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The first time ever I saw your face | esther
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La cuisine du Fisherman’s Cove sera fermée ce soir.
Telle avait été la décision prise après qu’une fuite d’eau ait inondé l’intégralité de la cuisine. Abel avait foutu le camp sur le coup de la colère, c’était mieux que de s’engueuler avec Abigail ou d’emplafoner un client. Il n’était pourtant pas d’un naturel particulièrement colérique mais le sang lui montait plus vite au cerveau lorsque le stress et la fatigue s’ajoutaient à la fête. Cette façon que les merdes avaient de s’accumuler les unes sur les autres jours après jours depuis qu’il avait pris la décision de quitter le Bella Vista pour suivre Abigail semblaient vouloir lui démontrer qu’il avait fait une erreur. A moins que ce ne soit une histoire biblique destinée à lui faire mériter ce qu’il désirait tant.

Abel avait refoulé l’envie de fumer et avait marché le long de Cromwell Cove jusqu’à Town Hill; le simple fait de compter ses pas lui avaient permis de faire redescendre la pression et c’est un peu plus calme — mais clairement morose — qu’il avait poussé la porte d’un bar, aléatoirement, afin d’aller s’installer au comptoir. Un verre de bourbon plus tard il se demandait clairement pourquoi il avait foutu sa vie en l’air en rendant son tablier d’un restaurant aussi prestigieux que le Bella Vista pour aller s’enterrer dans une brasserie merdique. Il retrouverait de sa motivation après une nuit de sommeil, mais pour l’instant, il en voulait à Abi de l’avoir convaincu et à la terre entière de lui avoir donné une famille aussi à chier.

Long soupir devant le contenu de son verre, Abel plissa les lèvres et releva son regard afin de s’intéresser aux autres clients du bar, finalement curieux par ce qu’ils pouvaient y faire, y vivre, et y consommer. Son attention s’arrêta sur une blonde également au comptoir et le barman en train de perdre patience tandis qu’elle semblait avoir oublié son porte-monnaie pour payer la consommation posée devant elle. Oops. Le bouclé hésita, c’était pas tellement son genre et il n’était pas spécialement d’humeur, mais l’employé commençait à sérieusement s’énerver — et ne semblait pas croire qu’elle n’avait pas fait exprès. « J’vais le prendre, » c’est ça, Shapiro, paye un verre à une nana que tu connais pas alors que t’es aussi endetté que la Grèce en 2008.   Il adressa un regard entendu au barman déjà en possession de sa carte bleue — foutu pour foutu ce soir t’façon, hein — avant de se tourner vers la jeune femme. « T’as l’air d’en avoir autant besoin que moi, » s’entendit-il dire. Après tout, pourquoi pas.

@esther walcott
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« Ça ne va pas le faire, » avait déclaré Esther, lorsqu’elle s’était retrouvée devant le Thrive’s Kitchen, perchée sur ses babies noires et la robe - courte - sortie pour l’occasion. L’idée était merdique, le programme de cette soirée aussi : elle ne s’était laissée convaincre que parce qu’elle voulait éviter de trop penser au fait que sa fille se trouvait avec son père pour le weekend. Parce qu’elle s’était laissée convaincre par Brionny d’installer Tinder sur son téléphone et de s’amuser un peu (conseil qu’elle était à peu près sûre que sa pote ne s’appliquait pas à elle-même), elle se trouvait dans une situation… dont elle n’avait pas vraiment envie. Alors sans plus de considération elle s’était tirée - sans prévenir, posant un lapin dans les règles de l’art au gars qu’elle était supposée voir. La grande classe.

Parce que l’idée de retrouver une maison vide ne l’enchantait guère, Esther s’était laissée tenter en poussant la porte d’un bar du centre-ville. L’idée de se trouver au comptoir à boire seule ne la gênait pas, elle, et là aussi les occasions étaient devenues trop rares : c’est ce qu’elle fit. Esther s’installa au bar et commanda un gin tonic avant de porter sa main au fond de son sac pour en sortir son téléphone. Pas de message, et donc pas de nouvelle de son ex qui devait s’occuper de Juliet ce soir. La Walcott remarqua à peine le verre déposé devant elle - l’annonce de la note, en revanche, parvint à la tirer de son écran de portable. Ses doigts plongeant de nouveau dans son sac à main, celle-ci s’attend à en tirer son porte-monnaie mais… rien. « Où est-ce que j’l’ai mis… » s’entendit-elle s’agacer, devant bientôt se rendre à l’évidence : elle était sortie sans argent. Et merde.

Alors qu’Esther se perdait dans des explications que le barman n’entendait pas croire, une voix masculine annonça qu’elle allait le prendre, ce verre. Elle tourna le regard vers l’intéressé dans l’idée de l’envoyer chier, mais sembla le reconnaître - et puis de toute façon c’était déjà trop tard, le barman avait sa carte bleue. « J’pouvais gérer, » furent les premiers mots qui franchirent la barrière de ses lèvres, lorsque le brun qui venait de payer son verre souligna qu’ils en avaient besoin. Quel fin observateur HA-HA-HA. « Mais merci, » ajouta la Walcott, comme le minimum d’éducation qu’elle avait reçu lui dicter de faire. Ses ongles - courts et soignés mais pas manucurés, pas le temps pour ça - vinrent effleurer le bord de son verre tandis qu’elle inclinait légèrement la tête. « On se connaît, j’crois ? » Question rhétorique, Esther savait très bien d’où elle connaissait ce visage. Elle ne lui ferait cependant pas l’affront de réciter le contenu de son ordonnance : ni l’endroit, ni le moment, et encore moins envie de penser boulot. « Esther, » se présenta-t-elle. Just in case.

@abel shapiro
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Loin de lui l'idée de s'ériger en preux chevalier, et la réaction de la blonde ne le surprit que très peu, il avait bien compris que la plupart des nanas en 2023 n'aimaient pas être redevables à un homme mais Abel décida de laisser couler l'animosité à peine cachée dans ce j'pouvais gérer, considérant que la situation était déjà suffisamment humiliante pour ne pas en rajouter une couche. Ça arrivait à tout le monde d'oublier son porte-monnaie, non? « Pas de souci, » dit-il simplement lorsqu'elle sembla s'être rappelée du b.a-ba de la politesse. Il l'observait et se surprit à la dévisager une longue seconde lorsqu'elle lui fit remarquer qu'ils se connaissaient, longue seconde après laquelle il haussa les sourcils, comme frappé par l'évidence. Un éclat s'alluma dans ses iris bleus « Oh… ouais, » et merde, il remettait très bien ce visage à présent, elle était l'employée de la pharmacie où il allait régulièrement récupérer son traitement. Sujet qu'il avait encore moins envie d'évoquer que le désastre de sa vie professionnelle. « Esther, oui, j’me souviens maintenant, » il se sentait un peu con de ne pas l'avoir remise tout de suite, alors qu'il la visualisait très bien à présent, avec sa blouse, et l'étiquette sur laquelle était écrit son prénom. « C’est un prénom de reine, » s'entendit-il commenter. Comme s'il y connaissait quoi que ce soit. Abel n'était pas spécialement calé en histoire biblique mais il avait quand même quelques références qu'il devait à de sombres lectures adolescentes. Il se trouva quand même un peu bizarre de dire un truc pareil et se dépêcha d'avaler une gorgée de son whisky comme si c'était censé l'empêcher de lui faire raconter plus de conneries. Raté. « Il aurait été capable d’appeler la police pour leur dire que t’as essayé de le voler, » l'informa-t-il au sujet du barman tout à fait antipathique déjà reparti pour s'occuper d'une autre cliente a l'autre bout du comptoir. « T’es passée à ça de la prison, Esther, » il lui montra un minuscule écart entre son pouce et son index et lui adressa un sourire assuré alors même qu'ils savaient bien tous les deux que c'était des conneries.
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C’est un prénom de reine. Comment au juste était-elle supposée prendre ça ? Putain. Tout dans cette soirée semblait pensé pour sortir de sa zone de confort la sorcière asociale qu’on la présumait être (à raison, pour ce qui était de son aisance en société). Parce qu’il n’était pas question de rabrouer celui qui venait de lui offrir son verre et ainsi avait mis fin à son embarras. « Cela expliquerait pas mal de choses quant aux ambitions de ma mère, » railla la Walcott, chassez le naturel celui-ci revient au galop. Sujet sur lequel elle n’avait d’ailleurs pas l’intention de s’épancher davantage : il lui faudrait bien plus qu’un gin tonic s’il lui fallait expliquer quelle déception constituait-elle pour Agnes. Et ce serait forcément humiliant. Pas vraiment l’idée de cette soirée.

Un rictus amusé vient éclairer le visage d’Esther lorsqu’Abel insinua avec un sérieux tout calculé qu’elle avait échappé de peu à la case prison, justement. « Qu’il essaie, il ne doit pas avoir peur pour son bar, » rétorqua-t-elle avec défiance, son regard soutenant celui du brun non sans une certaine curiosité. Elle pourrait y foutre le feu par la pensée, ouais, c’était après tout des capacités que certains prêtaient aux femmes de leur espèce, non ? « J’plaisante hein, » elle dut préciser, cependant, pas certaine que son sens de l’humour soit aussi perceptible qu’il ne l’est pour ses proches. Il n’y avait bien que Juliet qui n’en faisait pas encore les frais, épargnée en raison de son âge à moins que ce ne soit ce lien mère-fille qui, sur bien des aspects parvenait à la rendre un peu moins froide. Alors Esther vint tremper ses lèvres dans son verre de gin tonic, parce que c’était pour cela qu’elle était venue, à la base.

« Qu’est-ce qui t’a amené ici ce soir, alors ? » demanda la jeune femme après avoir reposé son verre sur le comptoir du bar, question moins anodine qu’elle en avait l’air. Ils se trouvaient tous deux seuls, en pleine soirée, dans un bar quelconque du centre-ville plutôt que chez eux. Il y avait forcément quelque chose à raconter.

@abel shapiro
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Esther la pharmacienne, une des rares personnes au courant de sa condition, ne semble pas manquer d’humour, au contraire, elle a même l’air un peu piquante, entre sa façon de dire qu’elle aurait pu gérer la situation ou celle qui sous-entend qu’elle serait capable de brûler le bar, elle parvient à dérider le cuistot, ce qui n’était pas gagné du tout au vue de la façon dont la soirée s’annonçait. « j’me suis douté, » souffle-t-il, lorsqu’elle se justifie d’une tentative d’humour. Il l’imagine assez mal balancer de l’essence pour immoler par le feu le barman et son satané bar.
Si Abel ne rit pas aux éclats, au moins doit-il admettre qu’il ne s’ennuie pas, même si le ton change lorsqu’elle l’interroge, Esther, sur la raison de sa présence ici. Question qui pourrait être anodine et qui semble lancer de façon assez familière, comme s’ils se connaissaient. Shapiro soupire profondément et se gratte le front, vient repousser en arrière quelques boucles brunes tout en réfléchissant à la meilleure façon de résumer comment il s’est retrouvé là. « hmmm, c’était ça ou tuer ma soeur, » fait-il mine d’admettre. Abigail n’y est pas pour grand-chose en vérité mais il faut bien tenir quelqu’un responsable du naufrage de cette soirée. « moi aussi j’suis passé à ça de la prison tu vois, » ajoute-t-il, un rictus au coin des lèvres. Plutôt crever que d’aller en taule, la bouffe y est bien trop infâme, Abel n’y survivrait pas plus de deux jours. Le simple fait d’être privé d’huile d’olive lui donne des envies de suicide alors même qu’il a du revoir certaines bases de son alimentation pour préserver l’état pitoyable de son myocarde.
Supprimer l’alcool n’est pas encore au programme, et il s’empresse donc de tremper les lèvres dans son whisky. Il balaye l’étagère de bouteilles derrière le comptoir de son regard azur, hésite quant au contenu de son prochain verre, car oui, il y aura un prochain verre. Il ne repartira pas du bar sans voir un peu flou. « et toi ? » les iris reviennent croiser ceux de la jeune femme, obligée de répondre à la question puisqu’elle en est l’instigatrice.  

@esther walcott
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C'était avec un intérêt amusé qu'Esther écoutait Abel Shapiro lui délivrer les - maigres - détails quant aux raisons qui l'ont conduit ici ce soir. Sa fibre pyromane avait apparemment croisé le chemin d'une âme toute aussi peu recommandable : marrant. Les raisons pouvant mener au fratricide, Esther pouvait en donner au moins une demie douzaine d'exemples rien qu'en songeant à ses sœurs-cousines. Elle pouvait donc aussi présumer, toujours selon son experience, que c'était de bonne guerre. « Je vois, » répondit-elle en acquiesçant, grossissant éhonteusement le trait lorsque le brun souligna avoir aussi frôlé la case prison. Mais que faisait donc la police ?

Le retour de bâton survint lorsqu'Abel l'interrogea à son tour sur les raisons de sa présence dans ce bar. Et oui. « Mes plans pour ce soir sont tombés à l'eau, » répondit la blonde, évasive, après avoir laissé rouler sur son palet quelques gouttes de son cocktail. C'était d'ailleurs presque la vérité, Esther n'omettant qu'un détail : c'était elle, qui avait posé un lapin au type qu'elle était supposée voir. « Et j'avais pas tellement envie de rentrer maintenant, » admit-elle, à peu près certaine que le chef cuisinier n'avait pas besoin qu'elle en dise davantage pour comprendre ce qu'elle entendait : pas envie de retrouver une maison vide. Le silence, dont elle avait pourtant rêvé tant de fois, lui semblait ce soir pesant. Être ici, c'était mieux que de guetter un message qui n'arriverait sans doute pas de la part de son crétin ex (sérieux, ça coûtait quoi de lui donner des nouvelles de leur enfant ???).

Le regard d'Esther se perdit de l'autre côté du comptoir quelques secondes durant, remarquant que le barman, le même qui s'était appliqué à lui faire un procès d'intention une poignée de minutes auparavant, tirait toujours la gueule. « Faut pas demander ce qu'il lui est arrivé pour être aussi aigri, » commenta Esther, toujours un peu mauvaise bien que la médisance parvenait toujours à raviver un peu l'éclat de ses yeux. « Quoi que j'crois que je le serais aussi si j'devais gérer des gens bourrés tous les jours, » elle ajouta, tout-à-fait consciente qu'elle pourrait bientôt figurer dans cette catégorie de personnes, ayant zappé la case dîner. C'est que sa descente n'était plus aussi bonne depuis qu'elle avait eu un enfant (oups). « T'en pense quoi, toi ? » demanda enfin la Walcott, intriguée de connaître la théorie d'Abel Shapiro concernant l'ogre qui les avait servis.

@abel shapiro
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Les raisons qui ont poussé Esther jusqu’au bar, seule, sont toutes aussi obscures que celles évoquées par Abel Shapiro, mais de toute évidence ni l’un ni l’autre ne semble avoir véritablement envie de se confier sur le sujet. Le brun ne se renfrogne pas devant le manque de détails, ne sachant lui tenir rigueur d'avoir été toute aussi évasive que lui, c’est donc sur le même ton qu’elle qu’il répète un « Je vois, » décidé à ne pas insister non plus.
Il appuie son coude sur le comptoir et pivote légèrement sur son tabouret afin de mieux se tourner vers Esther, déjà en train de tailler un costume trois pièces au barman. Serait-elle rancunière ? Abel hausse les épaules à sa question et fait mine d'être embêté, comme s'il s'apprêtait à lui révéler quelques vérités difficiles à entendre. « ben… j'crois que c'est toi qui lui fait cet effet là, » dit-il, sérieux, jetant un coup d'œil vers l'employé derrière le comptoir, occupé à servir une pression. Il pourrait facilement lui déverser un tas de théories fumeuses qu'il cumule sur le métier de barman, d'ailleurs, mais l'opportunité est trop belle pour ne pas la saisir. « moi il m'a fait pleins de sourires avant que t'arrives pour le voler, » pincement de lèvres désolé qui s'étire en un discret sourire, Abel se lève de son tabouret avec son verre et semble inviter Esther à faire de même. « On va à une table? » la question paraît rhétorique tant il paraît déjà prêt à aller s’installer ailleurs, et pour cause, « on n’a plus à rester au bar comme des ivrognes maintenant qu’on a de la compagnie, » justifie-t-il, à peine sarcastique. Un pilier de bar qui ne faisait qu’un avec le zinc, il en a très bien connu un et il est hors de question pour lui de finir pareil. RIP Sol, mais plutôt crever que de lui ressembler un tantinet.
« T’inquiète pas, si ton verre est vide on le remplira de nouveau, puis je t’enverrais la note, » ajoute-t-il, un éclat rieur teintant ses iris bleus. Esther a l’air du genre à payer ses consommations, il ne lui fera pas l’affront de la rincer toute la soirée, ou bien peut-être, mais uniquement à charge de revanche. « Puis je sais où te trouver, Esther, » finit-il, faussement mystérieux – alors qu’elle sait qu’il sait, et qu’elle en sait probablement plus sur lui que l’inverse – mots sur lesquels il lui montre la voie, elle a le choix, quelques tables demeurent inoccupées et prêtes à les accueillir. Elle ne veut pas partir maintenant, lui non plus, alors autant s’installer confortablement.

@Esther Walcott
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« Je te suis, » acquiesça Esther en se levant, saisissant la proposition d’Abel de s’installer à une table puisque tous deux semblaient décidés à rester. Son sac sous le bras, son verre dans sa main libre, Esther ne put empêcher un rictus de se former sur ses lèvres face à la répartie d’Abel. Au moins était-elle à peu près sûre que ce soir, elle ne s’ennuierait pas. Et qu’elle ne prendrait pas non plus le volant pour rentrer - programme qui lui convenait nettement mieux qu’un date complètement éclaté au sol. « Les femmes de ce monde te remercient de tant d’égalitarisme, » rétorqua la Walcott, un brin moqueuse alors qu’elle semblait mimer un début de courbette - arrêtée par le nécessaire maintien en équilibre de son gin-to. La blonde désigna de la tête l’une des tables devant eux, près de la fenêtre, prenant l’initiative de s’y installer.

« T’as prête raison, j’ai gâché sa soirée, » déclara-t-elle avec beaucoup d’assurance, convaincue que le barman les a suivis du regard (du coup elle, surtout). Remarque qu’Esther avait articulé, la voix empreinte d’une forme de fierté mal placée. Connard. À aucun moment elle n’avait essayé de le rouler, or celui-ci devait encore croire qu’elle essayait de le voler (quoi, au juste ? Les petites cuillères posées sur le bord des tables ?).

Nouvelle gorgée de son cocktail - qu’il faudra effectivement envisager de remplir de nouveau, à la vitesse où celle-ci le descendait. Oups. Faut croire qu’elle aussi, était bien trop contente de ne pas se retrouver à boire seule au bar (oui oui). « Tu ne m’as pas dit ce que tu faisais, » souligna Esther, directe. Son regard soutenait celui d’Abel avec une certaine forme d’aisance : ce n’était pas bizarre, du moins de son point de vue. « J’veux dire, t’as l’air plutôt bien informé, assez pour m’avoir quasiment fait signer une reconnaissance de dette, » souleva la blonde avec une pointe de sarcasme. Elle se garda d’ajouter qu’il n’y avait vraiment pas grand-chose à dire sur son propre job (spoiler : c’était chiant, répétitif, et pas très bien payé) et de lui donner de quoi rêver un peu - faut pas déconner non plus. « J’voudrais au moins savoir à qui j’ai à faire, » sembla-t-elle synthétiser, forcément un peu intriguée.

@abel shapiro
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Abel s’installe en face d’Esther, la pharmacienne voleuse, et dépose son verre de bourbon sur la table. Celui-ci est presque vide mais une serveuse qui rôde entre les tables aura tôt fait de les resservir et saura se montrer plus aimable que le barman – ce ne serait pas très difficile. Le Shapiro s’appuie contre le dossier de sa chaise, sa main droite entourant son verre dont il vient effleurer la surface lisse,  écoutant les questions – puis justification – de la blonde. Elle l’interroge sur ce qu’il fait, comme s’ils devaient être sur un pied d’égalité – si il sait pour elle, elle doit savoir pour lui –  savoir à qui elle affaire, ça le fait doucement sourire Abel, parce qu’il n’y a rien de particulièrement inquiétant dans ce qu’il fait – si ce n’est ses compétences avec des couteaux de cuisine. « J’suis pas de la police si c’est ta question, j’t’embarquerai pas si t’essayes de partir en courant, » argue-t-il avant de terminer son verre d’une traite. Il sourit à Esther la voleuse et appuie son coude sur la table tandis qu’il se tourner pour héler la serveuse. Pas question de rester à sec trop longtemps, il suffit d’un échange de regard et d’un signe de la main pour lui faire comprendre d’envoyer les petites sœurs. Il reprend place correctement sur sa chaise et repose son attention sur Esther, prêt à répondre à sa question. « Je suis chef, » dit-il donc, utilisant le mot français de rigueur lorsqu’il s’agit de restauration. « Cuisinier, » il précise, conscient que ça pourrait porter à confusion. Chef ? Mais chef de quoi, hein ? De pas grand-chose là tout de suite si vous lui demander son avis, mais bon. « Je travaillais au Bella Vista, sur Otter Creek… mais on a repris le Fisherman’s Cove avec ma sœur, » lui explique-t-il, parce qu’il se doute qu’après lui avoir dit qu’il était cuisinier la question suivante serait ah où ? DANS UN ECHANTILLON DE L’ENFER, à en faire pleurer Gordon Ramsay. Enfin, il dramatise un peu ce soir parce qu’il l’a encore mauvaise de ne pas avoir pu faire le service. « C’est pas le même standing mais le niveau d’exigence n’est pas si différent maintenant qu’on ne sert plus de frites surgelées, » il précise, pince-sans-rire. La cuisine du Fisherman’s Cove n’était pas mauvaise, avant, c’était du pratique rapide et économique, autant pour les clients que pour le tenancier qui avait de la chance d’être tombé sur un gars pas trop mauvais et capable de balancer des frites et des poissons panés dans une friteuse sans que ça ait l’air trop dégueulasse. Enfin, ils avaient du s’en séparer après le décès de Sol. « J’ai pour ambition de proposer le meilleur fish & chips du Maine, » lui annonce-t-il enfin, à moitié sarcastique mais quand même sérieux. Il faut bien se fixer un objectif.

@esther walcott
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Il était donc chef. Chef cuisinier, comme il venait de le préciser. Ce n’était pas commun, comme le laissait entendre le « Oh, » échappé d’entre les lèvres d’Esther. S’il y avait bien un domaine dans lequel la blonde n’excellait pas, c’était la cuisine : pas tant par la complexité de la tâche, relative, mais parce qu’elle n’arrivait pas à suffisamment s’y intéresser pour y consacrer du temps. Les pâtes, sous diverses formes de sauce, revenaient trop souvent dans ses assiettes, les quelques légumes qu’elle y ajoutait pour se donner bonne conscience étaient eux généralement boudés par sa fille. Elle-même se nourrissait la plupart du temps davantage par besoin que par réelle envie d’un plat ou aliment particulier. Alors forcément, un tel choix de métier était, à ses yeux, peu commun. Un bref éclat se manifesta dans le regard de la jeune femme lorsqu’il fut question du Fisherman’s Cove - son restaurant, si elle avait bien compris. « Ah oui, le Fisherman’s, je connais, » souffla-t-elle. Connaître était un faible mot : elles y cantinaient facilement une fois par semaine, Juliet et elle. L’enseigne présentait le double-avantage d’une cuisine familiale (pour ne pas dire simple), et c’était peu coûteux.

« Et… ça te plaît ? » demanda Esther, après qu’Abel ait annoncé son ambition - rêve plutôt accessible de son point de vue - de proposer le meilleur fish and chips de Bar Harbor. La question était banale, un peu trop bateau selon Esther, le fait était qu’elle n’avait pas beaucoup de choses à dire sur le secteur de la restauration. À la rigueur, elle serait en capacité de tenir une discussion ayant pour principal sujet le poisson, près de dix années à côtoyer une famille de pêcheurs ayant laissé quelques traces. « Désolée, j’crois que mon expérience de la cuisine se limite à faire bouillir de l’eau et mettre le four en marche. Quand je n’oublie pas de l’allumer, » plaisanta-t-elle (à demi-mot, ça lui arrivait régulièrement de lancer des cuissons pour constater que rien ne chauffait - satané mommy brain). « Par contre à une époque j’aurais adoré créer quelque chose avec mes soeurs, » rebondit la blonde, coupée dans son élan par la serveuse venue déposer de quoi s’hydrater dignement. « C’est un beau projet, » conclut-elle, et cette fois pas seulement par convenance.

@abel shapiro
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