Comme à tous les vendredis, Francesco se retrouvait encore au bar du Velvet Lounge à boire plus que ce que la raison le lui conseillait et a espéré trouver une femme avec qui passer la nuit - question de ressentir quelque chose dans son cœur qui semblait s'engourdir de plus en plus chaque jour qui passait depuis l'accident de son meilleur ami. Ce soir-là, il était arrivé plus tard qu'à l'habitude – sa journée ayant été très remplis – il en était donc seulement à son premier verre qu'il tournait dans ses mains fixant le liquide ambré d'un regard perdu.
Visiblement, sa réputation de coureur de jupons était faite puisque la majorité des femmes, jeunes et moins jeunes, semblaient l’éviter comme la peste faisant même un détour pour aller commander leur boisson plus loin.
Il était officiellement une pute, ah bah c'était bien beau tout ça, surtout qu'il ne chargeait rien pour une nuit alors que dans les derniers mois il en serait devenu… pas millionnaire – il ne fallait pas abuser non plus – mais disons qu'il aurait pu se mettre un bon pactole de côté.
Le jeune homme avait soupiré avant de lever la main pour se commander un autre verre quand quelqu’un s’était finalement installé sur le banc à côté de lui. Il avait alors mis un sourire totalement faux, enfin pour lui pas pour les autres, avant de se tourner vers la femme. Il avait ouvert la bouche pour lui rabâcher les mêmes bêtises qu’à l’habitude avant de froncer les sourcils. Il lui semblait la reconnaître.. n’avaient-ils pas passés une nuit ensemble il y a quelques mois déjà? Rares étaient celles qui revenaient pour une seconde nuit, pas parce qu’il était un goujat loin de là – il traitait très bien les femmes avaient qui il passait de bons moments, mais elles savaient en général qu’elles n’étaient pas là pour l’amour disons-le comme ça.
« .. On se connaît déjà non? »
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Elle avait donc décidé de rechercher le premier, le plus facile. Bien qu’elle n’eût plus trop de souvenir de la soirée, elle s’était souvenue d’un détail. La présence de celui-ci tout les vendredis soir au Velvet Lounge. L’endroit même où ils c’étaient rencontrés quelques mois plus tôt, cinq mois et deux semaines pour etre exact.
Son ventre commençait à se voir sous ses vêtements et elle n’avait pas pris la peine de le cacher cette fois-ci. En entrant, elle le remarqua aussi tôt. Toujours à la même place, surement en attente d’une femme qu’il pourrait ramener dans son lit. Comment avait elle fait pour tomber aussi bas ? L’alcool pouvait vraiment rendre idiot. Encore heureux, qu’elle n’avait pas choper une de ses maladies sexuellement transmissibles, il n’aurait manqué que ça !
Elle s’installa à coté de lui et celui-ci tourna directement la tête vers elle. Elle devait être direct, ne pas tourner autour du pot. Cette scène, elle l’avait répété 50000 fois dans sa tête, mais c’était bien différent, maintenant qu'elle se trouvait face à ce type. Il paraissait si jeune. Ils n’avaient pourtant pas tant que ça d’écart, mais il avait tellement un regard enfantin que cela fut perturbant.
« Bonjour » commença-t-elle, introduisant les formules de politesse que celui-ci semblait déjà avoir oublier. Ça commençait bien… Était-ce vraiment une bonne idée ce qu’elle s’apprêtait à faire ? Teresa commençait déjà à douter, alors qu’elle n’avait pas encore prononcé une phrase complète.
« Oui effectivement, ont s'est rencontré il y a un peu plus de cinq mois. » continua-t-elle, sachant pertinemment qu’elle devait lâcher l’info vite, avant de perdre l’attention de cet homme qui semblait penser qu’à la prochaine personne qu’il mettrait dans son lit.
A voir comment tout le monde l’évitait ici, sa réputation était déjà bien ancrée dans les esprits. Super, il fallait vraiment qu’elle tombe sur un gigolo comme potentiel père…
« On a couché ensemble et je suis enceinte. Tu es peut etre le père. » lança-t-elle rapidement comme si elle voulait se débarrasser de ces mots dérangeants.
surprise, surprise
L'alcool ambré de son verre contrôlait complètement la concentration du jeune trentenaire. Tout dépendant de la façon dont il bougea la prison de verre de celui-ci entre deux gorgées il pouvait y voir l'océan qui attaquait la plage lors de sa marée, il pouvait aussi y voir une tornade attaquant les champs lors des orages. À d'autre fois, il pouvait même y voir sa stabilité émotionnelle en train de se noyer. Sa présence au bar ce soir-là était vraiment une mauvaise idée, pire qu'à l'habitude en tout cas. Il avait vidé son verre d'une gorgée avant de soupirer et allait pour se lever et partir quand il vit une femme s'asseoir à côté de lui. Il avait plaqué un sourire sur ses lèvres et s'était tourné vers la femme qui s'était posé sur le banc à côté de lui. Il l'avait reconnu presque aussitôt et c'était étonnant vu la quantité d'alcool qu'il y avait eu d'un côté et de l'autre lors de la fameuse soirée. Sa bouche avait réagi plus vite que lui et il s'était entendu lui demander directement. Ça ça ne faisait pas vraiment gentleman. Il grimaça pour lui-même une fraction de seconde. Elle ne sembla pas remarquer son manque de tact, ou en tout cas si elle l'avait remarqué elle n'avait rien dit, se contentant de confirmer qu'effectivement ils avaient passé la nuit ensemble il y a environ 6 mois de ça.
Il avait froncé doucement les sourcils, pourquoi être si précise dans sa confirmation? Ca y'est? Il était tombé sur une cinglé! C'était qu'une question de temps vraiment avec toutes les femmes qui s'étaient retrouvées dans son lit. Son regard avait perdu de son focus trop occupé par le stress qui lui attrapait les entrailles.
La femme s'était occupée de le ramener sur terre. Autant le pousser en bas d'un immeuble rendu là, ca aurait eu le même effet.
Père? Impossible!.. Impossible, non?
Son corps engourdi par l'alcool était incapable de réagir correctement. Il avait ouvert la bouche, l'avait fermé, et il avait recommencé ce manège à quelques reprises. ".. c'est impossible" avait-il croissé après un moment la voix basse. Parce que c'était le cas non? Il n'était pas SI con que ça.. enfin.. il croyait? Il savait qu'il se protégeait toujours, mais cette soirée était si floue dans son esprit... "c'est impossible?" questionna t-il dans un murmure, soudainement beaucoup moins sûr de lui. "Je.. tu.. vous?" Francesco n'était pas quelqu'un à l'aise dans les situations sociales - c'était là qu'Adrian brillait pas lui - et c'était douloureusement évident en ce moment. Il décida d'ignorer le vouvoiement, il avait quand même vu la femme nue, il pouvait bien passer au tutoiement. Il se racla la gorge. ".. tu as besoin de quelque chose? de l'aide pour aller au rendez-vous? de l'argent?.. je suis pas riche.. mais je peux toujours me débrouiller" Le brun était paniqué, évidemment, qui ne le serait pas suite à une annonce du genre? Mais il n'était pas un mauvais garçon.. juste vraiment perdu. Il avait pincé les lèvres réalisant qu'il l'avait empêché de parler. " désolé.. je.. désolé" De lui avoir couper la parole? de l'avoir mise enceinte? Il l'ignorait lui-même.
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« Je pensais pas cela possible non plus, pour moi nous avions pris des précautions, mais mes souvenirs sont bien trop vagues pour que j’en sois certaine. » Les deux seules fois où elle avait couché avec des personnes, qui correspondaient à la date de sa grossesse, étaient lui et un deuxième homme qu’elle avait également rencontré dans un bar. Elle pensait avoir fait tout son possible pour ne pas tomber enceinte ou ne pas choper de maladie sexuellement transmissible, mais sa grossesse lui prouvait que quelque chose avait mal tourné à un moment ou un autre. La question était : avec qui ?
Au moins, la prise de sang effectué lors de son contrôle, démontrait qu’elle avait échappé aux maladies. Un grand soulagement pour la future maman qui avait déjà honte d’elle. Il n’aurait manqué plus que ça…
« Non, je n’ai besoin de rien. » lâcha-t-elle, rendant sa confidence presque étrange. Les femmes n’avouaient-elle pas cela, en règle générale, pour obtenir quelque chose en retour ? Teresa n’avait pas besoin d’argent, ni de main d’œuvre, elle était bien entourée. Alors pourquoi ?
Dans son éducation plutôt stricte, on lui avait toujours inculqué qu’un enfant devait savoir qui était ses parents, que cela l’aidait pour sa construction. S’il y a bien une chose dont elle était certaine, c’est qu’elle n’élèverait pas son enfant dans le mensonge. Il méritait de savoir qui était réellement son père biologique, que celui-ci veuille le connaitre ou non. Seulement voilà, pour connaitre l’identité du père, il faudrait faire des test ADN, car pour le coup, elle-même ignorait totalement lequel des deux hommes, avec qui elle avait couché, étaient le père.
Si elle avait bien dit « peut-être » lors de l’annonce, celui-ci sous le choc n’avait pas l’air de l’avoir bien entendu. Teresa avait décidé de ne pas trop insisté là-dessus pour l’instant. Elle avouait aux deux et elle se débrouillerait ensuite les pousser à faire ce test, encore fallait il attendre la naissance du bébé.
« Je veux simplement que les personnes impliquées dans cette grossesse soit au courant. Je ne te demande pas d’être père ou quoi que ce soit. Je te mets juste au courant et je te donne mon contact, au cas où tu voudrais des nouvelles. Au fait, je m’appelle Teresa et toi ? » se présenta-t-elle sans etre sûr qu’il se rappelle de son nom, mais surtout pour que celui-ci lui rappelle le sien. Elle avait beau se creuser la mémoire, ça ne lui revenait plus. Combien, diable, avait-elle bu de verres ce soir-là ?
« Je sais que l’annonce est plutôt brutale, mais si tu es d’accord, je te donne mon numéro de téléphone »
surprise, surprise
Francesco était encore au ralenti, et ce n'était plus à cause de l'alcool. Malheureusement? Heureusement? Il ne savait plus trop, il ne savait plus tout court. Il n'avait pas pu retenir un ricanement nerveux lorsqu'elle s'était présentée. C'était très bien ainsi en réalité puisqu'il n'avait honnêtement aucun souvenir de son prénom. Il avait pincé les lèvres, tentant de reprendre le peu de contenance qui lui restait, avant de se présenter à son tour en lui tendant la main. "Francesco" Il resta silencieux un court moment "Je te l'ai probablement déjà dit ce soir-là.. mais bon j'étais aussi convaincu de nous avoir protégé correctement alors..." Il renifla son dédain de lui-même avant de repousser son verre d'alcool et de demander un verre d'eau au barman avant de se tourner totalement vers la blonde. "Écoute Teresa.. je vais être honnête, c'était loin - très très loin même - d'être dans mes projets.. ca" Il grimaça incapable de le dire à voix haute "mais j'aime me dire que mes parents ont élevés un bon garçon.. malgré toutes les conneries que je peux faire depuis quelques temps. Si c'est ce que tu veux, je serai là. Peu importe la façon dont tu le voudras" Il hocha la tête doucement à la mention de numéro de téléphone et il lui tendit son appareil afin qu'elle puisse s'ajouter dans ses contacts.
"J'crois pas qu'il y avait 20 façons de me l'annoncer.. c'est pas grave" Il reprit son appareil. "J'étais sérieux pour ce que je te disais.. si tu as besoin de quoi que ce soit.. tu as maintenant mon numéro de téléphone. Jour et nuit, tu m'appelles et je rapplique ok? j'ai p't'être pas été la meilleure version de moi-même et j'en suis désolé.. c'est une longue histoire, mais c'est pas de ta faute à toi et je suis désolé que tu te sois retrouvé là-dedans à cause de moi" Il avait grimacé à nouveau, il était honnête quoique totalement apeuré - y avait-il seulement un moment dans les derniers mois où cela n'avait pas été le cas.
"Je te raccompagne à ta voiture?" proposa-t-il à défaut de savoir quoi dire d'autre.
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« Je… A vrai dire je n’ai même pas encore réfléchi, la façon dont je veux que tu sois impliqué là-dedans. Je voulais surtout que tu sois au courant. » commença-t-elle. « Mais sache que je ne te demanderais pas d’argent » décida-t-elle de dire en premier pour le rassurer sur ce point-là. Elle ne le connaissait pas, mais à en croire ses fréquentations de lieu, sa tenue et son jeune âge, il était plutôt évident que Teresa gagnait bien mieux sa vie que cet homme. Un jugement purement hypothétique, mais au point où elle en était !
Teresa pris le téléphone de son interlocuteur et nota le numéro dans son téléphone. Qu’en fera-t-elle ? Elle ne pourrait le dire. La suite de la conversation laissa Teresa sans voix. Francesco commençait à s’excuser comme s’il était le seul responsable de cette situation. « Je t’arrête tout de suite. Tu n’as pas à t’excuser, nous étions deux cette nuit-là. J’étais autant consentante que toi dans l’histoire. » Au moins, elle n’était pas tombé sur un type qui prenait la poudre d’escampette à la seconde même ou il apprenait sa potentiel paternité. Peut etre au fond c’est ce qu’elle avait espéré ? Comment expliquerait-elle la présence de cet homme dans la famille ? Comment la suite allait elle se passer ? Devrait elle l’inviter aux fêtes de famille ? Puis, elle n’était même pas sur qu’il soit réellement le père au final ! Elle réfléchit un moment et le regarda avec de gros yeux lorsqu’il lui proposa de la ramener chez elle.
« Je veux que ça reste entre nous pour l’instant, d’accord ? C’est que je suis mariée et qu’il vaut mieux pour l’instant que personne ne sache ton existence. » bafouilla-t-elle pour refuser qu’il la ramène chez elle. Il manquerait plus qu’il tombe nez à nez avec Mike. « Oui désolé, c’est moi qui t’ai menti cette nuit-là, j’ai enlevé mon alliance » ajouta-t-elle en montrant sa main ou elle avait remis son alliance. Alliance qu’elle enlevait à la première occasion qui se présentait à elle. « Je voudrais te proposer qu’on se voie un autre jour, dans un endroit plus… privé que celui-là qu’on puisse parler plus posément. Ça nous laissera le temps à nous deux de réfléchir pour la suite. Qu’en dis-tu ? »
surprise, surprise
Francesco hocha la tête, écoutant simplement la blonde qui se tenait près de lui. Qu'est-ce qui lui restait d'autre à faire? Il comprit visiblement qu'à part vouloir lui faire part de l'information, elle ne semblait pas vraiment plus savoir où s'en aller que lui et dans un sens ça l'avait rassuré: il n'était pas le seul paumé dans cette histoire pour une fois. Elle ne lui demanderait pas d'argent et c'était la phrase la plus sûre qu'il avait entendu depuis le début de la conversation. Ça aussi ça l'avait rassuré, ne serait-ce que par égoïsme: il ne roulait pas sur l'or, il n'était pas certain de pouvoir réellement prendre en charge un enfant. Il reprit son téléphone et le glissa dans sa poche avant de prendre une gorgée de son verre d'eau, il sentit la dite gorgée faire le chemin complet jusqu'à son estomac noué.
Elle lui demanda ensuite de garder ça entre eux. Il avait haussé un sourcil avant d'écouter ses explications. C'est pas comme s'il avait prévu de le crier sur tous les toits non plus. Puis il avait haussé les épaules. " T'es majeure et vaccinée, le reste ca me regarde pas vraiment" dit-il doucement, sans aucun jugement. Elle lui proposa de se revoir à un autre moment, une fois la bombe gérée et il accepta sans hésitation "Appelle moi dès que ca te convient.. je me libèrerai" dit-il en terminant son verre d'eau et déposant le paiement sur le comptoir. Il se leva ensuite et quitta rapidement l'endroit. Il avait besoin de respirer, de respirer. N'importe quoi pour retirer ce poids de sur son torse.
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Désormais seule avec elle-même, elle regarda pendant de longue minute le numéro de l’homme affiché sur son téléphone. Qu’en fera-t-elle ? Le recontacterait-elle ? Ou le laissera-t-elle sans nouvelle ? N’avait-il pas besoin de digérer la nouvelle ? Teresa ne savait pas vraiment quoi en penser pour le moment. Elle se leva à son tour pour payer son verre avant de disparaitre également. L’avenir lui dira ce qu’il adviendra de cette annonce plutôt brut de décoffrage et inattendu pour le jeune homme…