All delighted people

out of the forest, i come with my flowers

1. J'ai sauté une classe quand je suis arrivée au collège. Avec du recul, on se dit que c'est peut-être pour ça que j'ai été harcelée, mais ce ne sont dans tous les cas que des suppositions.
2. J'ai longtemps été complexée par mon absence de formes féminines. Avec le temps, j'ai appris à aimer mon corps et, d'ailleurs, c'est d'autant plus le cas depuis que j'en ai besoin pendant mes horaires de travail.
3. J'adore les habits. Si je suis du genre à ne pas être dépensière et à surtout penser au fait de faire autant d'économies que possible, quand je fais du shopping, je suis difficile à arrêter.
4. J'adore la lecture mais, par contre, je suis très difficile en terme de type de lecture. Je déteste les polars et les thrillers. Par contre, j'adore les romans à l'eau de rose et les livres de science-fiction.
5. Je suis extrêmement proche de ma famille. Malgré qu'ils soient encore au Texas et que je sois dans le Maine, c'est toujours eux que j'appelle en premier quand j'ai quelque chose d'important à dire.
6. Si pendant longtemps, il était difficile pour moi de vraiment imaginer mon futur, maintenant je le fais très facilement. La seule inconnue, c'est la personne qui sera à mes côtés pendant ce dernier.
7. Quand j'étais encore une "rookie", j'ai tout fait pour faire mes preuves. Ceci dit, j'ai eu beaucoup plus de facilité à m'intégrer à Bar Harbor, par rapport à Austin.
8. Tatouée, j'ai mis du temps avant de sauter le pas. Pendant très longtemps, je me disais que jamais je ne trouverai de design que j'accepterai d'avoir sur mon corps pour toujours. Depuis, j'en ai eu deux: un sur le bras droit et un sur la cheville gauche.
9. Je suis addict au café. J'ai conscience que ce n'est pas nécessairement très bon pour la santé mais je n'y peux rien, j'adore ça. Mon meilleur investissement, d'ailleurs, est probablement la cafetière que j'ai achetée il y a quelques mois maintenant, celle qui passe par le broyage de grains.
10. Joueuse de D&D depuis l'adolescence, j'ai d'abord commencé en ligne puis, quand j'ai eu le courage de le faire, j'ai fini par laisser tomber les sessions en ligne et j'ai osé assister à des séances en présentiel, ce qui m'a d'autant plus m'attacher au concept des jeux de rôle. Dès que ça a été possible, j'ai également rejoint un groupe à Bar Harbor.

1991 - 2001 (naissance à 10 ans) - Je suis la première et dernière enfant des Elridge. Mes parents avaient toujours voulu fonder une famille et, malgré quelques petites difficultés, ça avait fini arriver. Je ne peux pas prétendre avoir manqué de quoique ce soit quand j'étais petite. Mes parents m'aimaient, me gâtaient sans pour autant en faire trop et, surtout, ils m'aidaient à m'ouvrir aux autres. Ce n'était pas nécessairement compréhensible au début, surtout pour mes parents qui ne connaissaient pas nécessairement les signes, mais ma timidité et mon anxiété étaient déjà visibles quand j'étais enfant. Il n'y avait pas eu le moindre élément extérieur qui avait causé tout ça, mais disons tout simplement que j'avais du mal avec les autres. Je n'aimais pas me mettre en avant, au contraire et, surtout, je me sentais vite "en danger", comme si j'étais bien trop conscience, même enfant, que n'importe qui pouvait me briser sans la moindre difficulté. Malgré tout, grâce à l'aide de mes parents j'avais réussi à m'ouvrir un peu. Ils avaient demandé des conseils à notre médecin de famille et, au début, avaient refusé que je vois un psychologue. Ils ne voulaient pas prendre le risque de me brusquer et, avec du recul, je ne pouvais que les remercier. Parce qu'au final, notre façon de faire, elle avait fonctionné. Elle n'avait pas été idéale, évidemment, mais elle avait été suffisante, à minima les premiers temps, et c'est tout ce que mes parents -et moi, d'une certaine manière- pouvions demander.

2002 - 2005 (11 à 14 ans) - L'arrivée au collège a, pour moi, été un moment clé. Mes études, même si très générales, me plaisaient énormément. Je me sentais complètement à ma place en classe et, au final, ça m'avait permis d'apaiser l'angoisse et la timidité résiduelle qui continuaient de me ronger. Les cours étaient vite devenus une forme de refuge pour moi, même si je ne l'avais pas identifié comme tel à ce moment-là. Le problème, c'est que ça aurait été un peu trop simple comme ça. Les premiers de la classe -parce qu'au final, c'est ce que j'étais-, ça attire parfois les représailles. Assez rapidement, j'ai été la cible de quelques critiques, mais sans plus. Au début, ça ne me dérangeait pas, je préférais faire sans. J'avais, malgré tout, un noyau d'amis solides, alors je ne craignais rien, pas vrai ? Peut-être que si, finalement. Sans savoir expliquer comment, j'ai fini par finalement me retrouver seule. Mes amis -ou ceux que je considérais comme tels- ont fini par me laisser tomber parce que, d'après eux, ils devenaient trop la cible des critiques, le tout à cause de moi. La solitude n'a pas été facile à gérer et, malgré que je me réfugie d'autant plus dans mes cours, mon anxiété n'a fait que se décupler, finissant par atteindre un niveau largement supérieur à celle dont je souffrais quand j'étais gamine. Mais j'avais un seul espoir: me dire que les choses finiraient par se calmer une fois que j'arriverai au lycée. Après tout, il n'y avait pas de raison que ça continue comme ça, si ? Sauf qu'évidemment, il y avait eu le saut de classe qui était passé par là et, sans surprise, ça n'avait pas aidé. Alors une fois au lycée, évidemment.. Disons que ça avait continué.

2006 - 2008 (15 à 17 ans) - A vrai dire, c'est même pire que ça, ça a plutôt empiré, ou en tout cas mon ressenti a empiré. La solitude a fini par être totale et, surtout, les rumeurs s'enchaînaient. Elles étaient, pour la plupart, sans queue ni tête mais, apparemment, elles étaient suffisamment "crédibles" pour que des personnes qui ne me connaissaient absolument pas les prennent au sérieux. Mais heureusement, il y a eu un projet qui a vu le jour, nous proposant d'avoir des échanges épistolaires avec des élèves d'un autre lycée, un lycée de Los Angeles. Je n'ai pas hésité bien longtemps, l'anonymat de ces échanges pourraient me faire du bien et, dans tous les cas, même sans anonymat, ce n'est pas comme si le ou la destinataire de mes lettres risquait de savoir qui j'étais, même avec mon nom. Et au final, c'était une bonne chose. Une lettre s'est rapidement transformée en de nombreuses lettres, puis en l'échange de numéros de téléphone. Les SMS se sont échangés, tout comme les appels et, rapidement, mon distinataire d'abord anonyme était devenu mon meilleur ami. Il s'appelait Benjamin Sterling, vivait à Los Angeles et, d'une manière ou d'une autre, me comprenait mieux que qui que ce soit d'autre. Il m'a aidé à supporter la fin de mes années lycée, probablement sans même réellement le savoir, parce que ce n'est pas un sujet sur lequel j'ai pu m'ouvrir facilement. Rien que pour ça, mes années lycée sont passées des pires années de ma vie à des années plus agréables, sans pour autant devenir les meilleures de ma vie.

2009 - 2012 (18 à 21 ans) - La sortie du lycée n'a pas été évidente, mais d'une manière différente. Si j'avais longtemps fait en sorte d'éviter le sujet des études supérieures, décidant de m'inscrire dans une fac de lettres, j'avais fini par décider de crever l'abcès. Mes parents étaient tout pour moi et, à mes yeux, je ne pouvais pas leur mentir plus longtemps, surtout maintenant que j'étais sûre de moi. Alors je leur ai expliqué que l'université n'était là que pour me donner les crédits nécessaires pour rejoindre l'académie de police. Leurs réactions ont été.. Difficiles, mais attendues. Evidemment qu'ils ne voulaient pas que je rejoigne la police, parce que c'était dangereux. Pourtant, ils n'allaient pas jusqu'à me l'interdire, mais disons qu'ils m'avaient donné leurs avis avec beaucoup de détermination. Mais ça n'a rien changé. J'ai rejoint la fac de lettres, l'académie toujours dans un coin de ma tête. J'ai adoré mes années à l'université, évidemment, je trouvais mes cours tellement intéressants. Mais à la fois.. A la fois, il me manquait quelque chose, il me manquait ce que je voulais vraiment faire : être flic. Alors dès que j'ai eu mon diplôme en main, alors que mes professeurs me demandaient vers quel master j'allais me tourner, j'avais arrêté la fac.

2013 - 2017 (22 à 26 ans) - L'académie de police, tout comme mes premières années dans les forces de l'ordre, a été un rêve qui devenait réalité. Evidemment, ce n'était pas toujours facile, mais c'était exactement ce que j'avais attendu. L'accueil, par contre, n'a pas été le plus chaud. Ceci dit, le fait que je n'attende plus grand chose de qui que ce soit avait aidé, donc j'avais fait avec. Mais le tout avait fait naître une volonté des plus fortes en moi : celle de faire mes preuves. A l'académie, je m'étais acharnée, même dans les domaines dans lesquels j'étais plus "faible". De la même manière, une fois dans un des postes de police d'Austin, j'avais tout fait pour faire mes preuves et, si possible, dépasser les attentes de ceux qui étaient en charge de ma formation. Encore aujourd'hui, je ne saurais pas dire si ça avait réellement fonctionné, l'expression de leur point de vue n'étant pas nécessairement des plus.. Explicites, disons. Mais le fait que je sois officiellement devenue officier de police et que, à mon tour, je puisse former des "rookies", m'avait suffit, comme expression. J'étais officiellement dans les forces de police et, clairement, rien ne pourrait m'arrêter.

2018 (27 ans) - Je n'avais jamais pensé à déménager, avant. Pour moi, ma vie était et serait toujours dans la ville d'Austin. Mais j'avais rencontré quelqu'un, quelques années plus tôt, et le quelqu'un en question avait été muté dans la petite ville de Bar Harbor. J'avais hésité à le suivre, évidemment, réfléchissant au pour et au contre de cette histoire. Mais à la fois, je n'avais clairement pas assez confiance en moi pour croire au concept des relations à distance et, surtout, j'étais folle de lui, réellement folle de lui. Pour moi, c'était le grand amour et, surtout, celui qui était à ce moment-là mon petit-ami depuis un peu plus d'un an, disons qu'il était le bon. Alors j'avais sauté le pas. Je m'étais renseigné auprès du commissariat où je travaillais sur la manière dont les choses pourraient se passer pour que je rejoigne un commissariat dans un autre Etat et, heureusement, tout avait été possible, ou rendu possible, pour certains détails. D'un coup, on était tous les deux en route pour Bar Harbor, me séparant officiellement de ma famille ce qui, évidemment, avait causé beaucoup de larmes, autant de leur côté que du mien. Mais j'avais tout ce dont j'avais besoin pour être heureuse.

2019 - 2023 (28 à 32 ans) - Mon intégration au poste de police de Bar Harbor a été simple, ce qui m'avait pas mal étonnée, d'ailleurs. J'avais été accueillie à bras ouverts et, après un peu de temps, j'avais osé croire à une chose à laquelle je n'aurais absolument jamais osé croire : peut-être que Bar Harbor pourrait réellement devenir mon chez moi ? Les journées se sont retrouvées à passer bien plus rapidement que quand j'étais à Austin et, surtout, j'avais d'autant plus de raisons d'être heureuse. Tout se passait bien dans ma vie, mes économies se formaient et, malgré la distance, j'arrivais à voir mes parents assez fréquemment. Au final, la cerise sur le gâteau est arrivée au moment où Benjamin est arrivé à Bar Harbor. Je lui avais parlé de la ville quand il avait parlé du fait qu'il songeait quitter Los Angeles mais, évidemment, ça restait très... Abstrait ? Oui, probablement. Alors quand il m'a dit qu'il arrivait, et d'autant plus quand il est réellement arrivé en ville, bon sang que j'ai été heureuse. En plus d'avoir mon petit-ami avec moi, ainsi qu'une équipe au boulot qui était extraordinaire, j'avais la chance d'avoir mon meilleur ami en ville. En somme, j'en étais cette fois sûre, je ne pouvais rien demander de plus. La seule chose que je voulais, c'était continuer de progresser dans le domaine de la police. Il était encore trop tôt pour officiellement penser au fait d'être gradée mais.. Oui, évidemment que j'y pensais et, bien rapidement, ça a fini par "m'obséder". J'étais déterminée et, même si je ne pouvais pas prétendre savoir que ça marcherait, j'étais décidée à faire tout ce qui était en mon pouvoir pour faire en sorte que ça fonctionne.

2024 (maintenant) - Mais d'un coup, tout s'est effondré. Là où j'avais commencé à penser au mariage, mon petit-ami s'était lassé et, d'une manière ou d'une autre, il avait fini par me tromper. Ce n'était arrivé qu'une fois et, au moins, il m'en avait parlé directement, mais le mal était fait. Des années de bonheur et de confiance avaient été traînées dans la boue et, bien rapidement, on avait tous les deux pris la décision de se séparer. Ca n'a pas été facile, évidemment. Je me retrouvais dans la ville que j'avais rejoint pour lui... Sans lui. Evidemment, il était encore en ville, mais ce n'était pas pareil. Pourtant, jamais au grand jamais je ne me serais vue quitter Bar Harbor. D'une manière ou d'une autre, cette ville était devenue mon chez moi, bien plus que la ville dans laquelle j'avais grandi qui, pourtant, avait toujours été mon chez moi. Alors j'avais décidé de rester et, maintenant qu'on est quelques jours plus tard, j'ai enfin mon propre logement et, même si c'est difficile, je me dis que peut-être qu'un jour, je pourrai tourner la page.