All delighted people

Je ne saurais dire ce qui m’avait poussée à accepter cet événement caritatif. Peut-être un besoin de sortir de ma routine ou simplement l’envie de prendre un risque, même maîtrisé. Je n’ai jamais été quelqu’un de très extravertie, préférant le confort de mon chez-moi. Pourtant, ce soir, quelque chose m’avait incitée à me lancer. Pour la bonne cause, j’avais misé une petite somme à la hauteur de mes moyens et gagné une soirée avec un homme mystérieusement présenté comme « le cavalier sans tête ». C’est ainsi que je me retrouvais dans ces bois, en compagnie d’un homme d’une cinquantaine d’années, à fêter Halloween. Dit comme ça, on pourrait presque croire à un début de film d’horreur…

Cet homme, dégageait une certaine élégance, comme s’il venait tout droit d’une autre époque. Sa manière de se mouvoir, de parler, tout en lui rappelait l’ère victorienne. J’avais pris son bras avec une légère hésitation pour me laisser guider jusqu’au point de rendez-vous. Intimidée au départ, je fus vite soulagée lorsqu’il prit la parole. Son ton et ses mots, choisis avec soin, correspondaient parfaitement à son apparence. Était-ce un rôle qu’il jouait ou était-il vraiment ainsi dans la vie ? « Je suis persuadée que malgré votre… grand âge… » commençai-je, un sourire taquin se dessinant sur mes lèvres pour souligner la plaisanterie. « ...vous allez rendre cette soirée intéressante. » J’aurais pu choisir quelqu’un plus proche de ma tranche d’âge, quelqu’un avec qui j’aurais peut-être plus d’affinités naturelles, mais quelque chose me disait que ce choix inattendu serait tout aussi intrigant, sinon plus. Qui sait, peut-être que j’aurais plus en commun avec cet homme charmant qu’avec une option plus évidente.

Je secouai doucement la tête pour indiquer que je n’avais pas la moindre idée de ce qui nous attendait. « J’espère simplement que ce ne sera pas trop effrayant… Juste assez pour Halloween, mais sans en faire trop. » Il fallait l’avouer, je n’étais pas une grande fan de films d’horreur, et je n’appréciais pas particulièrement l’idée de me faire peur pour le plaisir.

Nous arrivâmes finalement dans une clairière où des silhouettes drapées de capes rouges formaient un cercle autour d’un feu. L’ambiance avait un petit quelque chose de sectaire qui me mit mal à l’aise, je devais bien l’admettre. Mais ce sentiment se dissipa un peu lorsque l’on nous annonça qu’il s’agissait simplement d’une partie de loup-garou. J’adorais les jeux de société, et celui-ci en particulier, avec son lot de stratégie et de bluff, me plaisait beaucoup. On nous distribua des cartes indiquant nos rôles. Mon compagnon me souhaita bonne chance, mais avant qu’il ne parte, je posai une main sur son bras pour l’arrêter un instant. « Je m’appelle Aurora, au fait. » dis-je avec un sourire, réalisant que nous ne nous étions pas encore présentés. Je pris ensuite place sur une bûche autour du feu, jetant un coup d’œil furtif à ma carte. Loup-garou. Ce rôle me fit sourire. Après tout, je passais ma vie à prétendre être ce que je n’étais pas. Avec un peu de chance, je devrais pouvoir m’en sortir.

Je glissai ma carte dans ma poche et je pris un instant pour observer les autres joueurs. Tous silencieux et cachés sur leurs capuches, cela créé une ambiance un peu angoissante. Je jetai un coup d’œil à Alair – qui s’était présenté – assis non loin de moi. Une part de moi se demandait s’il arriverait à déceler mes mensonges. Il avait l’air d’être quelqu’un de perspicaces, d’intelligent. Mais peut-être était-il lui aussi un loup-garou, allez savoir ! Un homme masqué, le maitre du jeu, se leva et prit la parole indiquant que la nuit allait tomber et que le village allait devoir se défendre contre les loups. Il invita les loups-garous à désigner leur première victime en secret. Mon cœur battait à tout rompre alors que les autres joueurs baissaient la tête, laissant un silence lourd s’installer. Alair n’était pas un des miens. A savoir qu’il y avait aussi certainement une petite fille parmi nous qui nous espionnait discrètement. Une sorcière pouvait aussi ressusciter notre proie. Le jeu allait être stratégique.

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Hors contexte:

La nuit était tombée. Les miens – les loups-garous – et moi-même avions décidés d’éliminer un habitant du village. Quand le village se réveilla au petit matin, le maître du jeu annonça la mort tragique d’un villageois. Petite déception en apprenant notre manque de chance. Notre cible n’avait pas un rôle plus important. La partie ne faisait que commencer et nous aurions bien l’occasion de tuer la sorcière ou la petite-fille.

Je regardai les réactions autour de moi, mimant aussi la stupéfaction et la tristesse à voir l’un des habitants avoir été dévoré cette nuit ? Je fis attention de ne pas trop en faire, restant dans une modération contrôlée pour ne pas me dévoiler. Je ne connaissais pas mes adversaires. Alair semblait concentré, son regard balayant notre petit groupe en silence. J’eu la curieuse impression qu’il essayait de tenter de deviner nos rôles. Mon regard croisa le sien durant une fraction de seconde et je lui offris un petit sourire amical. Dans l’assemblée, quelqu’un pris la parole « Désignons-nous un loup-garou ? En début de partie, il était difficile de savoir qui pouvait être loup et qui était un innocent. Je secouai la tête négativement pour signifier que je n’avais aucun indice en ma possession. S’ils savaient …

Les joueurs semblaient tous sur le qui-vive mais personne ne semblait décider à lancer la première accusation. Une jeune femme à ma gauche, que je n’avais pas remarquée jusque-là, déglutit en silence, ses mains crispées autour de sa cape. Était-elle la petite fille qui nous observait en silence ? Le maître du jeu décida alors que le la nuit venait de tomber à nouveau. Les villageois furent invités à fermer les yeux pour laisser les loups agir. Mon cœur battait plus vite alors que je calculais mon prochain coup. Qui choisir ? Je savais que notre cible devait être bien choisie. Je pointai du doigt la jeune femme à ma droite qui ne semblait avoir la tête complètement baissée. Se pouvait-elle que ce soit réellement notre petite-fille ? Je mimais doucement, faisant attention de ne pas faire trop de bruit avec ma cape, que la jeune femme semblait nous épier. Les loups se rallièrent à mon choix.

Le maitre du jeu annonça que la sorcière pouvait se réveiller pour sauver la personne dévorer ou bien la laisser morte. Une fois la décision prise, tout le monde se rendormit pour attendre le lever du soleil. Le maitre du jeu annonce une nouvelle journée. Un lourd silence plane alors, chacun attendant le verdict. Mon regard parcourt l’assemblée pour essayer de démasquer la sorcière. Si notre victime était bien la petite-fille et que la sorcière ne l’a pas sauvé alors cette dernière aura sûrement un rictus de déception face à cette bourde. Je vois Alair regarder l’homme à sa droite avec insistance, une lueur de suspicion dans les yeux. Lui aussi semblait avoir quelqu’un en ligne de mire. Le maître du jeu élève alors la voix pour annoncer la bonne ou mauvaise nouvelle, selon le camp dans lequel on était.

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