All delighted people

L'image de Arrow en robe de mariée qui te traverse l'esprit. Le sourire aux lèvres à côté de l'autel. Tu serais un fier et heureux mari, c'en est certain. Et Myra serait aux anges de vous voir enfin réunis pour toujours. Mais est-ce que t'es prêt pour tout ça, Bowen ? Pour cette union solide et merveilleuse ? Pour cette bague autour du doigt, et le palpitant qui s'inquiète à jamais pour elle ? Tu te perds dans tes propres songes, tandis qu'elle se change. Ta princesse, ta petite douceur apparait sous ton regard, revêtue de ton jogging. Tu souris, sans arrière pensée aucune, mais avec le beau souvenir de l'être aimée revêtant chaque jour durant toutes tes affaires dans votre appartement. Elle était si simple, si jolie dans son simple accoutrement. Tu ne pouvais que tomber davantage fou d'amour pour elle.

Quoi ? La surprise qui se lit sur ton visage. Les mots qu'elle prononce, provoquent des palpitations incontrôlables dans ta poitrine. Songeur, à vrai dire, tu ne sais quoi lui dire, quoi répondre. Autrefois, vous aviez été aussi rapides à vous mettre ensemble, mais c'est sans dire à quel point vous vous aimiez si fort, si tendrement. T'étais fou d'elle, comme tu l'es aujourd'hui. Pourtant, quelque chose cloque, t'empêche d'avancer, d'y penser sérieusement. Tu grimaces doucement, posant ton regard sur Arrow. Princesse, je pense que... Tu ne veux pas la briser, après tout ce que vous avez partagés récemment, tout ce que vous avez traversés. Elle mérite tellement plus que ton amour, belle Arrow. Tu approches d'elle, posant ta main sur sa joue chaude. Il faut qu'on prenne le temps, cette fois. Prendre le temps de se réapprivoiser, de s'aimer normalement, correctement, pour toujours. Tu déposes un baiser sur son front, le regard toujours aussi intense. J'ai besoin de tout redécouvrir à tes côtés, et Myra serait heureuse qu'on soit unis à nouveau, mais je pense que ce serait se précipiter, Arrow. La précipitation sans réfléchir, ça vous connait si bien. Cette fois, Bowen, tu veux simplement faire bien les choses. T'attrapes la main de Arrow, et tu l'attires vers la sortie du local. Tu fermes à clé la porte, le froid de la nuit commence à vous faire frissonner. Tu souris, glissant ton bras autour de ses épaules.

Tu sens sa déception au creux de ton coeur. Celui ci se resserre, suivit d'un sourire tendre, d'un regard gorgé d'amour. Sa simple présence à présent, fait de toi, le seul homme heureux de la ville. Le plus heureux. Une vie qui redémarre aux quarts de tours, après cinq années perdus. Une vague impression qui t'envahit en sentant sa peau contre la tienne. En fermant la salle de sport, accroché à elle. Une sensation délicieuse, plutôt. Quelque chose d'inattendu, après tant de haine et de violence entre vous, Bowen. Pourtant, c'est comme si tu étais sur un nuage ce soir. Un nuage dont tu ne voudrais jamais redescendre. Un sourire aux lèvres, vous montez en voiture. Le contact de vos mains, toujours présent. Tu ne voudrais pas la lâcher, de peur de la perdre à nouveau, d'oublier ce sentiment qui t'envahit. Le visage heureux, le regard intensément bienveillant envers elle, tu conduis prudemment jusqu'à votre ancienne demeure. Appartement partagé pendant quelques années, dans lequel vous avez tant de souvenirs, si merveilleux, heureux, intenses. Tu y remets les pieds plus de fois que prévu, mais tu ne penses plus à toute cette animosité qui t'animait. Tu revois seulement la crise de folie de Arrow, complètement bourré, quelques semaines plus tôt. Tu revois seulement la détresse dont elle faisait preuve. Et tu ressens.... Comme ce jour là, ce palpitant qui s'écrase si fort dans ta poitrine, te prouvant littéralement l'amour intense qui existe toujours pour elle. La tension qui vous liait, est redescendu d'un cran. Mais tu voudrais tellement la faire tienne, une nouvelle fois. Comme pour te prouver que ce n'est pas un rêve. Comme pour te rappeler que l'intensité de vos ébats, te fait totalement vriller, Bowen.

Assis dans le canapé, elle se place de sorte à poser ses petits pieds sous toi. Comme elle l'a toujours fait. La tendresse dans son regard te fait chaud au coeur. T'attrapes la petite carte de la pizzeria à deux pas de chez vous et la scrutes silencieusement, tandis qu'elle brise le silence qui s'est installé entre vous. Un silence agréable. Mais une question pesante. Ton regard se plante à nouveau dans le sien. Regard intense, dévoilant tellement d'émotions en même temps. Tu soupires, posant la carte sur tes genoux.

J'avais peur de toujours t'aimer malgré tout... J'avais peur de ce que le destin ferait de nous, Arrow. J'avais peur de te briser davantage, avec mes erreurs. J'étais furieux contre toi. Vraiment. J'avais envie de crever pour t'avoir briser, et en même temps... Pour avoir été trahi. C'était... Indescriptible, Arrow. J'avais la sensation d'avoir tout perdu si vite, en quelques secondes à peine. Et j'avais peur que Myra ne comprenne pas... Que...

Tu soupires à nouveau. Si tu n'étais pas un homme fort, on aurait pu penser que tu pleurerais, mais au contraire, tu restes impassible. Les mots glissent d'entre tes lèvres, dans un tremblement léger de voix. Un léger sourire fin se dessine sur le coin de tes lèvres, comme pour la rassurer que c'est du passé. Ta main glisse sur la sienne. Tu la serres doucement.

Je t'aimerais toujours, Arrow. Peut importe que le temps ou l'espace nous sépare, peut importe que la mort ou la douleur nous sépare...

Déclaration si agréable, si chaude à ton coeur. Tu lui lances ton plus beau regard empli d'amour, en souriant. Ton regard se pose à nouveau sur la carte de la pizzeria, puis l'heure.

On devrait commander, ça ferme dans une heure. Si je me rappelle bien, monsieur pizzaiolo ne supporte pas les commandes de dernière minute.

Tu échappes un léger rire rauque.

Ton coeur se brise sous les mots prononcés par Arrow. Tu n'imaginais pas à quel point elle pouvait être mordue de toi, à l'époque. Tu n'imaginais pas tout ce dont elle était capable pour vous, pour votre amour. Aujourd'hui, cinq années plus tard, t'aurais dû l'effacer de ta vie, Bowen, mais c'est impossible. Ce qui vous lit... Ce qui te fait vibrer quand t'es proche d'elle, c'est trop fort, trop intense pour pouvoir l'ignorer. La première fois, quand vous vous êtes retrouvés face à face, devant la prison. Ton esprit te poussait à être méchant, mauvais, la briser, à son tour. Et tout ton corps, lui, demandait une simple étreinte, un simple baiser, quelque chose qui puisse confirmer cette attente, cette violence intérieure qui ne demandait qu'à la toucher à nouveau, l'embrasser, la faire vriller, comme tu adorais ça. L'indépendance d'un corps. La tension de tes tempes qui battaient si fort. Oui, ce jour là aurait pu être différent, à tout point de vue, mais à l'époque, t'étais hargneux, désagréable, mauvais. A l'époque, tu lui en voulais. Mais, Bowen, tu ne lui en veux plus du tout à présent ? Il y a tant de questions sans réponse, mais, ce soir, elle est là, enfin. Vous êtes réunis, après tant de temps. Et tu peux dire haut et fort que putain, tu l'aimes, Arrow. Tu l'aimes à en creuver.

Je te haïssais... Fort. Mais, Arrow, je n'ai jamais cessé de t'aimer. Je n'ai jamais cessé de penser à toi. Dans le mauvais, comme dans le bon sens. J'aurai juste aimer que tout se passe différemment...

Comment aurais-tu réagir si elle t'avait simplement parler et montrer le dossier à l'époque ? Comment aurais-tu pris la nouvelle ? L'information aurait sûrement été très difficile à avaler, mais tu n'aurais sûrement pas vriller comme il y a cinq ans. Tu ne l'aurais pas baiser comme jamais, bestialement, les nerfs à vifs, l'envie de tout casser avec. Tu ne serais sûrement pas aller non plus, cinq ans en prison.

Les pizzas commandés. Le livreur arrivera dans une vingtaine de minutes. Le temps pour vous de continuer à vous prélasser au fond du canapé et de discuter. Tu souris doucement quand elle évoque le sujet prison.

C'était pas si mal. Je crois que je vais y retourner d'ailleurs.

T'éclates de rire doucement, en t'approchant d'elle. Ta main se pose sur sa joue, et tu souris à nouveau.

J'ai rencontré mon meilleur ami, et oui, y a eu des blagues de faite avec les gars des autres cellules. On avait rien d'autres à faire, et ils me gonflaient à vouloir une photo de toi, à l'époque. Mon collègue de cellule a tout simplement décidé d'annoncer nos fiançailles, pour rire.

Un bon souvenir, malgré la situation plutôt désastreuse, au fond d'une cellule, hein, Bowen.

De nombreuses fois, les autres m'ont poussés à accepter ta visite, mais... C'était trop dur pour moi, Arrow. Trop dur d'admettre que je t'ai fait du mal, et que tu t'étais simplement... Vengé.

C'était encore dur à admettre oui, Bowen. A l'époque. Aujourd'hui, t'es prêt à tout pour oublier ce mauvais moment, cette histoire du passé qui vous a brisé pendant tant d'années, éloignés, et surtout brisés. Pourtant, vous êtes là, Bowen. Pourtant, ses bras t'encerclent. Pourtant, tes lèvres se posent sur les siennes. Comme un doux souvenir du passé, comme un vestige d'une douleur encore lancinante il y a quelques semaines seulement. T'es prêt à la pardonner, à ne plus lui en vouloir, et surtout l'aimer à en crever, Bowen. Vos sourires, vos chamailleries, vos étreintes. Toutes ces choses merveilleuses qui faisaient de votre relation, une histoire magnifique, magique, intense, parfaite. Arrow était et restera la seule et unique femme qui te rendra fou d'amour, même si vous deviez être séparés encore une fois, Bowen. Tu t'en es fait la promesse quand tu l'as vu pleurer dans l'appartement, quelques semaines plus tôt, alcoolisé, seule au monde, attristé par votre séparation, et ce manque... Manque si intense qui brûlait vos veines, à en crever, Bowen.

Il sort dans six mois, il me semble. On l'invitera, mon fiancé.

T'éclates doucement de rire, tandis qu'elle récupère les pizzas à l'entrée de l'appartement. Un moment unique que vous partagez. La délicieuse pizza englouti. Une longue conversation qui s'ensuit, et Arrow s'effondre dans le canapé en riant. C'est quand elle pose son regard sur toi, un regard plein de sous entendu, comme dévorant, que tu te mords la lèvre. L'envie de lui sauter dessus qui t'envahit. La tension dans tes veines qui bouillonne. C'est comme autrefois, putain, Bowen. Cette tension sexuelle. Cette envie de la rendre folle et l'emmener au septième ciel. Tu te poses à califourchon sur elle, au moment même où ton portable sonne. Tu sursautes.

Merde, je dois répondre.

Tu te lèves, c'est grand mère. Myra est... Malade ? Tes yeux ronds annoncent une tension bien différente en toi, un stress intense, tu te mords les lèvres instinctivement. Ton poing se serre fort. Tu hoches la tête en répondant rapidement à la seule femme qui t'a élevé. Tu soupires en te tournant vers Arrow.

Je suis désolé... Myra est malade...

T'es désolé de ne pas pouvoir lui offrir la meilleure nuit de tous les temps, surtout après tant d'années, tant d'attente, tant de tensions. Tu t'approches d'elle, attrapes sa main, et soupires une seconde fois.

Moi qui voulait t'emmener au septième ciel, ma princesse.

Ton regard n'ose croiser le sien, car au fond, t'as peur autant pour ta fille, que de perdre Arrow.

Le retour à une vie normale, c'est ça, n'est-ce pas Bowen ? Revivre une idylle parfaite avec Arrow ? S'occuper d'une petite fille que tu n'as pas vu grandir, certes, mais que tu aimes si fort, si intensément... Retrouver votre cocon, votre lieu de vie où vous aviez tout construit pendant quelques années seulement. Même si Arrow t'a arraché les cinq dernières années de ta vie, pour une erreur que tu regretteras toute ta vie, tu es persuadé, certain, que tout ça est derrière vous. Tu l'espères si fort, si profondément. Quand tu entreprends de prendre cette femme dans tes bras, pour la choyer, l'aimer, la rendre heureuse, tu sais que tu ne pourras jamais la laisser repartir, la laisser seule. T'as souffert. Elle aussi. Vous vous êtes mutilés le cœur ensemble, et séparément. Tu te remémores vos retrouvailles sous la douche de la salle de sport, et tu rêves de recommencer. Tu rêves de t'envoyer en l'air avec elle, pendant des heures durant, pendant des journées entières. Tu ne seras rassasié que quand vous aurez atteint l'âge de vieillesse ultime, Bowen. Tu seras toujours à elle, et elle sera toujours tienne. T'observes la petite bague autour de son cou, et sourit doucement.

Merci d'être si compréhensive...

Pour tout, pour Myra, pour le temps qu'il te faudra pour revivre avec elle, pour la vie que tu lui as ôté, pour tout... Tu te mets à genoux à ses côtés, t'attrapes ses mains. Ton regard se plante dans le sien. Ton palpitant s'emballe. Ton sang bouillonne. Putain, t'aurais tellement aimé lui sauter dessus, là, dans ce canapé. Mais l'appel de grand mère semble plus urgent. Myra est plus importante que vos ébats sexuels, Bowen. Ta main toujours dans la sienne, tu te lèves, l'attires à toi.

Evidemment que tu viens, voyons, Arrow !

Tu l'attires dans tes bras, déposant un baiser sur son front. Vous vous habillez rapidement de vos manteaux pour filer chez grand mère et récupérer une Myra fatiguée, pleurant à chaudes larmes parce qu'elle est fiévreuse et malade. Elle passera la nuit entre vous, dans votre lit, comme autrefois. Elle se collera contre Arrow. Elle posera ses petits pieds contre ton ventre. Et vous serez, si heureux... Pour toujours.