All delighted people

J’écoutais avec une attention sincère les paroles de Christy. C’était un excellent projet que de restaurer la maison dans laquelle elle vivait. Il est vrai qu’il y avait quelque chose d’excitant à donner un coup de jeune ou effectuer un changement à des lieux resté trop longtemps fixés dans le temps. Puis j’en vins à lui confier mon envie de faire l’acquisition d’une voiture. J’employais les services d’un chauffeur en ce moment, mais cela faisait trop guinder pour Bar Harbor. De plus, conduire me manquait.

J’esquissai un sourire lorsqu’elle serra ma main dans la sien. Un geste tendre et amical qui me fit du bien, m’arrachant à mes quelques pensées nostalgiques. Elle me questionna sur la première soirée caritative à laquelle je l’avais aidé à se préparer. Un lointain souvenir mais encore bien présent dans mon esprit. J’opinai du chef. Mon sourire s’élargit un peu plus, touchée par sa demande.

« Bien sûr que je m'en souviens. C'était une journée mémorable. Et je serais ravie de refaire ça pour Melinda. Elle a de la chance d'avoir une mère comme toi, prête à tout pour que ses événements spéciaux soient parfaits. »

Je pris une gorgée de ma boisson chaude avant de la questionner davantage sur ses attentes. « Tu penses à un thème particulier pour sa tenue ? » Passer du temps dans les boutiques c’était une véritable passion. J’adorais la mode et confectionner des tenues avec soin encore plus. La confiance en mes goûts et en mon expertise me touchait vraiment. « Il y a quelques boutiques en ville vraiment très chouette et si on ne trouve pas notre bonheur on pourra toujours se rendre à Portland ! »

J’écoutai attentivement mon ami, ressentant la profondeur de ses émotions qui accompagnaient ses souvenirs douloureux. La perte d’un père et d’un compagnon n’était jamais une chose aisée. J’avais moi-même connu le deuil et l’un de était survenu récemment, laissant une trace douloureuse au sein de mon cœur. Christy avait su rester forte pour ses enfants et leur offrir une stabilité émotionnelle. Je pris une gorgée de ma boisson chaude, profitant de la chaleur réconfortante avant de reprendre. « Si elle veut explorer différents styles, je serais ravie de l’emmener à Portland et de lui faire cadeau de sa tenue. Je ne suis jamais contre de dépenser mon argent pour de belles tenues. » Je souris, amusée.

Christy me connaissait assez bien pour savoir que la mode avait une place importante dans ma vie. Chacune de mes tenues étaient choisie avec soin et chez les plus grands couturiers. J’avais besoin de me sentir bien dans mes vêtements pour me sentir bien dans ma tête. Certaines femmes ne juraient que par la chirurgie esthétique, moi je dissimulais mes imperfections sous des marques de créateurs.

J’hochai la tête en signe de compréhension quand Christy me parla de Bangor. J’avais eu de la chance d’avoir été dans le cercle des élèves populaires. Beaux et friqués, mes amis et moi nous étions adorés ou jalousés de beaucoup de nos camarades. Je reconnaissais avoir eu une scolarité plus favorisée que certains, échappant à du harcèlement scolaire. Peut-être un peu honteuse de cette chance, je ne répondis pas directement à ses propos. Je déviai la conversation sur ton bien être.

« Et toi ? Comment te sentes-tu, vraiment ? » Elle venait de me confier que le décès de son mari avait bouleversé sa fille. « J’espère que tu prends soin de toi aussi. C’est important de s’accorder du temps. » Je n’avais pas d’enfants mais j’avais entendu bien souvent des parents dire qu’ils se faisaient passer en dernier, derrière le bien-être des enfants, s’oubliant parfois eux-mêmes. Puis un jour, le vase débordait et cela pouvait amener au drame. Je ne souhaitais pas que cela arrive à mon amie.

Je la laissai me répondre avant d’ajouter. « Il faudra qu’on se fasse un diner avec tes enfants, un jour prochain. Je pense que le plus simple sera que tu me fournisses ton emploi du temp. » Je finis ma boisson chaude que je reposai sur la table. « J’ai des horaires de bureau maintenant, mais toi avec ton travail à l’hôpital, tu dois avoir des horaires assez fluctuants, non ? »

J’écoutai attentivement mon amie, sentant que Christy s’ouvrait même si elle préférait change de sujet pour alléger la conversation. J’hochai légèrement la tête lorsqu’elle évoqua ses difficultés depuis la perte de son conjoint Eric. Quatre ans, c’était à la fois peu et beaucoup. Le temps n’effaçait jamais complètement une douleur. J’en savais quelque chose … « Je suis contente que tu puisses aller de l’avant, même si c’est parfois difficile. Sache en tout cas, maintenant que je suis en ville, si tu as besoin de parler je reste disponible. »

Je souris avec douceur, laissant Christy terminer sa gorgée de café. Puis je repris en rebondissant sur son emploi du temps très chargé. « Je voulais dire que tu dois avoir des horaires souvent changeant, avec des gardes ? Pas comme moi avec mes horaires de bureau. Je commence toujours à la même heure et je rentre chez moi quasiment toujours à la même heure également ! » Ce rythme n’était pas pour me déplaire. J’avais longtemps couru après le temps dans mon ancienne vie, et jamais après du bon temps d’ailleurs. Aujourd’hui, dans cette nouvelle vie, je levai le pied, et sauf en cas de réunion tardive, je savais que je rentrais toujours pour le diner. Au début, cela m’avait fait bizarre car j’avais comme une sensation de manque et d’ennui, mais maintenant je pense que je ne voudrais plus revenir à un tel rythme effréné.

« Oh Rebecca apprend le mandarin ? J’ai quelques notions. J’ai du prendre des cours pour mon travail dans la diplomatie. Je me suis rendue quelque fois en Corée, mais c’était pas pour le tourisme malheureusement. Mais le pays m’avait laissé une belle impression ! » Je passai une main sur les cheveux et me mit à réfléchir mentalement à mon planning de fin de semaine pour rebondir sur l’idée d’un diner. « Je suis assez disponible en ce moment. Je n’ai pas de vie de famille, et seulement un petit chien qui attends mon retour à la maison. Donc je m’adapte à tes disponibilités. Samedi me parait parfait ! Je suis impatiente de revoir les enfants ! »

Je laissai échapper un petit rire amusé en entendant Christy mentionner son envie de passer chez le coiffeur. Comment dire, c’était un peu toute mon histoire, un rituel auquel je m’adonnais religieusement. Il ne se passait pas un mois sans que je n’y aille pour entretenir ma coupe et m’assurer que chaque mèche était parfaitement en place. « Je te comprends totalement, Christy. Une visite chez le coiffeur, c’est presque comme une thérapie, un moment pour se reconnecter à soi-même. » répondis-je avec un sourire complice.

Je pensai à Rebecca et ne pus m’empêcher de sourire chaleureusement. « Et pour ce qui est de Rebecca, rassure-toi, son style ne m’embarrasse pas du tout, bien au contraire. Elle a une vraie personnalité, et j’adore voir des enfants qui osent l’affirmer sans se laisser influencer. Ça dénote une belle confiance en soi, c’est inspirant. » J'aimais cette idée que Rebecca puisse trouver sa voie et son propre style à un âge aussi jeune, et je ressentais une profonde admiration pour le soutien que Christy lui apportait.

Lorsque Christy mentionna Eric et sa nouvelle relation, je hochai la tête, touchée par l’émotion dans sa voix. « Tu dois être si fière de lui. Voir ses enfants grandir et prendre leur envol est certainement l’un des plus beaux accomplissements en tant que parent. Et ne t'inquiète pas, ton secret est bien gardé avec moi. » ajoutai-je en souriant, consciente de l'importance du respect de la vie privée dans de tels moments. Le côté protecteur de Christy, souhaitant respecter la volonté d'Eric, reflétait encore une fois toute la bienveillance qu'elle portait à sa famille.

« Eh bien, tout cela me donne encore plus envie d’être samedi. Je suis impatiente de revoir tes enfants et de partager ce moment ensemble. » déclarai-je avec enthousiasme. J’imaginais déjà cette journée pleine de rires et de conversations, entre découvertes et complicité retrouvée. Je terminai ma boisson, la chaleur réconfortante du café semblant résonner avec l’atmosphère agréable qui s’était installée entre nous. « Et qui sait, peut-être que Rebecca voudra qu’on fasse un petit détour par le salon de coiffure, histoire de peaufiner un peu son style. Après tout, on n’est jamais contre une petite touche de nouveauté, n’est-ce pas ? »

Je regardai Christy, sentant combien il était précieux de retrouver cette complicité d’antan, cette connexion qui ne s’était jamais réellement effacée malgré les années et la distance. Notre conversation, pleine de légèreté, de souvenirs partagés et d'anticipation des moments à venir, me rappela combien il était essentiel de cultiver les relations qui comptent vraiment. Ces moments ensemble, loin du tumulte de nos vies respectives, avaient une valeur inestimable.

hrpg: