All delighted people

La passion qui nous enveloppait était si intense que je pouvais presque la toucher du bout des doigts. Ce baiser, ce moment volé à la réalité, avait fait éclater la tension qui s’était accumulée entre nous depuis des jours, peut-être même des mois maintenant. C’était comme si tout ce que nous avions retenus et refoulés explosait enfin au simple contact de nos lèvres. Mon corps brûlait d’un désir ardent. Les battements de mon cœur résonnant dans chaque partie de mon être, ne cessant de monter en intensité. Chaque frôlement de sa peau sous mes doigts m’électrisait, son souffle qui caressait mon visage, faisait vibrer mon corps. J’étais consumée, dévorée par cette irrépressible envie de l’avoir, de le sentir près de moi, contre moi. Plus rien ne me retenait et la culpabilité avait été éclipsé par ce feu interdit. Nos lèvres se cherchaient sans cesse, se trouvant avec plus de passion à chaque fois.

Quand il murmura mon nom, mon vrai nom, j’eu l’impression que le monde autour de moi s’effondrait pour ne laisser que ce moment suspendu. Ce prénom que plus personne n’utilisait, me rappelait qu’il était le seul à voir qui j’étais réellement. Il connaissait les risques et les enjeux de la vie que je menais. C’était la personne à qui je confiai littéralement ma vie, ma sécurité. Lorsque ses mains se glissèrent sous mes cuisses et qu’il me souleva de terre avec une facilité concertante, je m’accrochai à lui avec cette même urgence, cette envie de m’abandonner complètement. Nos corps s’alignaient parfaitement, comme s’ils avaient été faits pour se retrouver. J’avais envie de plus. Cette vague de chaleur qui montait en moins ne semblait pouvoir être assouvit que d’un seul moyen.

La baie vitrée par laquelle j’avais envisagée de m’enfuir, était maintenant le témoin silencieux de notre passion l’un pour l’autre. Mon corps entier frémissait sous ses caresses et ses baisers. Ma respiration se faisait plus rapide et je retenais mes gestes pour ne pas qu’ils paraissent trop pressants. Dès que ses lèvres effleuraient ma peau, une décharge de plaisir me parcourait délicieusement. Quand il prononça ses derniers mots, mon corps tout entier répondit avec force à son appel. Mes lèvres quittèrent les siennes pour trouver son regard. Mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Mes yeux se plongèrent dans les siens et dans son regard je lis tout ce qu’il ressentait. Ce n’était pas un simple désir, c’était plus que cela. Nous avions ce besoin viscéral de se s’abandonner l’un à l’autre. Mes mains glissèrent tendrement sur son visage pour venir ensuite l’encadrer. « Moi aussi … J'ai besoin de toi ... Ici, maintenant et même demain ... » répondis-je dans un murmure, ma voix tremblante d’émotion. J’avais toujours eu besoin de lui, dès le premier jour. Mais aujourd’hui c’était plus qu’un besoin c’était aussi une envie, pressante, urgente, comme si ce moment pouvait disparaitre en un instant.

Je sentis mon dos se décoller de la baie vitrée. Mes bras s’enroulèrent autour de son cou tandis que Sohan nous déplaçait dans sa chambre. Ils étaient rares les moments où j’étais venu ici. Cette fois, c’était différent. C’était une invitation à nous perdre ensemble, à franchir la ligne que nous avions maintenue si longtemps. Le poids de son corps contre le mien m’enveloppa d’une chaleur exquise quand il me déposa sur le lit. Je me mordis légèrement la lèvre inférieure pour essayer de contenir un léger râle de plaisir. Son odeur, son goût, la sensation de sa peau brûlante sous mes doigts, tout m’enivrait. Ma bouche se perdit dans son cou et se glissa sur l’une de ses épaules, partiellement dévoilée. Mes mains se glissèrent de nouveau sous sa chemise, mais cette fois avec plus de détermination. Je caressai délicatement ses côtes, le faisant légèrement frissonner. Sa chaleur m’enveloppait et me consumait. Mon corps réclamait le sien, désespérément. Je sentais le feu de l’excitation s’installer au niveau de mon entre-jambe.

Nos lèvres se trouvèrent de nouveau dans un baiser plus profond, plus pressant. Ma langue faufila pour trouver la sienne, augmentant encore plus intensément mon désir pour lui. Mes mains quittèrent finalement son torse pour s’attarder à la ceinture de son pantalon. Mon regard croisa le sien, cherchant une confirmation silencieuse avant d’aller plus loin, même si je sentais que rien ne pouvait nous empêcher de nous laisser nous enfoncer plus encore dans la passion. « J’ai envie de toi … » chuchotai-je dans un souffle timide.

La passion entre nous était montée à un tel point qu’il était impossible de distinguer où commençait mon désir et où celui de Sohan finissait. Chacun de ses baiser, chacune de ses caresses, allumait en moi un feu ardent, toujours plus dévorant. Mon corps réclamait encore et encore cette proximité, cette connexion si intense qu'elle réduisait le reste du monde à néant. Plus rien n'existait en dehors de cette étreinte brûlante. L’intensité de son regard qu’il posait sur moi me faisait sentir spéciale et désirable, comme si rien d’autre n’importait plus que ce moment.

Quand il se redressa pour se débarrasser de sa chemise, mes yeux ne purent s’empêcher de le dévorer du regard. Chaque contour de son corps, que j’avais déjà vu, me paraissait cette fois différent. Je n’avais plus besoin de dissimuler mon désir pour lui, je n’avais pas à cacher ce que je ressentais. Mon désir pour lui était palpable, évident, et je pouvais enfin le lui montrer pleinement, sans la moindre retenue. Peut-être aurions-nous dû être plus honnêtes l’un envers l’autre plus tôt, mais le passé importait peu désormais. Ce qui comptait, c’était ce moment partagé, cette passion qui nous enveloppait, nous consumait.

Lorsqu’il revint vers moi, ses lèvres retrouvèrent les miennes avec une ardeur que je lui rendis sans réserve. Je m’abandonnais totalement à cette douceur enflammée, savourant chaque frisson qu’il éveillait en moi. Je sentis ses mains glisser vers mon chemisier et avec un sourire je lui donnais l’autorisation de continuer son chemin. Lorsqu’il souffle ce « who … » si spontané et que le sens me dévorer du regard, je me sens rougir immédiatement. Un flot d’émotions se bouscule en moi et ses autres paroles ne font qu’attiser un peu plus le feu sur mes joues. « Arrête …  Tu racontes n’importe quoi ! » lui dis-je avec un sourire timide. Ma main se posa sur sa joue pour lui faire détourner le regard avec douceur. Il se met à rire et je ne peux m’empêcher de me joindre à lui tandis que ses lèvres viennent explorer ma peau. Mon corps répond à chacun de ses gestes, continuant de faire monter mon désir pour lui.

Puis, je le sens ralentir, jouer doucement avec le bouton de mon jean, hésitant à aller plus loin. Son regard remonta vers moi, cherchant encore une fois la permission de continuer son geste. Mon cœur battait si fort dans ma poitrine, que j’avais l’impression de pouvoir l’entendre. Ce moment de douceur, cette attente pour s’assurer que tout va bien, la bienveillance de ses mots, me font fondre. C’était comme s’il me disait que peu importe ma décision, il serait là avec moi, il respecterait mes choix. Je sais, je sens, à quel point il a envie de plus tout comme moi. Ce respect qu’il m’offre dans cette intimité ne me conforte que davantage dans ce que je veux moi aussi. « Je suis sûre de moi, j’en ai jamais été aussi certaine, crois-moi. » Pour appuyer mes propos, mes lèvres vinrent lui voler un baiser. Je le regardai et mes doigts se glissèrent doucement dans ses cheveux, caressant sa nuque.

Quand il murmure qu'il tient à moi, c'est comme si mon cœur explosait dans ma poitrine. Une vague de chaleur m'envahit, incontrôlable. Dans ses yeux, je comprends que c’est bien plus qu’une histoire de désir qui aurait grandit au fil du temps. C’est son cœur qui parle et je sais qu’il est sincère. « Moi aussi, et pas seulement comme agent … » Je lui avais déjà dit combien j’avais besoin de lui dans ma vie, mais cette fois c’était différent. Cette fois ça allait bien au-delà de cette relation que son travail nous avait imposait d’avoir. J’avais besoin de lui pour qu’il accueille mes sentiments pour lui. Un sourire se dessine sur mon visage, et à cet instant tout semble parfait. Juste nous, et cette connexion indéniable qui nous unit plus que jamais.

Alors que j’étais totalement absorbée par la douceur du moment, quelque chose me frappa soudainement. Une réalisation brutale, presque embrassante qui me ramena violemment à la réalité. Mon souffle se coupa net alors que les mains de Sohan, commençait à descendre mon jean, j’arrêtai son geste. Je me figeai une seconde, le cœur battant, silencieuse. Comment lui dire, comment briser cet instant parfait, cet élan si naturel entre nous ? Je respire profondément, cherchant à calmer le tumulte de pensées qui me traverse. Comment avais-je pu oublier ? Je m’étais laissée emportée par mes instincts les plus primaires, reléguant ce détail au second plan. « Attends … » soufflai-je, ma voix à peine audible, teintée d’un mélange d’émotion et de gêne. Je savais qu’il devait percevoir que quelque chose avait changé en moi, que mon corps ne répondait plus de la même manière. Je sentais son regard interrogateur sur moi. « Je … C’est pas que je veux pas, j’en ai très envie mais … » Je sentis ma gorge se nouer sous l’effet de la gêne. « En faite, je viens de me rappeler que … j’ai mes règles. » Mes mains quittèrent les siennes pour aller cacher mon visage de honte. Ces mots, aussi simple soient-ils, m’avaient semblés si lourds à prononcer. Je savais que je venais de briser notre moment en une seule phrase. Le silence qui suivit me parut interminable. Je venais de tout gâcher … je me maudissais de m'être laissé aller sans prendre le temps de réfléchir. J'étais en colère contre moi-même mais aussi frustrée par la situation. Parce que oui, je n'avais pas mentie, j'avais réellement envie de Sohan et le fait de devoir attendre après ce qu'on venait de partager ... C'était une torture ...

Je m’en voulais. Je culpabilisais d’avoir rompu ce moment riche en intensité. Comment avais-je pu oublier quelque chose d’aussi important ? Je n’avais pensé à rien d’autre que cette envie irrépressible qui me consumait depuis des jours, en oubliant qu’il était impossible d’aller au-delà d’une certaine limite. C’était si embarrassant et frustrant à la fois … J’avais pour habitude de voir des signes dans les évènements inattendus de la vie, qu’en était-il de celui-ci ? Était-ce une façon pour le karma de me mettre en garde contre mes agissements ? Je n’en savais rien et je n’avais pas envie de m’aventurer dans ce genre de pensées, pas pour le moment.

Je sentis Sohan se rapprocher de moi et alors que je me demande encore quelle réaction il pourrait avoir face à cette révélation, ses lèvres se posent tendrement sur mon front. La chaleur de son baiser me rassure autant qu’elle me submerge. Ses mains vinrent chercher les miennes pour que je sorte mon visage de sa cachette. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine quand je compris qu’il était soulagé et rien d’autre. Le temps d’un instant, il avait cru que j’avais pu revenir sur ma décision de vouloir aller plus loin avec loin. Le mot "nous", sonne en écho dans ma tête, comme si je prenais conscience de la situation. Étions-nous devenus un nous ? « Non, ça n’a rien à voir … » … avec nous. Ces deux mots se coincèrent dans ma gorge et s’y perdirent dans un silence. Je sais que ce pronom n’a plus la même signification maintenant qu’il y a encore quelques semaines. Aujourd’hui, cela ne nous désigne plus de la même façon.

Quand il se glissa derrière moi, me prenant dans ses bras, je fermai les yeux pour savourer cette étreinte pleine de tendresse. Nos peaux dénudées l’une contre l’autre, m’électrisa instantanément. Je maudis silencieusement mon corps de lever une barrière biologique entre nous. Tout en me serrant contre lui, je réalisai à quel point j’avais attendu ça. Cette connexion sincère, sans faux-semblant et entière. Je ne sais pas depuis combien de temps j’avais réellement cherché à refouler mes sentiments, mais ils n’étaient certainement pas apparus lors de notre weekend.  Depuis qu’il était l’unique personne à qui je confiai ma vie, c’est-à-dire depuis qu’on avait emménagé à Bar Harbor ? Ou bien quand la première fois où il m’avait dit qu’il ne m’arriverait rien si je collaborais ? Ou peut-être même la première fois où on s’était rencontrés après des échanges sur Tinder ? Je ne pouvais pas le savoir précisément. Ca n’avait pas été un coup de foudre comme dans un film romantique. Mes sentiments pour lui avaient été plus insidieux. Ils avaient grandi silencieusement, tandis que je rationnalisais notre relation. C’était un agent, j’étais une indic. Il faisait son job et je ne devais pas me laisser distraire par des fantasmes futiles. Je m’étais tellement convaincu que chacun de nous devait rester à sa place, que j’avais ignoré ce qui se passait réellement en moi.

C’est alors qu’il me sort de mes pensées, me ramène à lui en me questionnant sur … nous. Je reste silencieuse, ne sachant pas quelle réponse lui apporter spontanément. Cela semble si évidant, mais pourtant ce mot porte en lui à la fois tant de promesses et de complications. Est-ce que j’étais prête à affronter ce "nous" ? A accepter que cela implique bien plus que de simples moments volés ? Que notre relation change totalement ? Oui, c’est une certitude. Seulement, je suis terrifiée face aux conséquences de cette décision. Elles étaient nombreuses et, certaines, pas anodines. Je laissais le poids de mes pensées entrainer mon corps s’enfoncer un peu plus contre celui de Sohan. Je tournai ma tête vers son visage, niché sur mon épaule. « Je suis certaine de ce que je ressens pour toi, j’ai aucun doute à ce sujet, mais … Est-ce qu’on ferait pas une bêtise ? » Je me reculai de son étreinte et m’assis en face de lui sur mes genoux. Mes mains sur mes cuisses frottaient légèrement mon jean avec une certaine nervosité. « Tu le sais aussi bien que moi que tes patrons verraient pas ça d’un très bon œil si notre relation venait à se savoir. C’est pas très éthique. Et tu viens de retrouver ton frère, j’ai pas envie de venir créer plus de problèmes qu’il semble y en avoir déjà entre vous. J’ai l’impression que je suis une bombe qui va faire exploser ta vie d’un moment à un autre … J’ai moins à y perdre que toi dans cette histoire. » Il y avait une chose que je pouvais perdre. C’était lui. Je me rapprochai légèrement, encadra son visage de mes mains. Mes yeux regardèrent les bleus en pensant furtivement à Ethan. J’allais devoir assumer les conséquences de mes propres actes prochainement. « C’est du sérieux pour moi, j’ai juste pas envie que tu te réveilles un matin en te disant que t’aurais dû choisir une autre direction. »

La profondeur de mes sentiments pour Sohan me frappait de plein fouet à cet instant. Je n’avais jamais douté de ce que je ressentais pour lui, mais les répercussions de cette relation me terrifiaient. Je savais que je m’en voudrais de gâcher sa vie, surtout si … si cela ne fonctionnait pas entre nous. Non, je n’étais pas pessimiste mais plutôt pragmatique. On ne pouvait pas prévoir l’avenir, il était impossible d’avoir la certitude de comment se déroulerait les choses. Alors, est-ce que ça valait le coup ?

Ses mots résonnèrent en moi comme un écho, chacun d’entre eux venant apaiser mes doutes, mes peurs et mes hésitations. Je l’écoutai avec attention. La douceur de sa voix trahissait la sincérité de ses paroles. Je secouai la tête avec un petit sourire quand il mentionna le faite que j’avais moi aussi pris un risque à l’époque, lui donnant une leçon de courage. « Je suis loin d’être courageuse. » le coupai-je doucement. Il était vrai que je ne m’étais jamais vu comme cela. J’avais pris une décision, difficile, sans mesurer la grandeur des risques qui allait avec. J’avais pris cette décision parce que je lui avais fait confiance. Lui. Cet agent sorti de nulle part. Il avait su me convaincre que tout irait bien. Même quand j’avais dû tout plaquer, là encore j’avais décidé de placer ma confiance en lui. Peut-être que c’était le moment de lui faire de nouveau confiance ?

Je sentais ses mains dans les miennes, la chaleur de ses doigts traçants de légers cercles sur ma peau. Un geste apaisant et rassurant. Il avait pris le temps de réfléchir bien plus que je ne l’avais fait. Ce "nous" que nous nous apprêtions à construire n’était pas simplement le fruit d’une passion brûlante et passagère que nous voulions satisfaire. Je laissai mon regard se perdre dans le sien, sentant le poids de ses mots envahir mon cœur comme une douce chaleur. « Ce que je ressens pour toi, ça dépasse tout le reste. Le boulot, les règles, même Ethan... » Ces mots résonnèrent en moi un peu plus fort que tous les autres. Ses sentiments à mon égard étaient bien plus profonds que je ne l’aurais jamais pensé. Mes peurs semblaient soudain dérisoires. Sa sincérité, désarmante, me touchait profondément. Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine et mes doigts s’entrelacèrent aux siens tandis que je sentais les lèvres de Sohan se déposer tendrement sur mon front.

Je restai silencieuse, l’écoutant me dire à quel point il était prêt à tout. La seule chose qu’il craignait, et à laquelle je n’y avais même pas pensé, c’était qu’en découvrant notre histoire je sois déplacée ailleurs loin de lui. Cette idée me fendit littéralement le cœur. Le simple fait de m’imaginer une vie sans Sohan à mes côtés … non c’était juste impossible. J’avais besoin de lui. Je ne voulais pas me retrouver éloigné de lui. Je lui confiai littéralement ma vie depuis des années et ce niveau de confiance entre nous ne pouvait être remplacé. Et maintenant que je m’avouai enfin ce que je ressentais pour lui … je ne laisserai pas tomber non plus.

Je me redressai sur le lit, un sentiment de confiance m’envahissant. « Je n’aurais jamais pensé qu’on en arriverait là un jour tous les deux. » Ma voix était douce, presque un murmure, mais chaque mot portait le poids de toutes les émotions que je ressentais à cet instant. « Je sais pas quand j’ai commencé à avoir des sentiments pour toi mais j’étais convaincue que c’était impossible, que ça n’irait jamais plus loin. Et je m’en suis tellement convaincue que j’ai enfoui tout ça. Mais, maintenant, je ne veux pas même pas m’imaginer une vie dans laquelle tu n'es pas là … T’es devenu trop important pour moi. » Je cherchai son regard avec une intensité nouvelle, une force émanant de la certitude de mes sentiments pour lui. « Je t’ai fait confiance, dès le premier jour sans trop savoir pourquoi. Si tu me dis que tu sais ce que ça implique pour toi, alors je te fais confiance. » Un sourire tendre se dessina sur mes lèvres. J’étais prête à me lancer dans une histoire avec lui avec comme seul filet de sécurité la promesse qu’il en avait envie autant que moi. « Je ne veux pas vivre avec des regrets non plus. Ce que je ressens pour toi c’est réel et je n’ai pas envie de faire semblant. Je ne veux pas continuellement me dire, et si … Je veux croire que tout ira bien et que même si on se prends des obstacles, on sera là l’un pour l’autre. » Je me penchai légèrement vers lui, mes mains glissant de ses doigts pour venir effleurer son visage. Je laissai mes pouces caresser avec tendresse ses joues, mon regard plongé dans le sien. « Je sais pas où ca va nous mener, mais je sais que je veux faire ce bout de chemin avec toi. » Mes mains descendirent lentement de son visage jusqu’à ses épaules, puis je le tirai vers moi pour poser mes lèvres sur les siennes.

Le baiser que je lui offrais en cet instant n’était pas seulement une promesse silencieuse, mais aussi une déclaration. Mon corps tout entier réagit immédiatement à cette proximité. Mon souffle se faisait plus court et mes mains savourèrent la chaleur de sa peau contre mes paumes. Je pouvais sentir son corps contre le mien et une chaleur intense se répandit en moi. Je me rapprochai un peu plus et fit basculer Sohan sur le lit pour me retrouver ainsi sur lui. Un petit sourire se dessina sur mes lèvres. Nos lèvres se retrouvèrent encore, mais cette fois, le baiser était plus intense, plus profond. Ma langue chercha la sienne, augmentant cette vague de désir qui me consumait. Ce n’était plus seulement une étreinte, c’était une fusion de tout ce que je ressentais pour lui. Je me sentais envahie par cette passion, et en même temps, je ne pouvais pas m’abandonner complètement. « T’imagines même pas à quel point c’est frustrant … » chuchotai-je près de son oreille alors que j’enfouissais mon visage au creux de son cou.

Je venais littéralement de mettre mon cœur à nu pour Sohan, lui exposer à quel point j’avais confiance en lui, en nous, en cette histoire dans laquelle nous souhaitions plonger ensemble. J’étais prête à ce que ça fonctionne entre nous, contre vents et marée. Il était bien plus qu’un flirt, plus qu’une passade avec laquelle s’amuser. Non c’était plus que ça. Je le sentais au plus profond de mes tripes, de mon cœur. Je n’avais jamais ressenti ça auparavant pour un garçon. Pas que j’ai énormément d’expérience en la matière, mais ce que je ressentais pour Sohan n’était semblable à rien de ce que j’avais pu ressentir auparavant. Peut-être que les risques encourut donnait à cette histoire une saveur particulière ? Peu importe les raisons, je savais que je le voulais. Il allait falloir que je me confronte à Ethan, que je sois honnête avec lui. Ce ne serait pas une partie de plaisir. Il n’avait rien demandé, il n’était qu’un dommage collatéral. Je lui devais bien d’être honnête. En attendant, je laissais ces pensées loin de moi, savourant le moment présent. Cette étreinte pleine de passion et de frustration.

Je laissai échapper un petit rire de mes lèvres quand je l’entendis maudire Sainte Mère Nature. Quand il me fit basculer pour se retrouver à ma place, au-dessus de moi, je sentis une nouvelle vague de chaleur me traverser. Je sentais son désir brûlant dans son regard, un désir partagé et qui ne pouvait être consommé dans l’immédiat. Je sentis son envie de prendre la situation avec humour pour alléger la tension de frustration que nous contenions en nous.

Un éclat de rire s’échappa de mes lèvres et un regard tendre se posa sur lui. Ses lèvres rencontrèrent furtivement les miennes entre deux paroles. « Tu sais, peut-être que c’est juste le destin qui nous dit de nous souvenir de la règle des trois rendez-vous ? » Je le regardai avec un air amusé en pensant à cette règle un peu stupide qu’avait mit en lumière certaines séries. « Tu connais pas ? Apparemment toute femme qui se respecte doit avoir trois rencards avant d’inviter un homme à monter chez elle. Et bien entendu cette invitation se conclue par un très agréable dessert. » Cette règle était un peu stupide à mon avis. A mon sens on pouvait autant se respecter et être quelqu’un de convenable en couchant avec un homme un premier soir qu’après un vingtième rendez-vous. Mais cela me faisait rire de trouver une raison, peut-être un peu absurde, à la situation actuelle. Je l’interrogeai du regard en ajoutant : « Alors est-ce que je vais avoir le droit à trois rencards pour faire de moi une femme respectable ? En sachant que celui-ci peut compter comme un si cela te parait trop compliqué … »

J’esquissai un sourire et je cru lire une étincelle de défi dans ses yeux. Mes doigts tracèrent machinalement des lignes imaginaires sur son torse, suivant le contour de ses muscles. Je ne pouvais m’empêcher de sourire en le détaillant du regard, silencieusement. Mon cœur se serra dans ma poitrine en réalisant la chance de pouvoir se trouver dans ses bras. Tout ce temps à croire que je ne devais pas franchir la ligne, que je devais rester à ma place … ça n’avait pas été du temps perdu, mais il y avait quelques regrets à ne pas avoir eu le courage de laisser tomber quelques murs plus tôt. « Tu sais que j’ai peut-être été un peu déçue de savoir que notre premier rencard était bidon ? Il est possible que tu m’ais un peu brisé le cœur sur le moment. Parce que bon … je passais quand même à côté d’un mec canon, c’était décevant. » J’éclatai de rire avant de lui voler un baiser.