All delighted people

Savoir ton grand frère à l’hôpital t’a un peu remué. Tu te doutais bien que quelque chose ne tournait pas rond quand il a mis autant de temps à te répondre mais tu as préféré t’imaginer qu’il était très occupé. T’es d’un naturel plutôt optimiste si bien que lorsque tu as eu des nouvelles de l’hôpital, tu t’es senti un peu pris au dépourvu. Mais t’as pas hésité pour venir. Dans la foulée, tu t’es mis en route pour l’hôpital. T’es pas sûr d’avoir tout compris mais t’es sûr d’une chose : il va bien. Le danger est écarté et c’est le principal. Alors t’as pris le luxe de t’arrêter sur la route pour lui acheter des chocolats. Ça fait toujours plaisir du chocolat, non ? Arrivé à l’hôpital, tu t’adresses à l’accueil et explique ta situation. On te donne un numéro de chambre et tu commences à déambuler dans les couloirs à la recherche de ton frère. Tu croises quelques médecins, des infirmières, et tu te dis que tu aurais pu être à leur place si t’avais choisi les vivants. Mais non. Tu ne cours pas, tu ne presses pas partout parce que, toi, tu as choisi les morts. Sans trop de mal, tu finis par arriver devant la porte de la chambre de ton frère. Tu inspires un bon coup et toques pour prévenir de ton arrivée. En entrant, tu découvres Gabe sur son lit d’hôpital et ton coeur se serre. C’est drôle de voir ton ainé, un homme que tu admires tant, dans une telle position. Pour autant, on ne voit rien d’autre sur ton visage qu’un large sourire. « Salut toi ! » Tu t’approches. « Alors comme ça on se bat avec des arbres ? » L’humour, ta seule arme pour affronter tout sentiment négatif. « Je t’ai pris ça, c’est toujours mieux que la bouffe de l’hôpital. » Tu lui tends la boite et tu prends le temps de le regarder plus longuement. Est-ce qu’il va bien ? Vraiment bien ?

@Gabriel Frost

La douce voix de ton petit frère surgit à l'entrée de la chambre. Tu relèves la tête aussitôt. Les journées sont d'une longueur. T'as du mal à en voir le bout. Ca fait seulement 24h que tu es dans ce lit d'hôpital, et t'as l'impression que ça en fait déjà 72h. Ton sourire se dessine sur ton visage quand tu observes Gauthier apparaitre dans l'encadrement de la porte et se diriger vers toi. GAUTHIER ! Cette expression sur ton visage et ta voix qui doit raisonner dans tout le couloir montrent à quel point tu sembles peu mécontent de l'apercevoir ici. Comment a-t-il su d'ailleurs ? Tu supposes que les infos vont vite à Bar Harbor, même quand le chef des ambulances se prend une branche d'arbre sur la tête. T'échappes un rire à sa remarque et attrapes la boite de chocolats qu'il te tend. Dieu que tu l'aimes ce petit frère, il sait comment t'amadouer ou te parler. Je rêve d'autre chose depuis exactement dix heures. Si tu savais ! Tu ris. Merci p'tit frère, vraiment. Comment as-tu su ? Tu lui désignes le petit fauteuil au coin de la pièce pour qu'il s'y pose le temps de sa visite. Gauthier semble en pleine santé, contrairement à toi. J'ai cru bien mourir mais comme tu le vois je suis en pleine forme, normalement je sors demain, si le scan est okay.

@Gauthier Frost

Tu ne t’attends pas à une réaction aussi vive de la part de ton frère quand il te découvre dans sa chambre d’hôpital. Mais ça te fait sourire. Et ça te touche. Evidemment. Peut-être que vous vous ne le dites pas assez souvent mais tu aimes ton ainé du plus profond de ton coeur. Avec ton père, il est ton modèle. Il a toujours été. Tu envies sa situation, son couple, sa famille… mais c’est pas de l’envie malsaine. T’es content pour lui. Vraiment. T’aimerais juste tellement avoir la même chose. « Avec plaisir. Je peux même passer te chercher un truc à emporter quelque part, si tu veux ? Et je parle de vraie bouffe, pas quelque chose qui sort du distributeur. » Toujours aux petits soins avec ceux que tu aimes. Il a l’air d’aller bien. T’es rassuré. Tu peux te savoir dans le fauteuil qu’il te désigne en étant parfaitement détendu. « Temperance. Elle m’a prévenu. » Tu hausses les épaules. T’es si loin de te douter de ce qui se passe entre eux. Il a cru mourir. Tu frissonnes. L’idée même de pouvoir perdre ton frère te terrifie. Pourvu que ça n’arrive jamais. Ou le plus tard possible. « Il sera bon, ce scan, j’en suis sûr. » Tu donnes une très légère tape sur le genou. « C’est pas un arbre qui va mettre KO un grand gaillard comme toi. » Tu rigoles, complice. Tu l’observes en reprenant ton sérieux. « Tu m’as fait peur. » Tu te confies quand même. Parce que c’est vrai, t’as vraiment eu peur. Tu lui souris tendrement. S’ensuit un haussement d’épaules. Les sentiments négatifs, tu veux vite les oublier. « Petra est pas là ? Je m'attendais à la voir avec Ella. » que tu demandes, tout en insouciance, pour changer de sujet de conversation au plus vite.