borderline si vous vouliez son avis.

« T'es un vrai boulet à ma cheville, tu sais ça ? T'as jamais contente, y a pas moyen de te faire plaisir, tu fais rien sans râler... Je dis blanc tu dis noir, alors je dis noir tu dis rouge. »

Et puis d'ailleurs, avant qu'elle n'aille s'échiner ailleurs :

« Est-ce que tu as la clef ? »

Avant même que la jeune femme lui demande de quoi il était question, il reprend :

« Celle pour fermer ta grande bouche deux minutes... »

Atticus lève les yeux au ciel alors qu'elle repart vers la porte de la grange, s'acharnant dessus comme une damnée. Et même si ça a un côté amusant, il signale :

« Si tu casses, tu paies. »

Il était sympa mais fallait pas confondre sa sympathie avec le fait de le prendre pour une bonne poire. L'affection qu'il portait à Iris était aussi curieux que sincère mais y avait des limites à tout. Il lui montre quand même, dans sa main, la grosse clef de la grange. Les portes étaient assez lourde, elle risquait pas de trop bouger. Mais les gonds n'allaient quand même pas aimer être malmenés.

Iris semble au moins s'être réchauffée et Atticus lève encore les yeux au ciel. Vraiment alors ? Ils allaient partir vers la tâche suivante ? Il hausse les épaules, désignant une brouette avec un jeu de planches et du matériel en tout genre.

« Je dois faire le tour de la clôture pour vérifier qu'il n'y en ai pas encore qui se soit effondré. »

De fait :

« Fait le tour de l'élevage et fait rentrer tout le monde dans l'étable. Compte qu'ils sont bien 16 ! »

Mais de prévenir :

« Si tu tapes une seule de ces bêtes je te fout dehors avec un bon coup de pied au cul. »

Atticus ne pensait pas qu'elle irait jusque là ! Iris ça avait beau être le surnom probablement de « l’irritation », ce n'était pas une mauvaise personne. Elle était juste... Profondément casse-couille ! En tout cas :

« Faire le tour s'il n'y a rien à réparer ça va me prendre environs 30 minutes. Il te faudra au moins ça pour tous les convaincre de rentrer. »

Au moins oui ! Un alpaga ça pouvait être salement têtu, surtout si la personne qui donnait les ordres s'agitait et s'énervait ! Y avait aussi une chance sur deux qu'elle se fasse cracher dessus et CA ce serait vraiment très drôle. Atticus pourrait lui donner des rondelles de carottes pour qu'elle les amadoue... Mais non. C'était sa punition pour être attachiante. Elle ferait sans !

« Quand j'aurais finit je te rejoindrais et on s'occupera des mangeoires. On remettra de la paille aussi et on vérifiera que les femelles gestantes vont bien. »

Tout le monde allait rester à l'intérieur pour l'après midi. Il faisait vraiment froid, il neigeait encore... Ce serait mieux. Le pelage mouillé des alpaga pouvait devenir un problème.

« Enfin on vérifiera les autres et on décrottera un peu leurs doigts. »

Là, ils auraient enfin terminé. Autours dire qu'il y en avait pour strict minimum deux bonnes heures et très probablement même plutôt trois. Seul ça lui aurait pris la journée. A deux ça devenait supportable. Du moins tant qu'Iris ne lui claquait pas un rage quit quoi !

« Bon pour toi ? Tu survivras sans trop râler ? Et rappelle toi que c'est toi qui l'a voulu ! T'as eu ta chance de rentrer au chaud pour boire un verre et tu l'as refusé ! »

Elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même, quoi qu'Atticus sache déjà qu'elle s'en prendrait plutôt à lui quand même !

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@Atticus Kane

Ok, ok, ok.... Je me suis peut-être un peu emballée en disant que j'allais tout lui faire à cette tête de pioche uniquement pour lui faire comprendre que je ne suis pas une pleureuse. Mais devant la montagne de choses à faire, j'aurais mieux fait de tourner ma langue sept fois dans la bouche avant de la ramener. Mais bon, trop tard, je ne peux plus revenir en arrière maintenant. J'écoute avec attention les consignes d'Atticus, non pas que j'en ai quelque chose à cirer, mais bon, si je l'aide en faisant n'importe quoi, ça sert à rien. Alors autant être bien certaine de comprendre ses attentes avant de s'y remettre. Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel quand il m'ordonne de ne frapper aucune bête. Même si elles sont stupides, elles sont faibles, et j'vais pas taper un animal sans défense. Bien sûr que je vais pas les frapper ses lamas crétins. Ok donc je fais rentrer les bestioles, je vérifie que les 16 sont là, et je t'attends dans l'étable pour les nourrir. Sans perdre plus de temps, et sans un regard à mon bourreau, je pars en direction de l'enclos. Première étape, vérifier le nombre de bêtes à l'intérieur. J'avance tant bien que mal, il faut dire que le climat extérieur rend l'enclos peu praticable. Beaucoup de boue, de flaques d'eau, et des alpagas...

Quelques mètres plus loin, me voilà dans l'étable, et je constate qu'il y a déjà onze bêtes, toutes allongées les unes à côté des autres, probablement pour se réchauffer. Pas si bêtes que ça finalement. Cela signifie qu'il y en a encore cinq dehors. C'est parti pour les recherches. Je vois rapidement quatre d'entre elles vers lesquelles je vais d'un pas déterminé, et une fois à leur hauteur, je tape dans les mains en faisant des bruits de bouche pour leur faire comprendre de rentrer. Cela prend quelques minutes avant que l'un des quatre ne comprenne et se dirige vers l'étable, les trois autres lui emboitant le pas. Je surveille que les alpagas soient bien rentrés... et c'est bon, ils y sont. Puis je me fais la réflexion que si je ne bloque pas l'accès à la sortie de l'étable, les animaux pourraient ressortir le temps que je cherche leur dernier congénaire. Je retourne au niveau du batiment pour gêner la sortie, non sans difficulté. Je sens des gouttes de transpiration faire leur apparition sur mon front. Au moins, je ne ressens plus du tout le froid... Allez, plus qu'un. Au premier coup d'oeil, je ne le vois pas. Alors je fais le tour de l'enclos, et voilà que Bob, le dernier des alpagas, est en train de casser la croûte à la limite de l'enclos. Allez Bob, zou, hop hop hop, à l'étable ! Je tape des mains, je claque des doigts, je m'agite dans tout les sens, rien n'y fait, cette andouille ne bouge pas le moins du monde. Hé oh, crétin de lama, tu vas retourner à l'étable oui ??? Je l'attrape par le col pour le forcer à bouger, mais le bougre résiste. BOB, BOUGE TON CUL BORDEL DE MEEEEEEEERDE ! Et alors que mon visage n'est séparé du sien que par un ou deux mètres maximum, je sens soudainement un fluide visqueux être projeté sur mon visage. C'est gluant, c'est puant, c'est... dégueulasse. Ce connard vient de me cracher dessus ! ATTICUUUUUUUUUS !!!!!!!! Le cri a le mérite d'apeurer Bob qui se met à cavaler vers l'étable, avec moi à ses trousses en train de lui hurler dessus, le sommant de m'expliquer pourquoi le crachat, non sans balancer dans la colère quelques insultes. Arrivés à l'étable, je le fais rentrer de force, en me retenant de lui mettre un coup de latte, parce que c'est pas l'envie qui manque. Faut que je trouve de quoi m'essuyer putain, c'est vraiment dégueulasse...

Iris dit ça sur un ton un petit peu trop sûr d'elle et Atticus l'observe avec un brin de découragement. D'amusement aussi. Ça allait être moins facile qu'elle ne l'imaginait, surtout sans petite aide à base de rondelles de carottes, quelques granulés ou quoi. Mais c'était sa petite vengeance personnelle et il avait hâte de voir ce que ça donnerait. En tout cas elle a compris l'objectif de cette tâche là. Il la narguerait bien en lui demandant si elle sait comptait jusqu'à seize, elle qui n'a que dix doigts, mais pas envie de se battre au lieu d'avancer là ! Ils se jetteraient des douceurs à la figure plus tard !

Ils se séparent et Iris a pour elle qu'elle semble quand même hyper déterminée. Pas sûr que ça suffise mais il payait pour voir ! De son côté, Atticus fait le tour de l'enclos. Ce dernier est vraiment vaste. Par chance, l'hiver il le réduisait de plus de la moitié en montant des barrières temporaires. Les alpaga allaient de toute façon moins loin à cette période de l'année et il n'y avait pas grand chose à brouter alors ils restaient relativement proche de la grange sauf lorsqu'une envie de grandeur leur donnait envie d'aller traîner jusque du côté de la forêt par exemple. Un vrai coup à finir entre les crocs d'un loup. Il n'y a pas si longtemps, il avait même été récupérer un jeune né l'année précédente qui s'était trop enhardit. L'animal s'était même blessé en cours de route. Heureusement le destin avait mis un apprenti veto sur son chemin.

Au final, de son côté, Atticus n'a pas énormément à faire. Il secoue un peu quelques zones qui lui semblent menacer de tomber... Mais en dehors d'enfoncer à nouveau un peu mieux les tiges dans le sol gelé, il n'a pas tant à faire. Ça l'arrange. Parce que ça va lui demander moins de temps et donc qu'Iris sera moins longtemps laissé à elle-même pour faire des bêtises de son côté. Cette petite nénette il lui avait fait subir tous les outrages si l'on peut dire et pourtant, dans un moment comme celui-là, il avait l'impression de devoir dealer avec une adolescente en pleine crise existentielle !

Il est presque revenu, avec un tout petit peu de retard sur l'horaire le plus clément prévu, lorsqu'il entend Iris s'énerver après « Bob ». Elle pouvait feindre autant qu'elle voulait son intérêt n'empêche qu'elle connaissait l'animal par son nom hein... ! Il ricane intérieurement parce qu'il sait que celui là va lui donner le plus de mal. C'est un « vieux » du troupeau. S'en est un peu le chef. Ce qui veut dire deux choses : qu'il peut se montrer extrêmement entêté ET qu'il a le crachat facile. Parce que chez l'alpaga c'est pour se défendre comme pour le lama bien sûr... Mais c'est aussi pour montrer sa domination... !

Atticus doit se retenir de rire et de ne pas faire tomber sa brouette lorsqu'il entend la voix d'Iris monter dans les aigus en l'appelant. Jusqu'au centre ville de Bar Harbor on avait probablement entendu ce cri, mélange de détresse et surtout d'indignation... !

Lorsqu'il arrive pour de bon à la grande, c'est pour voir Bob, poursuivit par une Iris qui avait pris la sauce hein... Il repose le matériel pour aller jusqu'à la grande, où Iris continuait de piquer son câble et lui rigole cette fois pour de bon, attirant son attention. Atticus attrape du papier essuie-tout pour venir le tendre à Iris.

« Tu y as mis beaucoup d'effort pour transpirer à ce point. »

Il sait déjà qu'elle va bondir mais même s'il ne l'avait pas charrié, elle l'aurait fait alors...

« Arrête de crier, tu vas en avaler. »

La grande classe. Il la laisse se débrouiller un peu, encore plus rieur lorsque sous le passage d'un pan de papier du mascara s'étale sur le haut de sa pommette.

« Ha tiens. Waterproof peut être mais pas Crachat-proof on dirait... »

Atticus la laisse deux secondes pour aller repousser ce qu'elle avait utiliser pour bloquer le passage. Ensuite il vient refermer les portes de la grange, en rajoutant une petite couche :

« Ha oui, oublié de te dire... Tu peux utiliser une carotte ou quelques granules pour qu'ils suivent plus docilement. »

C'est bête qu'il ait pas pensé à le lui dire avant... ! Il attrape d'ailleurs un gros sac de granule dans un coffre en bois.

« Ton choix : tu remplis les mangeoires... Ou bien tu prends la fourche et tu tire des ballots qui sont à l'étage de quoi refaire le foin en bas. »

Le tout en indiquant la fourche puis l'échelle et finalement l'étage au dessus d'eux. Et encore un peu railleur :

« Tu as de la chance, j'ai nettoyé la grange ce matin. On diminue par 10 au moins les chances que tu te casses la gueule dans un autre fluide douteux... »

En tout cas :

« T'auras mérité ta douche parce qu'en ville on va te fuir toi et ton nouveau parfum. »

Pas assez retord pour la renvoyer là bas dans cet état !

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@Atticus Kane

J'ai pas besoin de tes commentaires débiles ! Je lui arrache l'essuie-tout des mains, et commence à le dérouler frénétiquement afin d'avoir la plus grosse épaisseur possible pour la passer sur mon visage, sans risquer de toucher à ce fluide dégoulinant. Tellement concentrée que je ne prête même pas attention à ce qu'il dit. La seule chose qui importe, c'est de virer toute cette matière dégueulasse de mon visage... Il me faut de longues minutes, et beaucoup de papier, pour retrouver un semblant de visage sec. C'est à cet instant qu'Atticus revient dans la grange, et avec son petit sourire narquois qui me met les nerfs en boule à chaque fois, pour m'avertir qu'avec des granules ou des carottes, les alpagas sont bien plus dociles pour écouter les ordres. T'as pas intérêt à dire "comme toi et le whisky" sinon je me casse ! Personnellement, je ne ris pas du tout de la situation. De base, j'étais juste venue comme ça, me balader pour me changer les idées, et si par le plus grand des hasards je me suis retrouvée proche de l'enclos des alpagas, je ne devais absolument rien à leur propriétaire. Si je ne suis pas partie, c'est uniquement pour lui prouver que je ne suis pas une pleureuse incapable de faire quoi que ce soit. J'ai quand même réussi à m'échapper d'un kidnapping, ce ne sont pas ces andouilles de lamas qui vont me faire peur.

Encore une fois, il me propose de choisir ce que je préfère faire entre remplir les mangeoires et tirer les ballots de foin à la fourche. Choix difficile, je serai tentée d'opter pour le moins fatiguant, et le moins dangereux. Parce que monter à l'étage avec une fourche et tirer des trucs, même si je suis plutôt agile, c'est le plan parfait pour une chute. Je vais remplir les mangeoires, ça a l'air moins compliqué à faire. De toute façon il n'y a que moi qui bosse depuis tout à l'heure... Je gromêle, contrariée d'être encore la cible des railleries d'Atticus. Mais comme il a l'air d'être dans un jour de bonne humeur, je ne préfère pas lui gâcher ce plaisir, et même si cela me coute une partie de mon orgeuil, je m'attèle à cette tâche sans dire un mot. Bon, en marmonnant, en grognant, parfois en soupirant, mais sans un mot. Les mangeoires sont plutôt nombreuses. Faut dire qu'avec un troupeau aussi grand, ça parait logique d'avoir suffisament de gamelles pour tout le modne. Au final, ce n'est pas si évident, car je multiplie les aller-retour entre les énormes paquets de granulés, trop lourds et trop encombrants pour que je puisse les porter, et les mangeoires. A tel point que je commence à avoir quelques vertiges, mais hors de question de montrer le moindre signe de faiblesse. Non, ça lui ferait trop plaisir au vieux rochon là. J'arrive enfin au bout de ma mission, les bras à la limite de la tétanie. Fatiguée, je trouve un coin où poser mes fesses en attendant qu'Atticus termine avec le foin. J'ai fini. Il reste les femelles enceintes à regarder et décrotter quelques doigts, c'est ça ? Fatiguée, mais pas épuisée, il fallait que je puise dans mes ressources pour ne pas paraitre fragile. J'essaye de garder une apparence digne, même si je sens que je suis dans le dur. Il ne reste qu'une solution : l'attaque. Par contre, un peu facile le coup de la douche Atticus. Je sais que t'as juste grave envie de me voir encore une fois à poil, et c'est normal, je suis la nana la plus bonne avec qui tu as baisé.

Faire contre mauvaise fortune bon cœur n’était pas bien difficile aujourd’hui. Iris, fallait se la coltiner parce que lorsqu’elle décidait d’être pénible, la terre pouvait bien trembler et finir par s’ouvrir sous ses pieds qu’elle continuait de râler après tout et rien. Une éternelle insatisfaite. Atticus se demandait parfois si les tatouages qu’elle imprimait sur la peau de ses clients lui donnait une certaine satisfaction, eux. Bref.

Elle lui tend une perche ensuite. Parce que clairement, Atticus n’avait pas cherché à pousser la blague davantage et il n’avait pas pensé du tout à la charrier de cette façon. Sauf qu’elle tend donc le bâton pour se faire battre ! Du coup :

« Je ne le dirais pas. Tu t’en charges très bien toute seule ! »

Est-ce que ça pouvait cacher (ou afficher) une petite addiction à l’alcool ? Peut-être. Mais Atticus n’était pas son père (une chance vu leur passif hein…), il ne comptait pas la laisser siffler sa bouteille non plus, surtout au prix de revient ! Et puis de toute façon, si elle commençait à marcher de travers au moment de partir, il la ramènerait en camionnette.

Atticus pourrait ensuite presque deviner les rouages qui, dans sa tête, se sont activés pour savoir la tâche qu’elle préférait. Et visiblement, le bon sens l’emporte probablement. Il avait davantage l’habitude pour le foin ! Atticus entreprend donc de monter à l’étage sur l’échelle un peu tremblante… Et une fois en haut, saisissant la fourche, il envoie une volée de foin pile sur la jeune femme en dessous !

« Oups… »

Tu parles. Il se contentait juste de lui rendre un peu son attitude pénible ! Commençant son propre ouvrage, Atticus observe Iris se mettre elle aussi au travail. Il fallait lui rendre que son entêtement la rendait plus capable que certains petits jeunes de la ville qui voulait tenter un stage chez lui.

Très vite, Iris se retrouve avec 16 alpagas gourmand qui tentent de s’emparer du sac de granules. Si elle arrivait à finir sans un petit trou dans sa veste, elle avait de la chance parce que dans leur hâte, les animaux faisaient peu de cas de confondre le sac avec son blouson disons… !

Heureusement, après le premier sac déversé, ils l’oublient un peu et Atticus en revient à sa propre tâche avec le geste de l’habitude. Ce n’est pas fait « vite » mais c’est bien fait. Il avançait clairement plus vite avec l’aide d’Iris, malgré la mauvaise volonté qu’elle mettait entre deux tâches !

Atticus redescend l’échelle, époussetant à la va vite la paille et le foin encore accroché à ses vêtements. Il passe devant Iris, venant d’abord voir Snow, son petit alpaga né l’année dernière qui avait fait une balade en dehors de l’enclos ! Le troupeau tout entier s’était précipité à son retour !

« Ce petit s’est blessé à la patte il y a quelques jours aussi. Je dois changer le cataplasme. Viens le tranquilliser pendant que je fais ça, ça prendra pas longtemps. »

Gadriel lui avait fait la démonstration et c’est vrai qu’Atticus avait remarqué une véritable amélioration, très vite.

« Attends, donne quelques caresses à Bob avant. Tu l’as stressé, il ne va peut-être pas être content que tu approches un jeune comme ça. »

Et à propos des femelles :

« Je te montrerais pour décrotter et j’irais voir les femelles moi-même, elles ont l’habitude que se soit moi, je vais pas les stresser. »

Par contre :

« On va attendre qu’ils aient finit de manger un peu. On n’obtiendra rien d’eux immédiatement. »

Surtout pas de la docilité ! Et quand Iris se montre graveleuse avec son parlé de prostitué de bord d’autoroute, il lui fait remarquer sur le même ton :

« Tu es tellement agréable quand tu utilises ta bouche pour sucer plutôt que pour la ramener. Tu devrais faire ça plus souvent. »

Et de se laisser tomber sur une caisse qui contenait des bâches et des outils pour patienter un peu. Il ne faisait pas chaud mais ils étaient à l’abris du vent au moins.

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@Atticus Kane

Décidément, je ne suis pas au bout de mes peines aujourd'hui. Quand je pense qu'enfin c'est fini, il faut qu'Atticus rajoute des trucs en plus à faire. J'essaye de garder mon calme, mais bordel que c'est dur. Je suis vraiment partagée entre le fait de me barrer, tout simplement, parce qu'après tout, je lui dois absolument rien. Et le fait de vouloir à tout prix lui prouver que je ne suis pas qu'un boulet qui passe son temps à se plaindre. Finalement, ravalant ma fierté, j'écoute ses consignes sur comment gérer le petit Snow, qui visiblement est aussi stupide que le reste du troupeau. Il le soigne pendant que je l'assiste, et au lieu d'attaquer le décrottage, Atticus me dit que l'on doit attendre que le troupeau finisse de manger pour pouvoir continuer. Super, nous voilà coincés dans l'étable. Bon, au final, ce n'est pas si mal, je vais pouvoir profiter de ces quelques minutes pour souffler un peu. Je trouve un petit coin ou m'assoir, afin de relâcher la tension. Si j'avais eu plus d'énergie, j'aurais probablement remis à sa place Atticus avec sa réflexion très déplacée sur ma capacité à utiliser ma bouche. Mais finalement, je n'ai pas eu la force. T'inquiètes pas pour moi, tout roule de ce côté là. C'est simple, presque trop sobre, mais flemme d'entrer dans une joute verbale, là tout de suite.

Etrangement, une sensation de bien-être commence à s'emparer de moi. Probablement les endorphines du fait des efforts intenses fournis. Bon, j'suis pas hyper sportive mais en général je tiens la route lorsqu'il s'agit de faire des efforts. Surtout en pleine baise, héhé. Enfin, malgré les bruits de mastication, c'est plutôt calme. Je n'ai pas chaud, je n'ai pas froid, et je n'ai même pas soif. Même pas un petit verre. J'veux juste profiter de cet instant avant qu'on s'y remette. Ce serait pas surprenant que le vieux rochon m'envoie une balle parce que je suis silencieuse. De toute façon, il n'est jamais content. A croire que la seule fois ou il l'a été, c'est quand j'étais en reverse cowgirl sur lui, assurément. Et d'ailleurs, je ne devrais pas me remémorer ces souvenirs, parce que j'ai quand même une facheuse tendance à avoir très vite envie de baiser. Ce calme... C'est agréable. Ouais, ça parait paradoxal que je sois celle qui se délecte du calme, mais après m'être agitée comme une belle diablesse pendant plusieurs heures, cette tranquilité n'est pas dérangeante. Voyant que les alpagas s'éloignent de leurs mangeoires, je me redresse rapidement, étire mes muscles, prête à repartir au combat. C'est bon, elles ont fini leur repas tes bestioles. On décrotte et après on a fini hein ? Pas de dernière mission cette fois.

Atticus s'était contenté d'un petit sourire amusé. C'était pas le genre de phrase qu'il aurait sortit à n'importe qui mais Iris pouvait l'entendre. Et surtout : elle était capable de lui en mettre autant dans la gueule et c'était un peu ce qu'elle avait fait pour provoquer cette réponse de sa part. Et comme elle lui assure que « ça va de ce côté là », Atticus a un petit regard curieux pour elle quand même.

« Qu'est-ce que tu veux dire ? »

C'était pas méchant, mais Atticus n'avait jamais imaginé réellement Iris en couple. Elle était trop indépendante pour ça non ? Elle était comme ces poissons que l'on pêche. Lorsqu'on les prend dans nos mains, bien chaude en contraste avec l'eau glacée, ils se tordaient d'une douleur qu'on ne comprenait pas, brûlés par ce simple contact. Iris c'était ça. On pouvait la ferrer, la ramener à nous... Mais sitôt qu'on refermait nos mains et notre passion sur elle, elle se tortillait pour y échapper, comme si ça la faisait souffrir. Encore un peu et il parlerait de trauma de l'enfance. Atticus était sûr que le lien était là. De là à lui en parler... !

« Tu crois que tu vas rencontrer quelqu'un qui saura te garder juste pour lui un jour ? »

La question étai sincère et curieuse. Est-ce qu'Iris pensait que c'était quelque chose qui pouvait arriver, déjà ? Ou est-ce qu'elle ne l'envisageait même pas ? Il y avait sûrement toute une partie d'elle qu'Atticus ne connaissait pas, et inversement. Il n'avait jamais beaucoup parlé de l'armée et surtout il n'avait jamais évoqué l'Afghanistan et l'année passée sous la torture à espérer qu'on en vienne à le tuer pour que ça s'arrête.

Atticus acquiesce à propos du calme. On entendait juste le bruissement de la paille et les granules se briser sous les dents des camélidés. Dehors, c'était sans doute le silence absolu. Atticus était loin de tout.

Mais autant Iris semblait apprécier ce calme, autant elle ne semblait pas décidée à en profiter plus longtemps. Atticus lève les yeux au ciel mais il se relève, attrapant le petit outil qui serait nécessaire à Iris.

« Je vais te montrer. »

Il prend quelques instants pour lui montrer la position histoire de ne pas finir avec un coup de patte dans les parties. Ok elle avait pas de service trois pièces mais ça resterait une expérience désagréable disons ! Atticus lui montre avec une patte, puis deux... Et lorsque les quatre sont fait, il lui donne l'outil.

« Voilà, à toi. Je vais le faire sur les femelles gestantes en même temps que je vérifie que tout va bien. »

Et de confirmer :

« On aura terminé. »

Ça avait été plus vite qu'il ne l'avait cru. Parce que désolé, mais Iris c'était la définition même de la mauvaise grâce lorsqu'elle avait décidé qu'une tâche ne lui plaisait pas ! Lui vient plutôt se poser près d'une femelle, commençant à regarder sa santé générale, pas alarmé parce que jusqu'à présent tout se passait très bien.

« Tu veux que je t'appelle quand les bébés seront né cet été ou ça aussi tu t'en fiche ? »

Et amusé :

« Il y a toujours une mère ou deux qui refuse de laisser le petit se nourrir pendant quelques temps. Tu te vois pas donner le biberon à un cria ? »

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