there is something about us
Milo venait tout juste de poser son arrière-train sur son sofa en soupirant. Il était rentré chez lui après un quart de travail à l'hôpital qui s'était éternisé sur plusieurs heures supplémentaires. Ses vêtements de travail imprégnés de sueur, de sang et de désespoir, il avait pendant plusieurs minutes remis en questions sa reprise de la médecine avant de secouer la tête et de s'ouvrir une bière pour tenter de relaxer. L'équilibre précaire entre les joies et les peines, c'est ce qui rendait la médecine d'urgence si intéressante, et c'est ce qui l'avait amené à la choisir comme spécialité. Il survivrait. Il avait encore toute la vie devant lui. Toutefois là à cette instant.. il avait besoin de moment pour lui pour ventiler, relativiser et tous les autres mots de psy du genre.
Dire que dans les dernières semaines, il avait eu l'impression de reprendre le contrôle de sa vie. Sa vie émotionnelle en tout cas, parce que la professionnelle était au beau fixe depuis son arrivée à Bar Harbor. Certes, Adil avait quitté la ville pour le boulot avant qu'il puisse s'expliquer sur ce fameux baiser.. et Milo n'avait pas eu le courage de le recontacter depuis. L'amitié d'une vie s'était donc achevé sur un baiser alcoolisé, des émotions trop floues pour être nommées et un silence radio des plus lourds.
C'est à cette période que les vindredi avait débuté avec Cléo. Une façon comme un autre pour les deux de se détendre après une longue semaine de boulot. Malgré la différence d'âge et le temps qui séparait leurs dernières discussions à leur retrouvaille, ils se comprenaient tout simplement.
C'est pour ca que le châtain n'avait pas répondu au sms qu'elle lui avait envoyé plus tôt. En ce moment, il n'avait pas envie d'être compris, il avait envie de se morfondre.
Pourquoi par contre, ne fut-il pas surpris après avoir terminé sa bière d'entendre toquer à la porte de son loft et d'ouvrir la porte sur.. Cléo, qui sentait la fumée à plein nez.
".. entre"
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Cette garde a été horrible. On a été nombreux à être appelés dans une ville voisine pour un immense incendie. Même moi j’ai du être en tenue, et honnêtement, ça m’a mit du baume au cœur d’enfiler ma tenue malgré les circonstances. Je me retrouve un peu plus dans tout ça. Je redeviens moi. Et si j’étais enthousiaste en arrivant, je suis repartie de cette endroit attristée et épuisée. Un immeuble en flammes, des morts, c’était horrible.
Quand on est arrivés à la caserne, notre garde a prit fin et honnêtement, je n’ai même pas eu envie de prendre le temps de me doucher. J’ai récupéré mes affaires, je les ai fourré dans mon sac et je suis partie en taxi. Durant le trajet, j’ai finalement demandé au chauffeur de changer la destination. Je n’ai pas envie d’être seule, et quand je passais des mauvaises journées, je finissais généralement chez Milo. Puis on a instauré les vindredi. J’adore ces petits moments avec lui. Alors me voilà devant chez lui, encore sale et sentant la fumée. Évidemment je lui ai envoyé un texto, mais il n’a pas répondu. Ce qui a renforcé mon envie de le rejoindre.
Je toque à la porte, et je patiente avec mon sac sur l’épaule. Je suis un peu courbaturée à vrai dire. C’est pas chose aisée que de reprendre sur le terrain après des mois et des mois d’arrêt total. Même si la rééducation est toujours de mise, j’ai pu reprendre le sport pour me mettre en forme et autant dire que je me fais bien plaisir.
« Salut toi. » Je souris légèrement avant d’entrer dans sa demeure. Je dépose mon sac au sol, pour retirer ma veste et mes chaussures. Je m’approche de lui, jusqu’à remarquer le sang que le côté de son cou, proche de son oreille. « Eh ! Ça va ? Pourquoi t’es couvert de sang ? » Je remarque également son tee shirt et je l’entraîne jusqu’à sa salle de bain. Si je peux au moins l’aider à nettoyer sa peau. « Tu as l’air épuisé.. » Je prends la serviette pour les mains pour l’humidifier et je viens doucement nettoyer son visage et surtout son cou et ses oreilles avec délicatesse.
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Ça l'étonnait de la voir se tenir devant sa porte ? Oui, non ? Non ? Pas du tout.
C'était Cléo et Cléo était… têtue, pour ne pas utiliser d'autres termes.
Il s'était décalé pour la laisser entrer et saluer, et en la voyant approcher de lui, croyant à un câlin, il avait ouvert les bras. Elle l'avait plutôt attrapé par une oreille pour l'attirer vers la salle de bain. " Nah mais oh! Mes oreilles sont bien comme ça, tu vas m'en étirer une ! Mais de quoi tu parles ?" Il arrêta sa phrase en se voyant dans le miroir. Ouais, bon, il avait déjà fait mieux que ça niveau nettoyage, hein, mais il n'avait qu'une idée en tête à la fin de son quart de travail : c'était de partir de là au plus vite. Il n'avait peut-être donc pas. Il aurait pu, du plutôt, se détacher lorsqu'elle s'était approchée avec la serviette. Il n'était pas un enfant quand même. Mais dans le contexte, qu'on s'occupe de lui avec délicatesse, ça lui faisait du bien tout simplement - parce qu'il n'était pas très délicat envers lui-même en règle générale. Il avait donc fermé les yeux en la laissant faire un instant. "Je te ferais remarquer que t'es pas vraiment mieux. Tu sens tellement la fumée que t'es en train d'empester la pièce." marmonna-t-il les yeux fermés.
Ce n'est que lorsqu'il ne sentit plus la serviette sur sa peau qu'il ouvrit les yeux, s'étonnant de la proximité de Cléo. Il l'observa un moment sans un mot avant de se pencher et attraper ses lèvres entre les siennes. Bon, c'était pas la meilleure de ses décisions, mais il était plus à une mauvaise décision près. De plus, il fallait retourner - comme plus tôt - dans la notion d'étonnement : est-ce que ça l'étonnait ? Non pas vraiment. C'était Milo et Milo était.. doué pour s'oublier dans le sexe. Encore mieux si c'était avec des gens qu'il appréciait réellement. Et puis ce n'était pas comme si c'était la première fois et qu'il ne savait pas que ça l'arrangeait elle aussi. Son regard à son arrivée l'avait trahi, elle aussi, elle avait mal à l'âme. Plus de sexe, moins de discussion.
"Tu viens sous la douche?" proposa-t-il lorsqu'il détacha finalement ses lèvres des siennes.
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Je suis devant lui lorsqu'il ouvre la porte et je souris légèrement. Ce n'est pas parce qu'il ne me répond à mes sms que je ne vais pas débarquer. Généralement son silence est éloquent. Enfin du moins parce que je le connais. Depuis le temps, il ne peut plus trop me berner. Quand je remarque le sang sur lui, je comprends tout de suite qu'il a passé une journée difficile. Et je suis d'autant plus grincheuse qu'il ne me l'ait pas dit. Il ouvre ses bras quand je m'approche, mais je le traine par l'oreille en faisant quand même attention jusqu'à sa salle de bain où je le colle devant le miroir. " Non mais ton oreille va bien. Tu m'expliques le sang ?" Il arrête de parler lorsqu'il remarque alors le sang sur son visage. Je n'aime pas ce que je vois, car l'idée qu'il ait pu être blessé ou autre, me fait frissonner. J'inspire profondément pour calmer mon angoisse naissante. Je sais que ce n'est pas le sien, car je ne vois pas de blessures. Mais quand même, j'ai parfois du mal à être rationnelle. J'attrape la petite serviette non loin que je mouille ensuite pour venir doucement frotter les tâches de sang. Même si ses mots me donnent envie de frotter sa peau plus férocement, je m'en retiens. Je souris légèrement avant de murmurer, mon humour pourri prenant le dessus. "Mes collègues ont éteint mes flammes..." Je lâche un rire nasal, alors que je m'occupe de son visage. Malgré l'âge qui nous sépare, j'ai un peu l'impression de jouer la maman, et je me demande si je n'ai pas dépassé les bornes. Je lève mon regard vers son visage. Ses yeux sont clos, mais il est détendu et ça me rassure. Je ne peux m'empêcher de l'observer, de détailler les traits de son visage. Je finis par arrêter une fois le sang enlevé.
Je souris un peu lorsqu'il ouvre les yeux et qu'il m'observe lui aussi. Son visage franchit rapidement la proximité et il m'embrasse. Je réponds à ce baiser en glissant mes doigts jusqu'à sa nuque. Ce n'est pas la première fois que cela nous arrive, et c'est même assez régulier. Malgré que ce soit le cousin de cette que je considère comme ma mère, nous n'avons aucun lien de parenté et bordel, que j'aime sa présence. Il répond chaque fois présent quand nos journées ont été un désastre, et ça finit souvent sur l'oreiller. On décharge toujours ainsi, et jusque là, cela ne m'a jamais posé de problèmes et à lui non plus. Il a été le premier après mon accident, à qui j'ai laissé toucher mon corps de cette façon, et je n'en ai jamais éprouvé de gêne. Comme si c'était quelque chose de normal, alors que d'autres, je les ai carrément fui.
"Tu viens sous la douche?" Voilà qu'il me questionne, quand nos lèvres se détachent, à mon grand regret. Mais cela me permet de reprendre mon souffle. Je mordille ma lèvre alors qu'en guide de réponse, je me mets en sous vêtements à une vitesse qui me surprend moi-même. Je vire son tee shirt tâché de sang pour ne plus le voir, et je l'envoie au sol rejoindre ma tenue de pompier qui pue la fumée, il a raison. Je l'ai senti en retirant mon tee shirt.
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Il aurait pu s'expliquer, pourquoi il se retrouvait ainsi après une garde à l'hôpital, mais l'activité actuelle était bien plus intéressante que n'importe quoi d'autre. Il la laisse le pousser sous le pommeau éteint de la douche. Parce qu'il aime bien qu'elle prenne le contrôle ainsi et qu'elle le malmène un peu. Parce que, surtout, ainsi il lui est possible d'observer son corps sous toutes ses coutures. Oh, il le connait. Par cœur même, s'il était si effronté pour s'en venter. Les yeux fermés, il était en mesure de reconnaitre chaque parcelle de sa peau sous ses doigts calusés. Mais jamais il ne se lassait de comment son corps nu était en mesure de le rendre fou.
Son corps contre le sien et ses lèvres dans la nuque de la brune, Milo avait reculé d'un pas supplémentaire afin d'allumer la douche. Rapidement, l'humidité avait rempli la pièce et les gouttelettes glissaient doucement sur leur peau.
Ça n'avait pas pris beaucoup de temps pour qu'il la coince contre le mur et que ses lèvres décident d'explorer autre chose que sa nuque. Il s'occuperait de lui faire voir les étoiles, parce que c'était ce qu'elle méritait. Les amants avaient exploré tous les recoins de la douche avant d'être dirigés par Milo jusqu'au lit où ils reprirent leur activité. Milo du futur sera celui qui se souciera de changer les draps totalement ruinés par l'eau et autres fluides en tout genre. Milo du présent était bien trop occupé à profiter du moment.
Il détacha finalement ses lèvres une dernière fois des siennes, se penchant pour embrasser juste au dessus de son nombril et remonter pour un chaste baiser. Il se laissa ensuite tomber à ses côtés. "Je me lasse pas de ça.. t'es en train de me rendre accro" murmura-t-il. C'était trop sérieux pour le moment actuel, mais si on le jugeait trop fort, il dirait tout simplement que la bonne baise lui était montée à la tête.
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Aucun de nous n’est raisonnable, en réalité face à Milo, je n’ai jamais vraiment les idées claires. On aurait pu parler de nos galères respectives, comme on le faisait au début, mais nos conversations ont rapidement été déroutées par le sexe. Ce n’est pas pour me déplaire loin de là. Et cette fois-ci ne fait pas l’exception. Je le pousse dans la douche sans quitter ses lèvres des miennes.
J’aime lorsqu’il me touche, qu’il embrasse ma peau, qu’il me serre dans ses bras. Je n’ai pas ressenti ça depuis.. mon ex. Cette sensation de compter me terrifie autant qu’elle me plait.
Ça n’a pas pris beaucoup de temps pour que l’on finisse par craquer. Explorer la douche, explorer son lit, jusqu’à épuisement. Ses baisers sur ma peau, ils me font frissonner. Je glisse mes doigts dans ses cheveux lorsqu’il remonte lentement et je le regarde avec un sourire. Une mine satisfaire, et plus détendue rayonne sur son visage comme sur le mien. Je ris légèrement à ses paroles avant de glisser mes doigts sur sa joue. « Est-ce mal ? De te rendre accro.. »
Je me tourne légèrement pour venir dans ses bras et je glisse mes doigts sur son torse en caressant doucement ce dernier. Je pose ma tête contre ses pectoraux avant de murmurer. « Parce que je crois que je suis accro moi aussi.. » Bien plus que je ne le pense. Chaque fois qu’il se passe quelque chose dans ma vie, c’est à lui que j’ai envie d’en parler. Je me sens bien dans ses bras, je m’y sens en sécurité. Je ne pensais pas ressentir ça de nouveau. Et c’est peut être ce qui me perturbe autant ces derniers temps. Ce que je peux ressentir pour lui. Mais j’ai peur qu’en m’ouvrant à lui de manière aussi sérieuse, cela gâche tout entre nous, car j’aime aussi notre amitié.
Je me pose contre son corps et je ferme les yeux. Son odeur vient chatouiller mes narines, et même si ce n’est pas une odeur que les gens qualifieraient de merveilleuse, elle l’est pour moi. Je continue mes caresses distraitement sur son torse. Je remonte doucement jusqu’à son visage et je caresse doucement sa barbe naissante. « Pour quelqu’un qui ne voulait pas me voir et qui ne répondait pas à mes messages…. »