All delighted people

out of the forest, i come with my flowers
Tu as eu une enfance assez tranquille et sage, dans un quartier tranquille de Portland, marquée de quelques fêlures malgré tout. Élevée par ta mère, une femme aimante et douce, tu n’as jamais connu ton géniteur qui a préféré mettre les voiles peu de temps après ta naissance. Lorsque tu avais sept ans, Erika s’est remarié avec Simon, ton père adoptif, et l’homme le plus merveilleux que la terre ait jamais porté. Une grande complicité s’est rapidement installé entre vous. Simon était fou de ta mère et il te traitait comme sa propre fille. Aujourd’hui, tu l’appel papa, et tu es plus proche de lui que de ta propre mère. Il est ton meilleur ami, ton confident, il est toujours là quand tu en as besoin, tu n’aurai pu rêver meilleur père. Parfois tu ressens ce vide au fond de ton cœur, de celui dont tu portes les gènes, mais un regard sur Simon suffit à effacer ce sentiment.

Après un parcours scolaire exemplaire, tu rencontre Luc au milieu de ta terminale, c’est le coup de foudre. Tes parents l’adore, ses parents t’adorent, vous êtes tout les deux promis à un brillant avenir, toi en tant que femme d’affaire, lui en tant qu’avocat. Cependant une ombre plane tout de même sur ce bonheur incandescent. Luc a de mauvaises fréquentations, il trempe dans des affaires louches même si tu ne sais pas de quoi il en retourne exactement. Il ne te mets pas dans la confidence pour te protéger dit-il… Les choses s’accélèrent quand vous entrez à l’université. Il te demande en mariage alors que vous n’avez que 19 ans, et tu acceptes évidement. Cependant… il est de plus en plus étrange, traîne avec des mecs de plus en plus louches, de plus en plus tard le soir. Vous ne cessez plus de vous disputer à ce sujet… Jusqu’à ce jour de décembre… Luc a été abattu par un gang… Et c’est tout ton univers qui s’écroule alors. Tu retournes chez tes parents le temps de te remettre un peu de cette tragédie, même si elle sera a jamais gravé en toi. De dangereuses idées sèment alors le trouble dans ton esprit. Après le chagrin, vient la colère…

La vengeance est incompatible avec la liberté.

Cette phrase, issue de La mort au verger, ton roman préféré, trotte dans ton esprit durant des semaines. Ta soif de vengeance est immense, viscérale. Ezekiel. Son visage t’empêche de dormir la nuit. Il hante tes pensées, fait bouillir le sang dans tes veines. Est-ce que tu es prête à renoncer à ta liberté pour ça? Pour lui? Tu ne peux recourir au conseil précieux d’un ami, d’une famille. Si tu le fais, si tu vas jusqu’au bout de ton idée, tu devras le faire seule, sans piper mot à âme qui vive. Tes proches essayerons de t’en dissuader, de te ramener à la raison. Tu n’es pas prête pour ça. Tu n’es pas prête à oublier, à pardonner. Tu as soif de sang, de son sang.
Tu as acheté une arme, tu as appris à t’en servir, et puis tu l’as traqué, comme une bête. Il était là, à porté de main, à porté de tir. Une balle dans la nuque, c’est ainsi que ça devait se passer. Ça aurait pu aisément passer pour un règlement de comptes quelconque, ça arrivait tout les jours dans ce monde, dans son monde. Mais tu as été incapable de tirer. Tu ne pouvais te résoudre à appuyer sur la gâchette et voir un corps s’étendre devant toi, à cause de toi. Tu n’as pas eu la force de prendre une vie, sa vie. Tu as baissé ton arme et tu es repartie d’où tu venais sans un mot. Tu as pleuré toute la nuit. Puis tu as eu une idée. Une idée qui te ressemble bien plus.

Si tu es incapable de le tuer, de lui tirer une balle dans le dos, tu vas le détruire de l’intérieur. Tu vas ruiner sa vie, son existence toute entière. Ton plan? T’immiscer dans sa vie à son insu. Le but?
Petit un : Monter un dossier assez solide pour le faire plonger pour de bon. Si il n’a pas payé pour le meurtre de Luc, il payera pour autre chose, il payera pour tout le reste. Tu dois être assez proche de lui pour réunir un maximum de preuves contre lui. Tu n’arrêtera que lorsque tu seras certaine d’avoir entre les mains et quoi lui faire passer le rester de sa vie derrière les barreaux.
Petit deux : Faire en sorte qu’il tombe sous ton charme. Tu vas devenir la lumière au milieu de ses ténèbres pour mieux l’aveugler, sa bouffée d’air frais dans son chaos pour mieux l’étouffer. Tu vas le rendre accro à toi et lui briser le cœur, le rendre heureux puis bousiller sa vie. Si tu ne peux voler son âme tu vas t’emparer de son esprit, de son cœur, pour les briser en milliers de morceaux, les écraser sous tes pieds jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Tu vas lui déchirer les entrailles, le mettre à terre, l’enterrer et danser sur sa tombe… au sens figuré… évidement.

Phase 1 : Préparation.
Tu passes quatre mois à l’observer dans l’ombre. Tu le suis, l’étudie, l’analyse sous toutes les coutures. Il est dangereux, mais tu vas l’être encore plus. Au sein de son gang il est brutal, violent, impulsif. Personne n’ose se mesurer à lui ou lui tenir tête. Mais quand il est seul, tu découvre une étrange douceur dans sa façon d’être. C’est probablement pour ne pas éveiller les soupçons quant à ses activités. Tu le connais par cœur à présent. Tu sais ce qu’il fait, ou il va, ce qu’il aime et ce qu’il déteste, ce qui le fait sourire et ce qui le met en rogne. Tu apprend par cœur sa façon d’être, de se mouvoir, de penser et d’agir. Tu t’es même introduite dans son appartement alors qu’il avait quitté la ville quelques jours pour ses affaires. Tu avais appris qu’il avait une petite fille de 9 ans qu’il ne voyait pas, la mère était un coup d’un soir qui avait mit les voiles après avoir accouché et la petite vivait avec ses grands parents. Tu savais que cette information pourrait te servir un jour ou l’autre pour faire pression contre lui.

Phase 2 : Séduction.
Tu avais remarqué, au vu des femmes qu’il ramenait chez lui certains soirs, qu’il avait une préférence pour les brunes. Déjà un bon point pour toi. Mais ce soir, tu avais mit toutes les chances de ton côté, faisant en sorte d’être la fille la plus sublime du bar dans lequel il passait généralement ses soirées. Tu avais mit tout tes atouts de ton côté, restant tout de même volontairement plus élégante que l’assistance de l’établissement. Tu voulais qu’il soit intrigué, émerveillé, subjugué. Tout était mit en place, ta tenue, ton attitude, ton regard, ta démarche, tout était étudié, calculé, millimétré pour le faire succomber.
Et… bingo!
De près, il était plus grand et plus imposant que tu ne l’imaginais. Étrangement, cela contrastait avec son regard doux et mélancolique. Et quand il sourit, il a l’air d’un petit garçon sans défense. Il t’offre un verre que tu acceptes, il te fais des avances que tu repousses. Il est déstabilisé il n’a pas l’habitude qu’une femme lui résiste, encore moins qu’elle lui tienne tête. Vous passez la soirée à discuter. Il est plus intelligent que tu ne l’avais imaginé, mais pas assez pour voir clair dans ton jeu. Comment le pourrait-il? Toute la nuit il te dévore des yeux, il rit à tes plaisanteries, t’écoute attentivement quand tu parles. Normal, tu savais exactement quoi dire, quoi faire, ou frapper. C’est le début de sa fin. Tu lui fais tourner la tête avant de le planter là, le laissant sur sa faim. Tu ne seras pas une proie facile. La séduction était un art à part entière. Ton but n’était pas de satisfaire son désir immédiat mais de l’attisez jusqu’à qu’il atteigne son cœur et son esprit.

Tu provoques d’autres rencontres fortuites, vous échangez nos numéros, vous apprenez à vous connaître. Tu restes inaccessible, laissant une part de mystère dans vos échanges et tu sais que ça le rend fou. Tu mentais sur ton âge, prétendant avoir 26 ans, tu craignais qu’il ne s’intéresse pas à une gamine de 19 ans. Tu prétendais être orpheline depuis plusieurs années, tu étais seule au monde, comme lui, et ça vous rapprochait. Du moins c’est ce qu’il croyait. Il te parle de sa fille, avouant que tu es là première personne à qui il révèle son existence. C’est ce jour là que vous échangez votre premier baiser. Les jours passent, les semaines, les mois… Ton plan se met doucement en place. Tu rassembles de nombreuses preuves contre lui, mais c’est encore loin d’être suffisant. Il n’est pas encore amoureux de toi mais il s’attache, tu le sens, et tu comprends aussi rapidement qu’il n’a pas l’habitude des relations exclusives et durables. Alors tu lui apprends.
Tu égayes sa vie, tu lui fais découvrir que la vie peut être belle, douce, radieuse. Tu le soutiens quand il va mal, tu prends soin de lui quand il est blessé. Il n’aime pas tuer. Il est doué pour ça, mais ça le ronge chaque jour un peu plus. D’une main tu le réconfortes et de l’autre tu réunis des éléments à charge contre lui.

Un an s’écoule avant qu’il ne t’avoue ses sentiments. Il t’aime. Il est amoureux de toi. Fou amoureux. Vous partagez des choses intenses, fortes. Il s’ouvre complètement à toi, pour la première fois de sa vie. Il fait confiance, pour la première fois de sa vie.. Pourquoi tu ne jubiles pas? Merde.

Heart attacks, every night
Oh, you know it's not right

Le palpitant répète cette inlassable valse endiablée, douloureuse, assourdissante, à chaque fois qu’il pose son regard pur sur toi. Le monstre dans le placard se transforme sous tes yeux, sous ton cœur. Merde. Tu avais découvert un homme bien plus sensible, intelligent et doux que tu n’avais imaginé. Il avait une grande part d’ombre également mais c’est ce qui faisait la beauté de son âme. C’était absolument contradictoire mais ce bras armé de la mafia avait un cœur pur. Bien qu’il fasse des choses horribles… C’est comme si… comme si il y’avait deux hommes en lui. Tu avais de plus de plus de mal à faire distinction entre la réalité et ce que tu vivais avec lui. Tu t’inquiétais pour lui à chaque fois qu’il quittait votre appartement, et tu nettoyais le sang sur des mains quand il rentrait le soir. Tu étais son moyen de décompresser de l’horreur de sa vie. Tu es obligé d’ouvrir les yeux sur ce qui se passe vraiment. Tu l’aime. Tu es tombée amoureuse de lui. Tu es amoureuse de l’homme qui a tué ton fiancé. Tu l’aimes plus que tu n’as jamais aimé Luc, plus que tu n’as jamais aimé personne. C’est lui l’amour de ta vie. Tu l’aimes à en crever. Tu culpabilisais désormais à chaque fois qu’il posait ce regard émerveillé, plein de gratitude sur toi. Tu culpabilisais, les rares fois ou te disait je t’aime, il n’avait jamais été très loquace quant à ses sentiments, pas du genre à les exprimer avec des mots. Mais tu ressentais tout son amour quand il t’emprisonnait fermement dans ses bras toute la nuit, quand il rentrait pour se jeter dans les tiens et enfouir son visage dans ton cou pendant des heures sans prononcer un mot. Tu savais ce c’était les jours où il avait dû faire du mal à quelqu’un, et là encore tu culpabilisais, en pensant à Luc, tout en t’apercevant que c’était l’homme effondré dans tes bras que ton cœur avait décidé d’aimer.

J't'aime autant que tu m'dégoûtes
Et tu m'dégoûtes à la mort pourtant on s'était dit
"On s'aime pour la vie, on s'quitte à la morgue"

Un soir, alors que tu rentres à la maison, tu découvres le dossier étale un peu partout dans votre chambre. Les photos, les témoignages, les documents, tout git au sol ou sur le lit. Tu te demandes ce qu’il se passe quand la porte se referme dans ton dos. Il est là, le visage fermé, rouge de colère.  C’est quoi ça putain? Tu trembles, je regardes les photos au sol avant de plonger dans son regard. Bébé… c’est pas ce que tu crois.

C’EST QUOI?

Je euh… je vais t’expliquer d’accord. Tu t’approche de lui et prend ton visage dans tes mains. Il te repousses violemment.

ME TOUCHES PAS S*LOPE! T’es flic c’est ça?

Zeke.. mon amour… s’il te plais laisses moi t’expliquer. Tu lui expliques toute l’histoire assez rapidement…. mais je t’aime. Je te jure que je t’aime Ezekiel. Je me suis laissé prendre à mon propre piège et c’est vrai qu’au début on s’est rencontré pour de mauvaises raisons et j’avais de mauvaises attentions mais c’était avant. T’es l’amour de ma vie, jamais je ne te ferai de mal. Tu le sais ça hein?

Il sort son arme de sa ceinture et la pointe sur toi. Je préfère mourir de ta main plutôt que de vivre sans toi.Il t’ordonne de la fermer. Il pleure, tu pleures aussi. Il s’approche de toi et pose le canon du revolver sur ton front. Tu peux y aller. Je te donnes le droit de le faire. Je t’aime assez pour te laisser faire ça si ça peut te soulager. Vas-y mon amour… Il te hurle de la fermer. Il tremble. Il détourne le regard, et tu ferme les yeux, t’attendant à ce que le coup parte, mais rien ne viens. Il pousse un cri de douleur et balance son flingue à travers la pièce avant de t’embrasser avec passion, douleur, colère. Vous faites l’amour de façon désespérée, brutale, tout les deux en larmes. Tu lui répète que tu l’aimes. Lui ne dis rien.  Quand c’est fini, vous vous serrer fort. Puis il se lève et t’annonce qu’il quitte la ville et qu’il ne reviendra jamais. Tu pleures, tu hurles, tu le supplies corps et âme mais il s’en va. Et te préviens que si tu essayes de le retrouver, cette fois il te tuera sans la moindre hésitation.

Évidement tu ne l’écoutes pas. Tu le cherches pendant des semaines, des mois, mais rien, tu n’as aucune piste, pas même un indice, il s’est volatilisé. Alors… après mûre réflexion, tu décides de faire la seule chose en ton pouvoir pour le revoir. Tu vas voir la police, choisissant soigneusement ce que tu décide de leur monter. Ils le retrouve, il y a un procès, tu y assistes tout les jours, tentant de le soutenir. Tu lui payes le meilleur avocat de la ville, mais il n’a jamais un regard, une parole pour toi. C’est comme si tu n’existait pas. Il écope de cinq ans de prison. Ce n’est pas ce que tu voulais, tu voulais juste qu’il soit auprès de toi, tu voulais juste le revoir. Tu pensais qu’il prendrais un an, pas cinq… tu es effondré. Tu vas le voir tout les jours en prison pendant un an, puis une fois par semaine jusqu’à la fin de sa peine. Et pas une fois il n’a accepter de te voir. Dans quelques semaines, il sera libéré, et tu seras là pour l’attendre.