All delighted people

Un petit malin avait cru bon de mettre, au sens littéral du terme, des bâtons dans les roues de son ancienne partenaire dans le Montana, et amie, Kathleen. Alors que cette dernière faisait une promenade à vélo, dans Arcadia Park, un bâton avait soudainement entravé la roue avant de son VTT, lui causant une chute assez violente, et une blessure sévère à l’épaule et au bras. C’était un acte isolé à priori, n’ayant pas été réitéré sur d’autres cyclistes. Acte gratuit ou acte ciblé ? Là était la question. Tout était envisageable à ce stade, mais Regan allait mettre un point d’honneur à trouver celui qui avait fait ça.

Kath avait donc fait un séjour forcé à l’hôpital, où elle avait été opérée pour son bras. Elle était désormais sortante, mais convalescente. Regan s’était tout naturellement proposée pour qu’elle effectue tout ou partie de sa convalescence chez elle. Elle avait une chambre d’ami après tout, et cela lui changerait des tensions avec ses enfants d’avoir son amie chez elle. Elle était donc venue la chercher à l’hôpital, et l’avait aidée à se préparer – pas évident avec un bras en écharpe – pour la sortie. D’autant que Kath était toujours sous l’effet des antalgiques qui lui avait été administrés. « Tu en aurais fait autant pour moi. » répondit-elle lorsque Kath la remerciait. D’ailleurs, Kath en avait fait autant, voire bien plus, lorsque Regan avait failli mourir des mains du Tueur aux Etoiles. Ce n’était qu’un juste retour des choses.

« Ma maison est un bunker. » plaisanta-t-elle, pour rassurer son amie, lorsqu’elle se gara devant celle-ci. « Cisco veillera sur toi. » Ce dernier était en train de s’époumoner en aboyant derrière la porte. Certes, on faisait mieux comme chien de garde qu’un croisé fox, mais niveau décibel et alarme sonore, il était plutôt efficace. Pour preuve, le sursaut de Kath en l’entendant aboyer. Regan glissa son bras sous celui, valide, de son amie, pour l’aider à marcher jusqu’à l’intérieur, repoussant le chien du bout du pied afin d’éviter qu’il ne saute sur Kath et ne la déséquilibre. « Assis toi là. » lui dit elle en la guidant jusqu’au sofa. Elle fouilla dans son sac et sorti une boîte de Vicodin. Elle en fit tomber une gélule, et la tendit à Kath avec un verre d’eau. « Faut y aller mollo avec ça, si tu veux pas finir accro. » Elle ne plaisantait qu’à moitié, la mettant en garde gentiment. « Tu n’as aucune idée de qui aurait pu t’en vouloir suffisamment pour provoquer cet accident ? »

« Jambe ou bras, toujours est-il que les addictions à ce type de médicament ne sont pas de la fiction. » rétorqua Regan avec un sourire indulgent. Mais elle veillerait au grain que son amie n’abuse pas trop des cachets antalgiques dans les jours qui allaient venir. Restait la question du ou des coupables, responsables du lancer de bâton dans les roues du vélo de Kath. Sans surprise, son amie ne savait pas non plus qui avait pu faire ça. Cela pouvait parfaitement être l’œuvre de jeunes inconscients qui cherchaient à se divertir au dépend d’autrui. Après tout, il y en avait bien qui jetaient des pierres de ponts d’autoroute sur les voitures, au hasard. Pourquoi pas là ? Mais Kath semblait cependant avoir sa propre opinion sur le sujet.

Elle entreprit donc d’exposer ses idées à Regan, tout en compulsant une carte du parc national. Regan regarda la carte à son tour, écoutant attentivement son amie. Elle ne manqua pas d’arquer un sourcil circonspect lorsque cette dernière évoqua une éventuelle vengeance d’un ancien suspect ou autre. « Mmmh…. Je vais déjà commencer par me renseigner auprès des services d’urgence et des dépôts de plainte récentes si il y a déjà eu d’autres cas similaires au tiens, avant de monter au créneau. » Elle chercha le regard de son amie. « Je tiens à écarter aucune éventualité, crois moi. J’irais faire un tour là où tu as eu ton accident, histoire d’examiner les lieux de plus près. Peut-être que ta présence dérangeait quelqu’un, tout simplement. Le tout serait de découvrir pourquoi. » La topographie des lieux était propice aux diverses cachettes et embuscades, c’était un fait. Elle savait en connaissance de cause de les endroits un peu isolés comme ça pouvaient être propices à des trafics en tout genre. « Je vais prendre contact avec les rangers du parc. Peut-être pourront-ils nous éclairer. » Elle y avait notamment une amie, Belly, ex flic de son état, qui y travaillait. « Il faudrait que tu me racontes tout ce dont tu te souviens. Au détail près. »