All delighted people

Installé au bar, Gauthier faisait le bilan de sa soirée et n’avait pas de quoi être très fier. Il avait toujours été le gentil garçon, lui. Le gendre idéal, un gars inoffensif. Alors qu’est-ce qu’il s’était passé ce soir ? Taper un scandale, ça ne lui ressemblait pas. Tout comme les dates Tinder à vrai dire. Il regardait le contenu de son verre qu’il remuait d’une main. Il aurait aimé se faire aspirer par le petit tourbillon qu’il créait dans le liquide, disparaitre et revenir quand il aurait un peu plus de jugeote. Il était resté là. Tout seul. Au comptoir du bar. Bien sûr, il avait pensé à partir. Rentrer chez lui ou trouver un autre bar où enchainer les verres mais quelque chose l’avait retenu ici. Quelqu’un plutôt. Il ne pouvait s’empêcher de couler quelques regards sur elle. Il ne savait pas bien ce qu’il espérait où même s’il espérait quelque chose. Plus il buvait, plus il se sentait nostalgique. Quel crétin. Le cocktail ex/alcool, tout le monde sait que c’est à éviter. Le bar commençait doucement à se vider sans qu’il ne songe à décoller. A ce rythme-là, il ferait la fermeture. Et il pensait la faire seul mais Brionny était venue poser son royal postérieur à côté de lui. Ah bon ? Gauthier espérait sincèrement qu’elle n’ait pas envie de reprendre leur guérilla là où il l’avait arrêté parce qu’il n’était plus d’humeur belliqueuse. Il s’y attendait tellement que sa question le prit de court. S’il était revenu pour de bon ? Evidemment. Toute sa famille était là, il n’avait jamais songé à ne pas revenir. « Oui. » qu’il souffla en posant ses billes bleues sur la blonde. « Désolé. » Il repoussa son verre vide plus haut sur le comptoir. Il sentait, à la manière qu’avaient ses neurones de s’emmêler, qu’il n’était plus très clair.

Gauthier est de retour pour de bon. Il faut de longues secondes à Brionny pour encaisser le choc de cette nouvelle même si elle s’efforce de ne rien montrer, se contente de hocher la tête lentement comme si elle prenait cette information de façon la plus anodine du monde. Qu’est-elle censée faire maintenant qu’il est revenu ? « ok… » souffle-t-elle. Elle porte son verre à ses lèvres et avale quelques gorgées de gin tonic en silence, repose ensuite son regard sur Gauthier qu’elle observe repousser son verre. Il a probablement trop picolé et il n’a pas l’air en grande forme. Les lippes de l’ex prom-queen se pincent alors qu’elle hésite; prolonger ou se barrer ? Elle ne peut s’empêcher d’avoir envie de savoir où il en est, ce qu’il fait, où il vit et avec qui, qu’a-t-il fait toutes ces années pendant qu’elle était ici, seule, à galérer… avec leur enfant dont il ignore tout. Mais rester c’est prendre le risque qu’il la questionne également. Serait-ce si grave s’il savait ? « J’ai faim, tu veux aller manger un truc? » finit-elle par proposer, toute animosité éteinte de ses yeux, ce presque une forme de douceur qui s’en dégagerait, au moins du calme. Les armes sont baissées pour le moment et elle ne compte pas reprendre la bataille tout de suite. Elle a envie d'une bonne barquette de frites et il y a plusieurs endroits où ils peuvent en trouver à cette heure tardive, ça n'aurait pas été le cas hors saison, mais l'été tout ferme plus tard pour accueillir les touristes, alors autant en profiter. Elle pourra aller directement se coucher en rentrant sans passer par la case casse-croûte.

@gauthier frost

Brionny n’avait pas moufté quand Gauthier lui avait annoncé qu'il était de retour pour de bon. Pas de remarque cinglante, même pas un soupir. Ok. Juste ça. Ok. C’est tout. C’était bien comme ça. Et maintenant ? Elle allait quand même rester là à côté de lui ? C’était bizarre et, à la fois, pas tant. Quelques questions lui brulaient les lèvres mais il était incapable de les formuler. Pas après tout ce cinéma. C’était peut-être le moment de payer et de partir alors. C’est ce qu’il pensait faire avant que la queen Bee lui propose d’aller manger un truc. Non non non. C’est ce que sa tête embrumée lui répétait. Non non non. C’était une très mauvaise idée. « Ok. » qu’il avait répondu, ignorant tous les avertissements de son cerveau déjà bien endormi par l’alcool. Il s’était levé d’un coup, avait sorti quelques billets pour les poser sur le comptoir et se faire encaisser. « Tu veux manger quoi ? » Un sourire timide étira ses lèvres. Il était content de tenir debout sans chanceler. Content aussi de quitter ce bar et d’y laisser derrière lui ses chamailleries avec Brionny. Enfin. Pour le moment. Le jeune légiste savait qu'il prenait un risque en acceptant cette invitation. Celui qu'ils s'écharpent encore mais pas que. Quelque chose de douloureux s'agitait dans ses entrailles quand il posait les yeux sur Brionny, quelque chose de pas digéré. Aurait-il pris le risque de le raviver s'il n'était pas alcoolisé ? Pas sûr.

Ils étaient sortis du bar et Brionny avait presque regretté de pas avoir avalé un deuxième gin’to avant de partir histoire de se donner un peu de courage. Elle n’avait aucune idée d’où cette soirée allait et elle n’était franchement pas certaine que ce fût une bonne idée. Au contraire. Mais tant pis. C’était difficile de résister à l’envie de gratter quelques minutes supplémentaires avec lui, même si ça devait mal se finir, c’était comme vider un placard de sucrerie en sachant qu’on allait finir le ventre en vrac - ou vomir ses tripes à cause d’une indigestion. C’était difficilement contrôlable et chaque bouchée appelait la suivante. « des frites, » répondit-elle d’ailleurs quant à ce qu’elle souhaitait manger. Elle savait d’ailleurs très bien vers où se diriger pour en avoir. « Alors t'es médecin ça y est ? » s’entendit-elle demander à Gauthier, un léger sourire sur le bord des lèvres. Elle l’enviait, bien sur, d’avoir pu aller au bout de ses études, d’avoir un diplôme à accrocher dans son bureau, d’avoir pu connaître ce que c’était que d’aller à la fac, tout simplement, les soirées étudiantes et le stress des exams… ça lui était passé sous le nez tout ça, à elle. Elle en avait fait le deuil parce que la vie qu’elle avait choisi résultait d’une réflexion, qu’elle aurait pu faire autrement, faire ce qu’on lui disait de faire - ne pas garder le bébé, comme si c’était le truc le plus facile du monde. Elle ne regrettait pas une seule seconde son choix, même si c’était dur. Et même si elle se sentait seule la plupart du temps. « j’ai du mal à t’imaginer avec une blouse, ça doit être quelque chose, » elle le taquinait un peu, c’était facile avec lui, il savait donner le change.

@gauthier frost

Au contact de l’air frais de l’extérieur, Gauthier avait fermé les yeux quelques secondes. C’était agréable, ça faisait presque l’effet d’une décuve immédiate. Presque. Il restait bien attaqué par l’alcool. En temps normal, il avait l’alcool joyeux. Il s’effusait entre tranches de rigolade et blagues dignes du CE2, un compagnon de soirée agréable donc. Ce soir, il était étrangement maussade. Quoi que la tendance commençait à s’inverser pour une raison qu’il préférait ignorer. Des frites. Il allait accompagner son ex manger des frites. Normal. Elle semblait lancée, il hocha alors simplement la tête et commença à la suivre. S’en était suivie une question et le début de ce qui ressemblait à une conversation normale. « Oui. » Il lui jeta un rapide coup d’oeil avant de perdre son regard loin devant eux. « Enfin… Pas tout à fait. Je suis médecin légiste. Je soigne pas vraiment les gens. » Une spécialité qui s’était imposée à lui quand il avait compris qu’il serait en relation avec les forces de l’ordre. Il n’était pas flic… mais il avait tout de même un pied dedans, c’était déjà pas mal. « Tu m’étonnes ! » Un sourire amusé aux lèvres avait surgit sur ses lèvres. « Et je te parle pas de la combinaison intégrale que je dois mettre quand je vais sur une scène de crime ! Je déteste ça. » Petit rire à l’idée que Brionny l’aperçoive en tenue de travail et qu’elle se foute de sa gueule jusqu’à la fin des temps. Gêné d’être d’un coup si expansif, il s’était frotté la nuque. « Et toi ..? » Deux mots et l’ambiance s’était alourdie d’un coup. Il ne voulait pas lui donner l’impression de la juger et pourtant, la question était sortie toute seule de sa bouche : « … pourquoi ? » et ça sonnait inévitablement comme un jugement.

Médecin légiste, woah. Sans avoir l’air trop surprise, Brionny haussa légèrement les sourcils en hochant la tête, les mains fourrées dans les poches de son gilet noir. C’était pas une spécialité très commune mais après tout, Gauthier n’était pas le genre de mec très commun alors ça ne l’étonnait qu’à moitié. Elle arbora un sourire timide alors qu’il lui parlait avec un enthousiasme non feint de la blouse qu’il détestait porter, son regard s’arrêtant sur lui de brève secondes, le temps de l’imaginer recouvert d’une combinaison en plastique de la tête aux pieds. Elle se figurait que Gauthier était un peu comme l’agent Garcia de la série Esprits Criminels qu’elle avait eu le temps de bingewatcher lors de ses nuits sans sommeil à veiller sur Arthur, le genre de personnalité trop colorée qui venait adoucir les quotidiens mornes de ses collègues, entourés de cadavre et d’existences brisées. Avec du recul, Brionny se disait qu’elle aurait aimé travailler dans le médical et que ne pas se diriger vers la fac de droit avait peut-être été une chance, finalement, parce que ça n’aurait pas été un choix réellement éclairé, seulement motivé par ce que ses parents attendaient d’elle. Elle nourrissait depuis quelque temps l’envie de reprendre des études et de se former, elle tentait ainsi de mettre de côté l’argent suffisant pour y parvenir.

Le pourquoi de Gauthier cachait très mal son incompréhension, encore moins son jugement, et Brionny haussa les épaules. Elle n’avait pas honte. Pas tout le temps. Mais pas ce soir. La plupart du temps elle se sentait en confiance, elle n’avait qu’à regarder tout le chemin parcouru et penser à son fils pour réussir à se dire qu’elle s’en était bien sortie. Il ne manquait de rien, c’était l’essentiel. Même si elle aurait voulu pouvoir lui offrir encore plus. Elle se demandait tout de même comment formuler ce qui s’était passé à Gauthier. « Mes parents m’ont mis à la porte, » résuma-t-elle, volontairement évasive. Ainsi elle s’était retrouvée sans rien, sans logement et sans avenir, impossible d’obtenir un prêt étudiant et de déménager. Elle était restée à Bar Harbor, c’était encore le plus simple, à cette époque. « J’sais de quoi ça à l’air, mais ce n’est pas si mal, j’suis pas malheureuse que ça se soit passé comme ça, » ajouta-t-elle comme pour clore le débat, elle ne voulait pas qu’on s'apitoie sur son sort, c’était trop tard et ça n’avait aucun sens.

« T’es plus beau qu’avant, c’était pas gagné, » railla-t-elle, lui adressant un sourire tandis que ses iris brillaient d’un nouvel éclat. « Les meilleures frites de Bar Harbor ! » s’exclama-t-elle alors d’un coup, lui désignant un food truck installé sur la promenade. Elle venait souvent là avec Arthur, mais jamais à des heures aussi tardives; c’était ce qu’elle aimait l’été à Bar Harbor, les jours s'allongeaient.

@gauthier frost

Gauthier avait imaginé un tout autre avenir à Brionny Thorns. Puisqu'elle était déjà la reine du lycée, il s’était tout simplement figuré qu’elle aurait trouvé un autre microcosme où régner en maitre. Elle aurait pu choisir n’importe quoi, il était certain qu’elle réussirait. Il avait eu foi en elle. Et puis… il l’avait retrouvé ici, dans ce bar, et dix ans après il avait oublié pourquoi il avait tant cru en elle. C’était peut-être un des effets de l’amour, du tout premier qui plus est. Parce qu’il l’avait aimé. Il le sentait encore dans sa chair comme un picotement douloureux à chaque fois qu’il posait le regard sur elle. Elle était peut-être devenue n’importe qui mais, dans sa vie, elle n’était pas qu’une simple serveuse. Gauthier s’en voulait un peu mais il n’avait pas su résister à l’envie de demander pourquoi elle en était arrivée là. En l’écoutant s’expliquer, il avait froncé les sourcils. Qu’est-ce qu’elle avait bien pu faire pour se faire virer par ses propres parents ? Il imagina quelques scénarios mais préféra ne pas insister. Ils n’étaient pas intimes, le sujet ne pouvait pas être abordé aussi légèrement. Alors il avait hoché la tête, compatissant, mais la reine des glaces l’avait vite dissuadé de se montrer trop empathique avec quelques mots détachés. « T’es heureuse alors ? » qu’il s’était entendu dire en détournant le regard, un peu gêné par la niaiserie de sa question. Pas malheureuse, ça voulait forcément dire heureuse ? Et surtout, était-ce une question à poser à une ex alors qu’on a un petit coup dans le nez ? « En même temps, il aurait été difficile de faire pire. » Il avait sourit. D’autres auraient été vexés. Gauthier, lui, avait entendu le compliment derrière la moquerie. « T’es pas mal non plus. » qu’il avait rajouté plus bas alors qu’ils s’avançaient vers le foodtruck qu’elle venait de lui montrer. Il plissa un peu les yeux sous la lumière de la camionnette, sortit son porte-monnaie pour commencer à compter ses pièces. « Deux portions de frites s’il vous plait ! » qu’il s’exclama en rassemblant fièrement le compte exact sur le comptoir du food truck.

Heureuse, qu’est-ce que ça voulait dire, au juste ? Brionny était de ces personnes qui estimaient qu’on ne pouvait être heureux tout le temps, que c’était un truc qui se cultivait mais qui pouvait nous échapper aussi vite qu’on l’avait saisi. Le bonheur était volatile, éphémère. Elle avait cessé de le poursuivre à tout prix. Mais elle pouvait dire qu’elle n’était pas malheureuse. « J’crois oui, pas tout le temps, mais en général, » s’entendit-elle donc répondre à Gauthier. Elle sentait le poids du jugement dans sa façon de la regarder, la déception qu’elle constituait, elle qui avait été promise à un bel avenir. Serveuse ça paraissait en dessous d’elle. S’il savait qu’elle récurait des salles de bain et passait l’aspirateur chez des bourges de Bar Harbor, il la mépriserait encore plus. Brionny s’était méprisée elle aussi, d’ailleurs, puis elle était redescendue.
Arrivés tous les deux devant le food truck, Frost prit l’initiative de commander et de payer. Brionny plissa les lèvres dans une moue embêtée, un peu vexée. Elle savait très bien qu’il ne payait pas par gentillesse mais parce qu’il estimait qu’elle n’en avait pas trop les moyens, moins que lui, forcément, le médecin. Elle n’aimait pas passer pour une pauvresse. « T’étais pas obligé, » articula-t-elle, croisant les bras sous sa poitrine. « Mais merci, » elle récupéra sa portion de frite. Il n’était pas difficile pour elle de se rappeler l’époque où elle ne voyait pas le mal à se faire inviter ou dépenser l’argent de ses parents sans compter. A présent, elle interprétait le moindre signe de générosité comme un geste de charité et ça avait tendance à la crisper ; « Alors c’était qui la mocheté ? » lança-t-elle pour changer de sujet, un sourire moqueur sur le bord des lèvres avant de fourrer une frite dans sa bouche.

Heureuse. En général. C'était pas si mal. Gauthier n’était pas certain de pouvoir en dire autant malgré la bonne humeur qu’il s’applique toujours à afficher. Il était heureux, oui. Souvent. Mais pas tout le temps. Des fois, il avait la sensation de passer à côté de sa vie et d’avoir fait les mauvais choix. Pourtant, tout le monde s’accordait pour dire qu'il avait réussit. Et c’était vrai, dans un sens. Il avait le job, la situation confortable. Les aspirations de Gauthier étaient tout autre cependant et il s’était bien gardé de le confier à sa compagnie du soir. Et dire qu’il pensait passer la soirée avec une inconnue ! Brionny n’avait rien d’une inconnue même si le temps les avaient relayés au rang de connaissances. « Non, j’étais pas obligé. » qu’il avait répondu en étudiant l’expression sur son visage. Elle était gênée ? Vexée ? Le médecin avait pris l’initiative de payer sans même y réfléchir, par réflexe. Jamais il n'aurait imaginé l'embarrasser. Est-ce qu’elle pensait qu’il voulait lui faire la charité ? « C’est qu’une barquette de frites. » qu’il avait rajouté alors, soulignant que l’effort financier était minime. Ils avaient récupéré leurs frites et s’éloignaient désormais du foodtruck qui sentait le graillon. « Mocheté ! » qu’il répéta dans un petit rire. « J’aurais pas dit ça. Elle avait d’autres qualités. Enfin… J’imagine. J’ai pas vraiment eu le temps de faire connaissance figure-toi. » Il haussa les épaules. « Je l’ai rencontré sur Tinder. » Et, mon Dieu, il n’avait pas fini de l’entendre se moquer il le savait ! C’est là qu’il aurait aimé savoir mentir. Ou changer de sujet au moins. Pourquoi fallait-il qu’il soit si… transparent ? « T'as raison, elles sont vachement bonnes ces frites. » qu'il rajouta tout de même dans le but de détourner la conversation.

Oui, oui c’était qu’une barquette de frites, mais Brionny n’était pas tellement d’humeur à se faire inviter, il l’avait suffisamment humilier en lui jetant son pourboire au visage, c’était pas utile d’en rajouter une couche. Il avait beau faire mine de ne pas comprendre - typiquement masculin - elle doutait du bien fondé de ses intentions. Elle se contenta cependant de hausser les épaules tout en marchant, s’éloignant progressivement du foodtruck en dégustant une frite après l’autre. Un sourire à la fois narquois et amusé s’étira sur ses lèvres lorsqu’il se confia sur la mocheté « Bah… Quand on est moche on a tout intérêt à avoir d'autres qualités, » souligna-t-elle, volontiers garce à nouveau. Chassez le naturel, tout ça, tout ça. « t'es sur Tinder toi? » elle avait l’air étonnée, parce qu’elle se disait que typiquement un mec comme Gauthier aurait du rencontrer une sublime étudiante en médecine à la fac avec qui il se serait marié et aurait fait de magnifiques enfants privilégiés avec des yeux bleus et des fossettes extrêmement craquantes. Arthur avait hérité des yeux bleus de son père, d’ailleurs. Penser à lui à ce moment-là lui donnait un peu le tournis, le simple fait d’imaginer dévoiler toute la vérité à Gauthier lui donnant l’impression de tomber au bord d’un précipice. Ce n’était pas envisageable. Pas ce soir, pas comme ça. Il fallait qu’elle réfléchisse à quoi faire et COMMENT le faire, surtout. On ne révélait pas à son ex qu’on avait pas vu depuis presque dix ans qu’il était le chanceux petit papa d’un grand enfant. Bee s’arrêta de marcher et de mastiquer sa frite, et se tourna vers Gauthier « ça fait quoi de voir des morts tous les jours ? » l’interrogea-t-elle, perplexe. C’était un drôle de choix de spécialité qu’il avait fait, en l’occurence il ne sauvait personne. Ses patients étaient déjà morts…