All delighted people

[ why overthink when you can drink ]
w. @felix adkins

tw: consommation d’alcool

Elle s’est réveillée dans un état où le brouillard règne dans sa tête. Ce léger mal de tête qui lui donne cette impression que sa tête va exploser d’ici quelques secondes et c’est avec les paupières fermées que Salomea s’était déplacée jusqu’à la salle de bain, cognant quelques meubles ici et là, laissant ses mains la guider jusqu’à cette pièce où la Adkins n’avait pas pris trop de temps avant de s’asperger le visage d’eau froide, assez de fois pour la réveiller, pour faire dissiper le brouillard dans sa tête. Encore une nuit à abuser la consommation d’alcool, encore une nuit où elle n’avait pas su s’arrêter à sa limite. Ça devenait un rituel sacré chez Salomea, son seul moyen de ne pas réfléchir à cette vie qu’elle avait maintenant. Un mariage qui n’existait plus, ou presque, une séparation douloureuse. Elle essayait de faire taire les maux de son cœur, Salomea, elle essayait de ne pas réfléchir trop à ce manque en elle. Cette solitude. Promis, ce soir, je ne bois pas. Je ne touche pas une seule goutte d’alcool, la même promesse que tous les autres matins.

C’est la raison de son retour dans la ville de son enfance, là où elle avait passé une bonne majorité de ses années. Là où elle a retrouvé son grand-frère, Felix et ses parents et la petite maison où elle a grandi. La ville où elle n’a pas fait les 400 coups, Salomea parce qu’elle a toujours été de ce côté sage. Ce côté qui se tient en place, qui préfère passer son temps dans les bouquins, à obtenir les meilleures notes possibles pour avoir une chance lui permettant de s’enfuir d’ici, ailleurs, assez loin. Ce qu’elle a fait pour finalement revenir ici, la tête basse. Louant un appartement dans le centre-ville, assez grand pour elle, pas trop petit pour se sentir étouffée. Pas comme la maison à Boston, pas comme Boston tout simplement car là-bas, tout lui rappelle ces quelques mois où elle a été heureuse puis malheureuse. Boston a éteint ce feu en Salomea et c’est également l’une des raisons qu’elle est de retour à Bar Harbor, en quête de ce feu, de quoi la ranimer pleinement. Son regard se pose sur le téléphone portable le moment où ce dernier s’allume, prend le temps de lire le courriel qu’elle vient de recevoir et ça lui permet de prendre une rare pause de cette journée où elle a été face à son écran d’ordinateur ou le nez plongé sur des manuscrits. Elle est sur le point d’y retourner avant d’entendre un son provenir de la porte de son appartement et Salomea est incapable d’empêcher le soupir de frustration s’enfuir de sa bouche alors que ses pas se dirigent jusqu’à cette porte. Bien que l’idée de prétendre qu’elle n’est pas à la maison est très tentante, Salomea ne le fait pas, au cas où cette visite soit importante. « Oh Felix, t’as une sale gueule. » Lâche Salomea le moment où elle retrouve son frère sur le pallier d’entrée avant de se pousser du chemin pour le laisser entrer. « Qu’est-ce que tu as dans les mains ? Mon cadeau de pendaison de crémaillère ? » Et la porte se referme derrière lui. Puis la promesse se brise tandis qu’elle va chercher deux verres, l’un d’entre eux qu’elle tend à Felix, patiente le temps que ça lui prend avant de verser l’alcool dans ce verre. « Bon, qu’est-ce qui se passe ? » Dit-elle en brisant le silence.

why overthink when you can drink.
@salomea adkins
tw : décès, alcool.

Nell était enceinte. Il avait encore du mal à digérer la nouvelle. Il ne voulait pas d’enfants, Felix. Sa femme était morte alors qu’elle était enceinte. Ils n’avaient pas pu la sauver ou sauver le bébé. Un événement qui restait marqué dans sa mémoire. Il était traumatisé par cette tragédie. Il n’en parlait pas beaucoup, si ce n’est pas du tout. Ça avait clairement marqué sa vie et influencé ses choix. Il s’était juré que jamais il n’aurait d’enfant et qu’il ne retenterait pas le mariage. C’était sans doute idiot, étant donné qu’il n’avait aucun mal à s’engager dans une relation, mais le mariage c’était hors de question. Les enfants, c’était la même chose. Il y avait trouvé un avantage certain. Il pouvait profiter de sa vie, sans aucune contrainte. Partait en vacances quand ça lui faisait plaisir et n’avait pas besoin de troquer sa voiture de luxe pour une voiture familiale. Il était très bien comme ça, Felix. Malheureusement pour lui, de ce côté là, ça avait déjà changé. Son meilleur ami était mort et en tant que parrain, il avait récupéré la garde des enfants. Pas qu’il en ait eu particulièrement envie. Son quotidien en était chamboulé et il se sentait clairement dépassé par la situation le brun, alors qu’ils étaient quand même assez grands.

Mais un bébé c’était hors de question. Il ne voulait pas gérer un bébé. Il ne voulait même pas avoir à gérer une grossesse - pas que ce soit lui qui ait le plus de boulot dans l’affaire. Mais ça lui rappelait terriblement Julia et au-delà du fait qu’il ne veuille pas d’enfant, les souvenirs qui revenaient avaient tendance à le paralyser complètement. C’était lâche, mais il ne pouvait pas assumer sa responsabilité dans cette histoire. Il pouvait aider Nell financièrement, ouvrir un compte à ce bébé et lui assurer qu’elle aurait toujours de quoi s’en occuper, mais le reste, c’était trop pour lui. Et qu’est-ce qu’elle y pouvait, Nell ? Lui coller un procès au cul ? Elle n’aurait rien à gagner de toute façon. On ne pouvait pas le forcer à reconnaître cet enfant. On pouvait juste le forcer à payer une pension alimentaire et pour le coup, il voulait bien le faire. Alors un procès serait inutile. Il était persuadé que rien ne pourrait le faire changer d’avis. Les souvenirs qui remontaient étaient trop douloureux, il ne les supportait pas, Felix. Il en dormait mal la nuit, avait même ressorti du fin fond de ses placards ce vieux carton, plein de vieilles affaires. Alliance oubliée, échographies, quelques trucs qu’ils avaient achetés pour le bébé. Il se disait qu’il devait sans doute se débarrasser de tout ça, ça lui faisait plus de mal que de bien. Presque motivé, il avait mis ce fichu carton dans son coffre. Il ne savait même pas où le déposer dans le fond. Alors il s’était juste arrêté dans un magasin d’alcool, histoire d’acheter une bonne bouteille de whisky. Pas de la piquette imbuvable, évidemment. Puis, c’était vers chez sa sœur qu’il était parti. Frappant finalement à sa porte, avec sa bouteille en mains. Il avait besoin d’en parler à quelqu'un de toute cette affaire. Il avait bon espoir que Salomea le comprenne. « C’est impossible, tu le sais bien. » Il répondit, sourire en coin au bord des lèvres. Il avait sans doute une sale gueule en vrai. Le manque de sommeil devait se voir. « Tu peux voir ça comme ça. » Il haussa les épaules, entra dans l’appartement de la blonde et ne tarda pas à s’installer sur la canapé pour ouvrir sa bouteille. Sa sœur revint rapidement avec les verres. Il ne se fit pas prier pour remplir les verres. Attrapa l’un des deux avant de trinquer avec Salomea. « Mon ex, ou peu importe ce qu'elle était, est enceinte. » Sur cette remarque il avala d’une traite la moitié de son verre. Il fallait au moins ça pour avaler cette foutue nouvelle.