All delighted people

out of the forest, i come with my flowers
Parfois, j'aime bien inventer la façon dont je suis né. Tout dépendant de mon interlocuteur, j'invente au fur et à mesure une histoire palpitante et rocambolesque afin de dénaturer la réalité...mais à vous, je vais vous raconter la vraie histoire. En vérité "apparemment", je serais né au fond d'une ruelle en plein deal de drogue entre ma mère et un caïd de la mafia Irlandaise. Même qu'apparemment, ça aurait été le mafieux irlandais qui m'aurait sorti de ma mère et aurait coupé le cordon ombilical avec un couteau fraîchement sorti de sa poche. Je vous le jure! Apparemment, ils auraient même rigolé ensemble, ma mère et lui tout en se partageant un joint pendant que ma mère me donnait la première tétée. Vous ne me croyez pas?! Non? Vraiment? Pourtant, je dis vrai de vrai!

Toute mon enfance fut bercée par des histoires de drogue, de party qui tournent mal... de party qui tournent bien mais finissent mal ...Dans ma famille, l'alcool a toujours coulée à flot, même dans mon petit biberon. Quand je faisais des siennes, hop! Un petit shot de whisky et je dormais comme le petit bambin parfait que tout le monde aurait voulu avoir. Des oncles louchent, j'en ai vu passé des tonnes! Même que dès l'âge de quatre ans, j'étais devenu leur barman préféré lors des soirées données par mes parents dignes de ce titre. Je me rappelle que je me trimbalais avec ma petite brouette rempli de bières et de cocaïne et  je demandais quelques sous en échange. Ouais, c'était pour m'éduquer sur la valeur de l'argent, vous voyez. Mes parents avaient planifiés que j'allais éventuellement marcher dans leurs nobles pas et perpétuer la tradition familiale d'être un bon dealer de drogue.

Un soir, alors que je devais avoir douze ans et que je dormais dans ma chambre, j’ai entendu un gros BOOM, provenir du premier étage. S’ensuivirent des cris venant de mes parents, des injures et des voix que je ne reconnaissais pas. Il ne fallut pas plus de deux minutes avant que quelqu’un monte à l’étage et se pointe à ma porte. Pris de peur, je me suis mis à lui lancer toutes mes peluches et mes coussins jusqu’à ce que quelqu’un me saisisse les bras et m’immobilisent en me disant que « Tout ira bien maintenant, mon petit …Ne t’en fait pas! » C’est à cet instant que je compris que je n’allais probablement plus jamais revoir mes parents. Ils s’étaient fait prendre par l’état.

Du jour au lendemain, je me suis donc retrouvé dans un orphelinat jusqu’à ce que mon oncle obtienne ma garde légale. De l’Irlande, je fis le voyage jusqu’à la grande pomme, New York. Oh, c’était complètement différent de mon pays natal! Ici, c’est moi qui avait un accent étrange! Pour ce qui est de mon oncle, il n’était pas vraiment présent alors je pouvais vaquer ici et là comme bon me semblait. Je me suis rapidement fait des amis et je suis aussi très vite tombé dans mes vieilles habitudes. Bah quoi? New York est quand même reconnue pour avoir des deals de drogue presque à chaque coin de rue, nah? Comme je n’avais que douze ans, je pouvais passer inaperçu, ce qui était génial! En plus, j’avais une belle bouille d’ange, à l’époque. J’étais tout mignon, tout beau! Okay, je le suis encore …mais j’avais deux têtes de moins quand même! Ce qui me rendait plus innocent!

Avec mes nouvelles fréquentations, je passais beaucoup de temps à tenter ce que je vendais. Faut quand même faire un test de qualité, non? Pour ce qui était de la qualité, ah que s’en était! Je ne vendais pas de la merde, quoi! Malheureusement, c’est ainsi que débuta ma vraie addiction aux substances illicites. J’aimais m’évader dans mon propre monde afin d’oublier mes soucis, ma souffrance, mes peines et mes misères…Si bien qu’un jour, alors que j’avais 27 ans, j’en oubliai même que je devais rembourser une dette. Une grosse dette de drogue… dans les 50 000$. Ouais…. À la place de la vendre, j’avais décidé sur un coup de tête de la garder pour moi, ce qui n’a pas plus à mon chef.

Je n’avais plus le choix! Il fallait que je prenne la fuite, maintenant! Je savais que j’allais devoir courir, me cacher. Qu’ils allaient me poursuivre jusqu’à m’attraper et potentiellement me tuer par le fait même. Ce fut à un poil de cul près que je réussi à les semer en passant devant une vieille dame à l’aéroport. Ouf! En me retournant derrière les gardes de sécurité, je leur fis mon plus beau sourire ainsi qu’un au revoir de princesse avec la main, telle la vraie queen que j’étais à cet instant. Sur le coup, j’avais pris un billet rapidement en demandant de m’envoyer n’importe où aux États-Unis. Jamais je n’aurais cru faire mon chemin jusqu’ici, à Bar Harbor. Meh, en fait peut-être que ça allait le faire! Personne n’aurait pu soupçonner que j’allais me retrouver ici un jour! Cela fait donc quatre ans que je roule ma bosse dans cette petite ville et, pour être franc … Je m’y plais bien!