All delighted people

La nuit est déjà là depuis plusieurs heures, la lune est sûrement déjà arrivée à son zénith, à moins quelle ne se dirige déjà a nouveau vers la ligne d’horizon. A vrai dire la position de la lune, ou l’heure qu’il est m’importent peu a l’heure qu’il est. En fait j’en ai même carrément rien a faire, par contre je peux attester que la soirée à déjà commencé depuis plusieurs heures, le nombre de personnes ayant abandonné les festivité en cour de route en atteste clairement.
La musique, elle, tourne toujours, un volume sûrement considéré comme déraisonnable par le voisinage. Mais peut importe, on s’en fiche de ce qu’ils pensent.
Les pieds au dessus du dossier d’un fauteuil, la tête a moitié a l’envers, les épaules sur l’assise. Je laisse échapper un soupire d’aise après avoir bu une nouvelle gorgée dans mon verre. Les basses me donnent l’impression d’avoir pris le contrôle de mon rythme cardiaque. Pour la première fois depuis longtemps, un sourire indélébile semble scotché a mon visage. Je me sens vivante, entière, et comme pour profiter a fond de cet instant, je tire une latte sur un joint avec la même énergie que s’il s’agissait de ma toute première bouffée d’air pur.

Au loin on peut entendre plusieurs discussion, des rires, des chutes également parfois… J’en avait presque oublié ce que c’était que de faire partit de cet univers. Ce que c’était que d’avoir la possibilité de mettre le monde en pose le temps de profiter, ne serait-ce que le temps d’une soirée. La tête ossilant sur le son, je tire une nouvelle latte avant de tendre mon accessoire récréatif à la personne sans laquelle je n’aurais pas été présente ce soir.

« T’en veux ? »

Demandais-je sans être sur qu’elle m’entendrait vraiment. En fait dans ce genre d’instant on entends pas forcément tout, on lit sur les lèvres, on cri, on devine. La magie c’est que ça marche, on arrive toujours a se comprendre, quoi de plus évident d’ailleurs alors que je joins le geste a la parole en lui tendant tout en reprenant une gorgée.

« Faut croire qu’on sera plus très nombreux a ne pas avoir abandonné… Tant de calme si tôt, c’est presque dommage. »

Comment ? Ont pourrait croire a la moue qui accompagne mes mots que je suis déjà en quête d’une nouvelle idée pour amuser la galerie ? Pour en rajouter encore une couche ? Peut-être que ce n’est pas totalement faux.
J’ai complètement perdue l’habitude de ce genre de soirée, en vérité, ça fait une éternité que je ne suis pas tout simplement sortie. Mais, tout comme le vélo, il faut croire qu’on oublie pas ce genre de choses si facilement. Quelques verres d’alcool bien dosés, plusieurs même, et quelques substance récréative, et la machine était a nouveau lancé.
Loin de la jeune femme effacée et terne, sont revenues les paillettes, l’exubérance, l’humour et la joie de vivre. Si la soirée n’a pas déjà été mouvementée ? Évidement que si ! Mais sait-on jamais, la nuit n’est pas terminée et une part de moi refuse de retourner au quotidien qui est le mien. Toute excuse sera bonne a prendre pour poursuivre cette pause dans ma vie. Une pause que j’ai l’envie de plus en plus vivante de faire durer dans le temps.      

Elle attrape le pétard, et une fois délestée de lui, je me laisse aller dans le fauteuil, mes jambes tressautant au rythme de la musique. Si ça fait une éternité que je ne me suis pas retrouvée dans cet état, pour autant il semble que ce soit comme le vélo. Avec l’habitude on fini par ne jamais oublier le fonctionnement, ses petites habitudes qui reviennent comme si rien n’avais jamais changé. Les petites préférences également, et un premier excès qui amène au suivant. Ce petit verre qui me donne envie de fumer, et ces quelques lattes qui poussent ma gorge a réclamer une autre gorgée. Certains parleraient d’un cercle vicieux. A mon sens j’arrive encore toujours a garder le bon équilibre, a jouer sur une corde fragile comme une équilibriste pour passer la meilleure des soirées. Face a ce constat je ne peux m’empêcher de sourire. Comme si j’avais ce besoin de constater que j’étais encore capable de m’amuser. Encore capable de vivre de bons moment, de m’amuser et de vivre pour moi et pour moi seule. Ces derniers mois j’avais l’impression d’étouffer, de mourir de l’intérieur tellement mon quotidien devenait angoissant. Au fil du temps c’est comme si j’avais perdu tout contact avec le monde extérieur. Je me demandais encore même si j’étais capable de sociabiliser avec les autres. Au détour d’un échange de quelques SMS j’avais donc lancé une bouteille a la mer. Cherche une occasion de revivre un souvenir semblable au soirées de l’époque. Avant que je me sente coupable sans savoir pourquoi, a la moindre idée de sortir prendre du bon temps avec des amis. De toute évidence, ces plaisirs simple existaient toujours, mieux encore, ils m’étaient toujours accessible !



Meuf, bouge ton cul, on va danser


Au bout de quelques minutes, j’entends la voie de la reine des abeilles qui s’élève dans le brouhaha ambiant. Danser ? J’étudie la question. A en voir mes jambes s’animer toute seule au rythme de la musique, ça pourrait être une bonne idée. Mais mon esprit prends le pas sur le reste et vagabonde alors que je perçois la silhouette de mon amie s’éloignée en direction du salon transformé en piste de danse pour l’occasion.
Je perds un peu la notion du temps, et fini par balancer mes jambes sur le coté pour me remettre droite et décidé de lui emboîte le pas. Aucun doute, pour la trouver il me suffit de me diriger vers l’endroit ou la musique sera la plus forte.
Sur le chemin je croise un type qui a encore la générosité de distribuer quelques verres. Aucun doute, il se surestime sûrement et décide de voir qui parmi ses amis tiendra le plus longtemps debout. Petite note personnelle a mon avis il sera le premier a tomber ! Je lui adresse un sourire malicieux en kidnappant deux verres devant lui, et décide de disparaître dans la foule aussi vite que je suis apparue. Puis, perdu a milieu des danseurs qui se dandinent je cherche Iris. Clairement, ma vue commence peut-être un peu a me faire défaut, peut être que ma concentration aussi d’ailleurs. Régulièrement je me surprends a me laisser distraire par ce qui se passe a droite ou à gauche, tel un petit chiot divertit par les papillons. Ouais sauf que là les papillons sont beaucoup moins agiles j’vous assure.


J’entends mon prénom, et tourne finalement la tête dans la bonne direction. J’étais plus si loin de mon objectif en réalité. Je me faufile alors entre les gens, pour arriver a la rejoindre sur la piste. Qu’est ce qui m’avait poussé sur le chemin d’Iris ? oui par ce que clairement a l’époque j’étais plus « sur son chemin » qu’autre chose. Disons qu’elle a toujours eu cette énergie particulière, quelque chose qui a sûrement fasciné la gamine que j’étais. Si j’avais laissé les choses se faire naturellement on serait certainement pas ici toutes les deux ce soir. On peut dire que j’ai forcé le destin, un peu… Bon ok ! Beaucoup forcé le destin pour qu’elle me remarque a l’époque. Mais il faut croire que les effort d’une gamine peuvent influencé son avenir au point de nous conduire ici. Dans un moment ou je me retrouve moi même. Dans un moment où la chenille quitte enfin son cocon. C’est d’ailleurs avec panache que je fais mon entrée sur la piste, commençant a sautiller comme une folle pour rejoindre mon amie, tentant tout de même de caler mon déhanché décandant sur le rythme de la musique.



"Enfin ! La reine de la soirée apparaît !" Surjouais-je en arrivant a sa hauteur en lui tendant l’un des deux verres précédemment subtilisé.

D’un signe de tête j’invite ma camarde a danser. Mes propres mouvement semblent perturber ma vue et petit a petit c’est comme si je me lovais dans la musique. Les basses me font vibrer au point d’avoir l’impression que mon rythme cardiaque s’harmonise avec celles-ci. Au rythme des notes mon corps décide lui seul de la chorégraphie. Une danse peut être un peu trop désarticulée, peu être un peu trop délurée pour une personne censé être installée dans un schéma stable. Mais au diable les faux semblants, parait-il que l’alcool révèle certaines facettes enfouies…


Mon cerveau saute a nouveau sur autre chose, cet autre chose cet fois ne sera autre que les nombreux tatouage d’Iris. Une idée folle me venant soudainement en tête. Une pirouette mal habile pour me rapprocher d’elle, haussant forcément la voix pour ne pas être couverte pas la musique.


« Bon, et sinon, j’pourrais avoir l’honneur de passer sous tes aiguilles prochainement ? » demandais-je prenant une moue enfantine tel le chat potté qui demande une faveur.


Un changement de vie radicale allaient être amorcé prochainement, et soudainement l’idée de passer le pas me semblait évidente. Je n’avais aucun doute concernant la réaction que susciterais l’apparition sur ma peau d’encre sur ma peau et quelque part, je crois que ça me satisfait bien plus que je ne voudrais l’admettre. Et finalement, après tout ce temps, je trouvais sympa que ce soit Iris qui soit la tatoueuse. Je sais pas si elle en a conscience, mais elle a influencé pas mal de choses pour moi. Oh et arrête de penser Alyha… T’es déchirée putain... 

Si je devais faire une confession ? Mon état est clairement pas entrain de s’arranger mais je garde le contrôle. Si je passe une bonne soirée ? En témoigne le sourire vissé sur mon visage. D’ailleurs l’expression a rarement été aussi bien choisie. Sous l’effet de l’euphorie – et de différentes substances- un sourire éternel semble être apparut, et je vous jure j’en ai des crampes aux joues !
Je pourrais presque croire que le diable a pris possession de moi pour une soirée, souhaitant me rappeler certains plaisir qu’on avait classé « interdit » dans cette vie qu’on semblait vouloir écrire pour moi. D’ailleurs, sur la piste de danse, on pourrait penser que j’ai le diable au corps. Je ne sais pas d’où me vient ce regain d’énergie subite. Assez radical le changement d’ambiance entre cet instant et le moment où je consumait avec plaisir un joint bien chargé quelques minutes plus tôt.
La notion du temps ? J’ai du la perdre au moment ou Iris m’a rejoins pour danser.

Un besoin de continuer sur cet élan de retour au source, l’arrivée a ce moment où je commence a comprendre que je dois faire de nouveaux choix pour une nouvelle vie. A fini par faire naître une envie de l’encrer plus profondément. A cet instant de ma vie, je vie encore dans une belle maison que je suis censée considérer comme mon foyer. La légende raconte même que je file le parfait amour avec la personne qui y vit. Pourtant je ferais n’importe quoi pour ne pas y retourner. D’ailleurs au moment où j’ai formulé ma demande j’ai déjà en tête l’ornement qui me suivra. Comme un point d’ancrage pour me rappeler ce que j’ai toujours souhaité.
Et de toute évidence je ne suis pas la seule a resté assez lucide dans mes propos. Même si ça semblait évident que là, je n’étais pas en état d’être tatouée, et Iris risquait de créer une œuvre d’un tout nouveau genre.. Genre très très particulier.
Je lui adresse donc un petit sourire entendu et un hochement de tête. Pas la peine de s’époumoner pour couvrir la musique quand il suffit simplement de manifester son approbation.

En parlant d’approbation, la reine des abeilles semble avoir la bougeotte, a moins que ce ne soit la soif de nouveaux nectar qui lui donne envie d’aller butiner ailleurs. En un battement d’ail la voilà qui s’envole. Cette fois pas de moment de latence, mon cerveau comprends vite. On le remerciera plus tard de cet exploit au vue de ce que je lui inflige. Mes jambes se mettent en marche pour suivre Iris, continuant de me dandiner mécaniquement au rythme de la musique ? Infatigable ? Je ne dirais pas ça… On pourrait peut-être plus me voir comme un gremlins. Vous voyez le mogwaï tout mignon ? Auquel il ne faut surtout pas donner a boire après minuit ? Bah voilà ! Une fois lancée difficile de trouver un moyen de me canaliser. Arrivé a destination je me laisse tomber sur mon siège, d’un petit bon souhaité agile, qui se révéla finalement être une cascade qui aurait pu dégénérer… et qui n’avait pas grand-chose d’élégant. Je tente de garder l’équilibre… Franche réussite ! Qui ne m’empêchera pas de piquer un fou rire. Vue de l’intérieur c’était déjà plutôt marrant, mais j’imagine déjà le coté hilarant de la scène pseudo acrobatique que j’avais offerte a Iris ( et a toute personne qui aurait pu apercevoir la scène d’ailleurs.)

« Et bah… On a encore eu de la chance hein ! » Surjouais-je, faisant mise d’essuyer un goute de sueur sur mon front. «  Original pour la déco une Alyha encastré dans le mur… » Le visage fendu d’un sourire je fait mine de réfléchir un instant, comme si j’en étais vraiment capable. « Je suis sure qu’on peut trouver quelque chose de plus artistique pour le coup ! »

Je me laisse aller plus prudemment sur mon dossier avant de m’étirer comme un chat. Clairement mon corps va me le faire regretter demain matin, mais j’en ai rien a faire. « Alors ? Elle va boire quoi la reine de la soirée ? » Passant une main dans mes cheveux pour les remettre en place, je pousse un soupire de soulagement mêlé a un peu de fatigue. « En tout cas merci, c’est EXACTEMENT la soirée dont j’avais besoin Iris ! »

Non clairement, ce genre de soirée c’est pas le moment pour relever le lapsus. Je dis rien, mais je note. Enfin je crois… Bordel comment est-ce que je vais pouvoir me souvenir de ça demain matin ? C’est pas grand-chose, quelques mots, une erreur de sujet. Et pourtant, pourtant cette pauvre erreur de grammaire me retourne le cerveau…
J’ai toujours été du genre a penser que l’alcool avait tendance a faire ressortir une part de notre personnalité. Pas toujours la même, ça dépend des périodes. Mais bien souvent l’introspection qu’il provoque peu être ravageuse. Alors un instant je m’inquiète, par ce que moi j’ai la chance d’être dans le meilleurs de mood ce soir. Par ce que j’aurais bien le temps de me prendre la tête un autre jour, par ce que ça fait une éternité que j’ai pas juste kiffé. Mais je suis pas assez égocentrique pour penser qu’à moi. Surtout que c’est pas n’importe qui...  

Je continu de parler, simplement, j’dis mes conneries, mais petit a petit je sens bien qu’elle déconnecte. J’étais prête a lui en demander un peu plus sur son état général, quand soudainement elle bondit de sa chaise comme un lutin hors de sa boite. Le vol de la reine des abeilles se fait beaucoup plus chaotique qu’il y a une heure. Pas besoin d’avoir un dessin, je devine facilement ce qui se passe.
Alors c’est le retour au calme, pas dans la pièce, pas sur la piste de danse. C’est dans mon esprit que le calme s’installe. Seule au milieu de cet effervescence générale mon esprit se met a vagabonder sans jamais réussir a se poser sur un fil de pensé lucide. En fait je sais pas vraiment ce que je fais là, pourquoi d’un coup c’est Iris qui m’est venu en tête pour sortir de l’eau. Tout ce que je sais, c’est que cet avant goût de la liberté me plaît. A moins que ce soit le fait d’être déchirée qui me permet de me sentir si légère ? Quoi qu’il en soit un poids semble avoir quitté mes épaules, même si je me demande quand même quand Iris va revenir. Par plusieurs fois je me suis dis que j’allais aller voir, une petite voix me soufflant qu’elle serait pas forcément adepte de cette idée.

Puis soudain, je reconnais la silhouette qui sort des toilettes, étonnamment elle paraît plus lucide. En l’honneur de son retour j’esquisse un sourire satisfait. Je me tourne dans sa direction et j’avoue ne pas m’attendre une seconde a ce qui va suivre. En une seconde je me retrouve enlacée par iris, qui fini par déposé un baiser sur mon front. Je me laisse faire sans poser de question, par ce qu’en faite cette accolade j’en ai très certainement besoin, pis peut être que la gamine de l’époque aurait du mal a réaliser aussi. Alors je lui rends simplement son étreinte, car finalement elle est la seule sur qui j’ai oser compter.

« Je pense qu’on a rien de plus a faire ici, on va rentrer. »

Par ce que déjà Iris avait tout donné ce soir, et ce moment de calme avait fini par faire redescendre les quelques substances qui faisaient de moi une pile électrique. La redescente allaient être de plus en plus fatigante quoi qu’il en soit. Puis, ce n’est pas par ce que la reine des abeilles quitte la ruche que la fête s’arrête totalement.

« Tu veux marcher pour rentrer ? Où je nous appel un taxi ? »

La marche ne m’a jamais déranger, au contraire il n’y a souvent rien de plus efficace que l’air extérieur pour reprendre ses esprit. Mais on a aussi pas mal forcé cette nuit, et le confort n’a rien de désagréable faut admettre. Les deux options me semblent bonnes, une intuition me soufflant que quoi qu’il en soit le retour n’aurait rien d’ennuyeux.