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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

La date du rendez-vous était arrivée... Inutile de préciser que cette date m'angoissait depuis plusieurs semaines déjà.
Pas le fait que Athenais ait rendez-vous avec son avocat. En fait c'est une bonne chose que toute cette affaire soit bien encadré d'un point de vue juridique. En vérité c'est plus l'avocat en lui même qui me tenait en soucis. Venant lui même de Floride, chacun de ses allés et venu représentait a mes yeux un risque potentiel. C'était un homme de loi, pas un homme de terrain. C'est d'ailleurs pour cette raison que ses entrevues se passaient toutes à une certaine distance de Bar Harbor, et jamais au même endroit.
Le point positif dans tout ça ? C'est que c'était a moi de choisir le lieux. Pour ne rien cacher à personne, j'ai toujours eu tendance a faire dans l'excès si on en crois les dire de certains collègues de l'époque. Certains étaient du genre a préférer les bars miteux, quand d'autres se plaisaient d'avantage dans les sous sol d'une entreprise. En ce qui me concerne, j'ai repris un des dictons préféré de mon père. "Plus c'est gros, plus ça passe." Le meilleur moyen de dissimuler un détail étant de le rendre invisible au milieu d'autres choses. Alors comme lui, j'avais pris le coup de réserver de belles résidences de plaisance. De plus Athenais avait déjà eu une vie bien assez angoissante jusqu'ici, hors de question de la faire fréquenter des endroits douteux. Si au moins ces rendez-vous secrets pouvaient avoir l'air de vacance, ce n'était qu'un plus non négligeable. Puis, de toute manière la facture passera en note de frais, alors pourquoi est-ce que je nous priverais d'un peu de confort.

Pour ne pas éveiller les soupçons, je réservais toujours sur plusieurs jours. Comme un "long week-end", par ce que personne ne réserve une maison de ce genre aussi éloigné de tout pour seulement une journée. Alors oui, pour certain ça pourrait passer pour de la paranoïa, en ce qui me concerne je considère simplement que c'est mon travail de pallier à toutes les éventualités.
C'est aussi pour cette raison que je changeais de voiture, mais aussi d'identité à chaque fois. Pour l'occasion j'avais loué une voiture, une toyota yaris cross grise. Un model banal dans l'ensemble loin des berlines noires aux vitres teintée qu'on associe généralement a ma profession. Mais de quoi avoir un certain confort pour elle pour faire la route jusqu'au Vermont.

C'est là bas que nous allons aujourd'hui, dans un petit cottage le long du lac Champlain.
Je suis donc passé cherché Athenais chez elle, enfin Aurora.
Le voyage aura été plutôt sympathique, j'ai toujours aimé conduire, faire de longs trajets. Il faut aussi admettre qu'a mon sens, elle est le genre de personne de très bonne compagnie. De quoi rendre les minutes toujours plus courtes que les précédentes. Au bout de quelques heures nous arrivons donc sur place.
En parfait gentleman je gare la voiture et sort pour aller ouvrir la portière a la jeune femme. On ne remet pas en question l'éducation donné par un homme qu'on a pris pour model.

"Mademoiselle, nous sommes arrivés !" Annonçais-je alors en désignant la petite maison très sympathique d'un geste de la main.
Je m'étire un instant, faute de la route qui a engourdis quelques muscles, et prends une grande bouffée d'air frais. Je suis assez satisfait du paysage je dois dire.
D'un signe de tête je l'invite a aller découvrir les lieux. Même si, durant les premières heures au moins, je ne pourrais m'empêcher d'être aux aguets en permanence. sait-on jamais.
C'est alors que dans ma poche je sens mon téléphone vibrer. Sur l'instant je ne relève pas, je n'ai pas pour habitude de me laisser distraire par ce genre d'appareils. Je monte alors les quelques marches en pierre qui permettent d'atteindre le jardinet a hauteur du palier de la maison.

Déformation professionnelle oblige, je détail rapidement chaque petit endroit du secteur, avant de poser ma main sur la poignée de la porte pour l'ouvrir. Je remarque alors une bouteille de vin posée sur la table avec deux verres. Oui, forcément... C'est le genre de détails auquel il faut s'attendre quand on fait une réservation sur la fausse identité d'un couple. La méprise me fait sourire mais j'apprécie quand même le geste. Même si je ne suis pas censé boire pendant le travail.

" Je peux peut-être te proposer un verre pour te remettre de la route ?"  

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Sohan Law

Cela faisait plus de six mois que j’étais arrivée à BH après que ma couverture ait été dénoncée à ma famille. Sans surprise, celle-ci n’avait pas très bien pris le fait que j’avais révélé les agissements illégaux aux FBI. Du jour au lendemain j’avais dû quitter tout ce que je connaissais pour une nouvelle vie où tout serait à reconstruire. Les mois étaient passés, et si j’avais vécu dans l’angoisse les premiers temps, cela s’était apaisé petit à petit. Quand on m’avait annoncé devoir rencontrer l’avocat qui s’occupait de l’affaire, j’avais immédiatement eu l’estomac noué. Je me sentais en sécurité à BH. Le fait de devoir renouer avec la dangerosité de mon passé ne me rassurait pas. Si ma famille savait que ce rendez-vous avait lieu et où il avait lieu, il n’était pas impossible qu’il puisse retrouver ma trace …

Pour le maximum de précaution, Sohan, mon agent de liaison avait organisé la rencontre dans un lieu à plusieurs centaines de kilomètres de BH. Voyage en voiture, lieu de rencontre perdu dans la nature, il savait ce qu’il faisait et je savais que je pouvais avoir confiance en lui. Malgré tout, cette angoisse ne disparaissait pas complétement. L’un comme l’autre, on essaya de rendre le trajet agréable, le ponctuant de conversations et de petits jeux pour faire passer le temps. Puis, au bout de quelques heures, nous voilà à destination. Une charmante maison, au bord d’un lac. Je n’en revenais pas mes yeux, le cadre était magnifique. J’en oubliais presque, durant quelques secondes, la raison de notre présence. « C’est beau … » soufflai-je impressionnée. Si Bar Harbor avait une nature accueillante, celle qui était présente sous mes yeux l’était également !

Je regardai Sohan s’étirer et un petit sourire se glissa sur mes lèvres. D’un signe de tête il m’invite à découvrir les lieux. Je pris mon petit sac de voyage et le suivis à l’intérieur de la maison. Sur la table était posé une bouteille de vin avec deux verres à pied. Sans doute que lorsque Sohan avait réservé la maison, il avait indiqué que nous étions un couple faisant un weekend romantique. Ce serait une couverture des plus crédibles et cela m’amusa un peu. D’ailleurs, il me proposa un verre. Je grimaçai légèrement en secouant la tête négativement. « Malheureusement je ne bois pas de vin, je n’aime pas du tout ça. Mais je t’en prie, fais-toi plaisir. » Qu’il ne se privait pas de boire à cause de moi. Surtout que la bouteille était jolie, peut-être que ça voulait dire qu’elle était également bonne ?

Je posai mon sac près de la table et m’approchai de la baie vitrée qui donnait sur le lac. Nerveusement je passai une main sur mon cou, le regard perdu dans le vide. Je sentais mon estomac se tordre et une sensation de nausée m’envahit. « À quelle heure Mr Lestrange doit-il arriver ? » Je peinais à dissimuler l’anxiété qui tentait ma voix. Celle-ci était légèrement tremblotante, mal assurée. J’appréhendais cette rencontre et tous les risques qui pouvaient graviter autour. « Je me suis tellement fondue dans cette nouvelle vie que l’on m’a imposée, que j’en oublie parfois pourquoi je suis à Bar Harbor. Ce rendez-vous … » Je marquai une pause, sentant la nervosité nouer ma gorge. « … ça me rappelle que je dois faire face aux conséquences de mes actes … »

Je croisai les bras sur ma poitrine, laissant mon regard divaguer devant moi. Je vis quelques oiseaux décoller du lac. Je serais incapable de nommer l’espèce que je voyais. J’aurais aimé que tous mes problèmes s’envolent avec la même facilité qu’eux. Parfois je regrettais d’avoir aidé le FBI en me retournant contre ma famille. J’avais toujours naïvement cru que ma famille m’aimait assez pour ne jamais s’en prendre à moi-même si je collaborais. Puis j’avais déchanté. Quand on m’avait imposé ce changement d’identité et de vie, j’avais compris que je ne connaissais peut-être pas bien certains membres de ma famille. « Ça me rassure que tu sois avec moi. » dis-je timidement, en n’osant pas croiser le regard du jeune homme. En effet, sa présence était pour moi un gage de sécurité. Il m’avait fait la promesse de toujours me garder en sécurité, depuis le début de notre collaboration. A ce jour, il n’avait jamais failli.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

L’arrivée fut réussit, et j’avoue qu’en entrant dans la location, j’étais déjà satisfait de l’effet que l’extérieur avait eu sur Aurora. Ces rendez-vous, ils sont aussi là pour nous rappeler ce qui nous a conduit à Bar Harbor. Il faut admettre que parfois, je me complais assez facilement dans mon travail au sein de la police. A mon arrivé j’étais qualifié de « jeune prodige », la plus part se demandant comment un jeune comme moi pouvait déjà diriger son unité… Se faire une place avait été chose aisée. Si je n’étais pas tenue de rendre des comptes sur ma situation de manière hebdomadaire, parfois je pourrais moi même oublié que je suis agent de cette agence gouvernementale. Il paraît que ma couverture me va a merveille, je suis loin de dire le contraire.
J’ignore d’ailleurs si cette piqûre de rappeler est une bonne ou une mauvaise chose. Tant pour elle que pour moi ceci dit. Mais la cause est noble, nous avons pris de gros risque elle et moi a cette époque. Lorsque je me suis introduit dans son cercle familial en me présentant comme un prétendant pour la demoiselle. Puis elle, lorsqu’elle à décidé de venir en aide au F.B.I,  tout en sachant ce qu’elle risquait.
Cette affaire me tenait a cœur, plus que toutes les autres. Une affaire personnelle oui, une histoire de vengeance même. Mais je dois bien admettre que ce jour là, c’est comme si j’avais accepté l’idée de ne pas atteindre mon objectif de la manière que j’imaginais. Ce jour là je me suis revue discuter avec mon père de sa vision du travail. Protéger les innocent avait toujours été plus important pour lui que de traquer un criminel. C’est donc la promesse que j’ai faite à mon informatrice, la protéger de sa propre famille, quoi qu’il puisse arriver. Si je regrette parfois ? A aucuns moment, ce dépaysement n’aura pas eu de mauvaises répercutions sur moi, bien au contraire.

Je grimace, un peu déçue, quand elle m’explique ne pas aimer le vin, il fallait bien un point noir sur le tableau, et puis, il y aurait bien d’autres choses pour se rafraîchir qu’une bouteille de vin…  Je ne prends pas la peine de répondre que je suis censé travailler, et que l’alcool n’est pas plébiscité dans ce genre de situation. Je la regarde prendre place dans la maison, si mon travail est de la garder à l’œil, en étant totalement honnête avec moi même, je dois bien admettre que ça n’a rien de désagréable… Elle m’interroge alors concernant l’heure d’arrivée de son avocat – ndlr, on adore le nom – Mr Lestrange. Bonne question, machinalement je sors donc mon portable, en quête du message de celui-ci qui confirmerait son arrivée plus précisément.
Un message s’affiche, effectivement, il avait vibré quelques minutes plus tôt, mais je ne m’attendait pas a ce que ce soit déjà l’avocat. Je l’ouvre, un peu dubitatif et effectivement, je fini par comprendre pourquoi le message est arrivé si tôt. Il ne viendra pas, un mouvement de grève ayant poussé la compagnie Aérienne a annuler ses vols aux dernier moment.
Je m’apprêtais à annoncer la nouvelle à Aurora quand je l’entends a nouveau. Elle semble pensive, songeuse, devant cette fenêtre.Je sens bien l’angoisse qui semble abîmer sa voix. Y prêtant alors la plus grande attention.

Faire face à ses responsabilité n’est pas toujours une chose aisée, et je n’ai toujours pu que saluer le courage extrême dont elle sait faire preuve. Alors, aujourd’hui, il me semble tout a fait approprié de lui laisser le temps d’exprimer ce qu’elle ressens vis à vis de tout ça. Je décide alors de me rapprocher afin de pouvoir discuter simplement. Arrivé à sa hauteur, je ne peux retenir un petit sourie quand elle mentionne le fait que ma présence la rassure, c’est en soit largement suffisant pour me satisfaire. « Dis moi, cette nouvelle vie justement, elle te plait ? Je veux dire... » Je marque une petite pause pour trouver les bons mots. «  Tu te sens bien à Bar Harbor ? Tu sais, si il y a quoi que ce soit, je peux peut-être faire quelque chose. » A mon sens, veiller sur elle ne se résumait pas qua la garder en vie. Si l’endroit la dérangeait, si elle rencontrait le moindre problème, je ferais de mon mieux pour lui apporter mon soutien. « Tu as pris une décision que peut de personne aurait prise, mais a mon sens, c’est par ce qu’il y a trop de personnes qui n’ont pas ta bonté… Ça doit être difficile, mais tu as pris la bonne décision, n’en doute jamais Aurora. »

Je regarde également par la fenêtre, l’endroit est plutôt sympathique, c’est pourquoi une idée me vient soudainement en tête. Si pour une fois, la réservation de quelques jours servait entièrement ? Si pour une fois ils n’étaient pas là que pour rendre crédible notre couverture… « Maître Lestrange à annulé le rendez-vous… ses vols sont annulés. Je t’ai emmené jusqu’ici pour rien, je suis vraiment désolé. » Je tourne le visage dans sa direction, et poursuit. « Par contre, le cottage a été réservé pour trois jours… alors je me disais. Peut-être que tu voudrais prendre un peu de vacances? »  

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Sohan Law

Je le questionnai sur l’heure d’arrivée de mon avocat, anxieuse et aussi pressée d’en finir avec cette rencontre. Mes pensèrent se bousculaient et finalement je n’attendis pas la réponse de Sohan. Il se rapprocha de moi alors que je lui que parfois, j’oubliais les raisons de ce changement de vie que j’avais opéré. L’agent me demanda si je me plaisais dans cette nouvelle vie, si je m’y sentais bien. Je pris une profonde inspiration, réfléchissant à sa question.

« Bar Harbor est une ville agréable … C’est calme, les gens sont gentils. Seulement, vivre entouré d’un mensonge permanant parfois c’est assez lourd. » Je laissai échapper un soupir. « Mais ça pourrait être pire, je suppose. » J’esquissai un léger sourire.

Les mots de Sohan me réchauffèrent le cœur, même si la nervosité continuait de me nouer l’estomac. Avant que je ne puisse répondre, il poursuivit en m’annonçant que mon avocat ne viendrait pas. Son vol avait été annulé. Il s’excusa pour la route inutilement effectuée. Je sentis le poids en moi s’alléger considérablement. C’était une bonne nouvelle mais en même temps pas tant car je savais que ce n’était que partie remise. Ce rendez-vous aurait de nouveau lieu et mes angoisses reviendraient encore une fois au galop.

L’idée de rester ici, loin de Bar Harbor était séduisante. Je ne pu m’empêcher de sourire légèrement face à cette proposition. Mon regard se perdit au travers de la fenêtre. Je contemplai le lac tranquille, les arbres qui nous entouraient. Peut-être que c’était une chance à saisir pour oublier, le temps d’un weekend, le tumulte de ma vie. « Je crois que ça me plairait bien, en effet. » Je me retournai vers l’agent avec un sourire un peu plus prononcé. L’idée d’une déconnexion m’enthousiasmait. « Qu’est-ce que tu en dis qu’on aille découvrir les environs ? » Le domaine avec le petit lac méritait bien une petite balade. On avait en plus la chance d’avoir un temps clément alors autant en profiter.

Je récupérai ma gourde dans mon sac à dos, pris mes lunettes de soleil et sorti de la maison. Je ne pu m’empêcher de respirer profondément, me laissant envahir par un petit sentiment d’apaisement. On se décida par commencer notre vadrouille par le tour du petit lac. « Tu m’as demandé tout à l’heure si je me plaisais dans cette nouvelle vie … Mais toi ? Est-ce que ça te plait ? » Il avait lui aussi laisser une vie derrière lui pour rester auprès de moi. Continuer à assurer la pérennité de cette mission et par la même occasion ma sécurité. Je ressentais une certaine forme de culpabilité car à cause de mon histoire de famille, de mon implication, lui aussi s’en était trouvé impacté. C’était son travail, certes, mais tout de même cela ne devait pas être facile non plus pour lui de démarrer une nouvelle vie.

On s’approcha de la petite jetée en bois qui s’avançait sur le lac. Spontanément, je m’assis sur le bord, les jambes dans le vide. La semelle de mes chaussures effleura l’eau légèrement, provoquant une petite ondulation. Mes yeux se posèrent sur les deux pédalos amarrés. Une petite activité pour nous occuper … Je posai mon regard sur le visage de Sohan, pensive. A l’heure actuelle, il était la personne qui me connaissait le plus dans ma vie. Je n’avais aucun secret pour lui. D’ailleurs, parfois, cela m’intimidait qu’il en sache autant sur moi alors que l’inverse était loin d’être le cas.

Si nous avions eu des relations professionnelles quand je travaillais sous couverture au sein de l’entreprise familiale, notre relation avait changé pour quelque chose de plus amical depuis que j’avais intégré le programme de protection des témoins. Néanmoins, il restait quand même un grand mystère pour moi. Mes yeux croisèrent les siens et comme s’il avait été possible qu’il puisse déceler que je pensais à lui, je me sentis légèrement gênée. Je passai une main dans mes cheveux avant de reporter mon attention sur le lac.

« Comment tu fais pour rester toujours sous contrôle ? Parfois j’ai l’impression que rien ne t’atteint, comme si rien n’était si grave et que tu tout avait un plan b qui allait tout résoudre … »

J’admirais sa force tranquille.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

Je me souciais véritablement du bien être de Aurora, la vie qu’elle a mené avant Bar Harbor n’avait rien de classique. J’espérais simplement qu’elle pourrait trouver dans cette petite ville un peu de sérénité. Dans un monde parfait, j’aurais souhaité entendre que tout va pour le mieux, qu’elle se plaît ici plus qu’ailleurs. Mais soyons honnête, elle comme moi n’avons pas été habitué aux contes de fée. Nos histoires respectives nous ayant poussées a prendre les différentes décisions qui nous ont conduits a la vie que nous menons aujourd’hui. Je ne suis pas certain de pouvoir dire que nous avons choisi notre voie. Le destin aura décidé pour nous la plus part du temps, je pense que nous avons simplement fait de notre mieux pour nous sentir honnête envers nous même. Des choix parfois difficile certes, mais qui n’ont rien de regrettable a mon sens. Pour ma part en tout cas, je suis plutôt fière d’avoir décidé d’encadrer en personne son programme de protection. Si j’ai du abandonner mon objectif premier, celui de venger mon père, je suis intimement convaincu que celui-ci serait fière de ma décision. Après tout… il n’était pas le genre d’homme a prôner les vertues de la vengeance.

Je tiens a lui dire ce que je pense vraiment, de son courage, de ses actions. Je pèse mes mots pour faire preuve d’un maximum de sincérité. C’est d’ailleurs sûrement ces quelques mots échangés qui me donnent l’idée de faire durer notre séjour ici malgré l’absence de l’avocat. Elle mérite bien un peu de temps pour elle, une pause, ou elle aurait le droit d’être elle même. Sans mensonges, et sans risques. Je mettrais encore un point d’honneur a ce que ce deuxième point soit vrai. Elle avait déjà pris tant de risque, pour la « bonne cause ».
Je dois admettre que je suis vraiment satisfait qu’elle accepte ma proposition, et quand elle se tourne vers moi, le sourire au lèvre, j’admets que c’est tout simplement contagieux. C’est ce genre de sourire que j’apprécie vraiment voir sur son visage. Elle est devenue ma petite protégée par la force des choses, et je prenais ce rôle bien plus a coeur que je ne saurais l’admettre. Je lui rends alors sous sourire, alors devenu enthousiaste et particulièrement jovial en entendant sa proposition.

« C’est une très bonne idée, je suis certain qu’il y a de belles choses a voir par ici. »

Rapidement, nous sortons de la petite maison. La bouteille restant oubliée sur la table, et le restera sûrement. Une petite hésitation sur la direction a emprunter, et rapidement, nos pas nous guident en direction des rives du lac. Il faut bien admettre que la jeune femme et de très bonne compagnie. En fait, j’oublie facilement l’idée que je suis censé travailler a ses cotés. Elle pourrait avoir n’importe quel comportement désagréable avec moi, en vérité, je suis le reflet dans sa vie actuelle de tout ce qui l’a éloigné de son quotidien passé. Nombreux sont les collègues qui se font menés la vie dure dans ce genre de situation. Aurora est bien loin de ce genre de profil, et d’ailleurs, elle prouve a nouveau le contraire en me retournant la question que je lui ai posé quand nous étions à l’intérieur.

« Je n’ai pas a me plaindre... » Je marque une petite pause en regardant l’horizon, avant de poser mon regard sur la jeune fille. « Tu sais, je me suis porté volontaire pour venir avec toi, ça aurait pu être n’importe quel autre agent. De mon coté c’est un choix, pas une fatalité. Le travail que je fais à Bar Harbor est celui que je faisais avant de rejoindre enfin, tu sais... » Par principe, j’évitais toujours au maximum de parler haut et fort du F.B.I. Peut être une déformation professionnelle justement, au cas où des oreilles indiscrètes pourraient traîner dans les environs.

Le hasard nous mène sur une sorte de ponton en bois, et alors que j’observe la jeune femme s’asseoir au bord de l’eau, je me laisse charmer par le naturel de cette scène. Dans cette atmosphère paisible, la voir agir spontanément a quelque chose d’apaisant. Je restait un instant en retrait a la regarder, comme on regarde une fleure précieuse entrain de s’épanouir. Avant de finalement prendre la décision de la rejoindre. Je garderais cependant mes jambes un peu plus au sec, sans quoi la différence de taille ferait que j’aurais les pieds trempés rapidement.  Au bout de quelques instant, je sens le poids de son regard posé sur moi, si au début je fais mine de rien, la durée de l’action me pousse a tourner la tête dans sa direction. Rivant sur elle des yeux bienveillant, dans lesquels ont pourrait peut-être remarquer une étincelle de curiosité. Elle passe une main dans ses cheveux, et je n’avouerais même pas a moi même que je la trouve ravissante, là, perdue dans ses pensées. Mais je me retrouve bien vite perturbé par ses mots. « Permet moi de te dire que tu es loin de la vérité. » Annonçais-je pensif. Je place mes bras en arrière de mon buste pour me reposer sur eux, profitant de ce moment de calme pour laisser mon esprit vagabonder un moment. Non, véritablement, il y a beaucoup de choses capable de m’atteindre. L’une d’elle étant déjà particulièrement proche de moi a cet instant.

«Ce n’est qu’une façade, une déformation professionnelle comme on pourrait dire. Techniquement, je ne suis pas censé avoir le droit de laisser apairaitre le doute. Protéger, rassurer, serivir… Enfin… Tu vois l’idée. » Je pose de nouveau les yeux sur sa chevelure dorée, avant de décidé que ce ponton de bois saurait accueillir mon dos avec bien assez de confort et passe simplement les mains derrière ma tête. « C’est peut-être aussi le fait d’avoir perdu des personnes importantes, qui me pousse a relativiser sur beaucoup de choses. Mais bien souvent, je passe plus de temps a douter du plan A, c’est aussi pour ça que j’essaie de toujours envisager une autre solution. »

Je reste pensif, et finalement, je viens a me demander si c’était vraiment une remarque positive. Ce n’est peut-être pas toujours facile d’être entouré de personnes équipés d’une poker-face. Je redresse alors la tête pour la regarder a nouveau, un peu inquiet. « Aurora ? Je… est ce que ça voulait dire que, comment dire… enfin... » Je bute un peu sur mes mots, cherchant a exprimer le fond de ma pensé. Mais il semblerait que le quotidien m’ait déshabituer de ce genre de pratique. « Est-ce que tu ne me trouve pas assez expressif ? Trop renfermé peut-être ? »

J’avoue que j’étais particulièrement perturbé a cette idée. Il est vrai que parfois j’avais tendance à oublié l’idée de faire preuve de spontanéité, cherchant toujours à calculer, réfléchir, anticiper… Mais peut-être que ce séjour improvisé serait l’occasion de changer tout ça. Après tout, depuis le temps qu’elle me connaît, il serait légitime qu’elle souhaite en connaître d’avantage sur la personne que je suis vraiment au fond. Et cette éventualité, avait quelque chose de plaisant. Mais j’attendais simplement une réponse qui viendrait éclaircir cette sensation.   

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@Sohan Law

Je regardai Sohan, ses mots résonnant en moi. Il était vrai que nos vies respectives n’avaient rien de simple, et nos choix, bien que difficiles, nous avaient menés là où nous étions aujourd’hui. Il parlait avec sincérité et je sentais combien il lui était important de me garder en sécurité. Ses réflexions sur sa propre vie, sur les pertes qu’il avait subies et sur sa mission, me touchaient profondément.

Son assurance n’était qu’une façade. Il passait plus de temps à envisager le pire pour pouvoir mieux anticiper les situations alternatives qui pouvaient se présenter. J’esquissai un sourire. « Tu t’en sors franchement bien parce que je n’y vois que du feu. » Je m’allongeai à ses côtés, sur le ventre, les mains supportant ma tête. Je ne pouvais m’empêcher d’observer son air pensif. Il me demanda alors si je le trouvais trop renfermé, une certaine inquiétude dans ses yeux. Je secouai la tête négativement. « Je pense que tu fais ce que tu dois faire … pour me protéger. Et j’admire ça. »

Je le connaissais depuis maintenant trois ans. Durant deux années, nous avions eu des contacts épisodiques. Il me rencontrait seulement pour avoir les dernières informations sur le business de ma famille. Et finalement, hormis une relation de confiance, nous n’avions pas beaucoup tissés de liens. Les choses avaient un peu changé quand il avait été en charge de me déplacer à Bar Harbor et de superviser ma protection. Bientôt un an s’était écoulé depuis notre nouvelle vie. Il était devenu mon repère, un roc sur lequel m’appuyer quand je me sentais fragilisée. J’aurais aimé le voir comme un ami, mais ne serait-ce pas inconvenant de penser cela ?

« Parfois je me demande si c’est l’agent qui est avec moi ou juste Sohan. » soufflai-je doucement. « Je sais que d’être ici avec moi ça fait parti de ton boulot. Mais parfois … j’oublie un peu que tu es ici pour me protéger. Parfois, je te vois plus comme un ami sur qui compter. »

J’esquissai un sourire timide. Je regrettais un peu mes paroles. Peut-être que toute son attention envers moi était que de la conscience professionnelle. Peut-être qu’il allait me prendre pour une fille en manque d’amis. Je détournai mon regard pour le laisser vagabonder sur la nature autour de nous. Je l’écoutai me répondre sans croiser son regard.

Comme pour sceller cette révélation de ma part, je décidai de lui parler de quelque chose de plus personnel. « J’ai rencontré un garçon y a deux mois. J’étais au Blaze pour leur compta quand il m’a abordé. J’avoue que je déteste être dérangé pendant je travaille, mais là bizarrement … » Un faible rire s’échappa de mes lèvres. « Je me suis laissé aller à faire connaissance avec lui … Et je sais pas … mais ça match plutôt bien entre nous, alors je préférais t’en parler au cas où … »

Au cas où quoi ? En réalité, je ne savais même pas ce que je voulais. Enfin, si je le savais mais je ne voulais pas y penser car je ne pouvais me le permettre. J’aimais les histoires d’amour, j’étais un cœur tendre mais c’était trop dangereux d’inclure quelqu’un dans ma vie de façon aussi intime. Cette idée n’était donc qu’une vague et lointaine chimère. Je pris mon téléphone dans la poche de ma veste et lui montra une photo du jeune homme en question. « Il s’appelle Ethan … » Je me rendais compte que … « Je ne connais même pas son nom de famille. » Je laissai Sohan saisir mon téléphone pour regarder la photo. L’expression de son visage changea subitement. La curiosité avait laissé place à une expression de surprise et, je cru y déceler, une pointe de contrariété. « C’est un criminel ? » lui demandai-je sans détours. Étais-je tombé sur un type pas si fréquentable que ça ? Dans quoi m’étais-je fourré comme histoire ?

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

Je faisais ce que je pouvais pour la protéger, mais contrairement a elle, je ne trouvais pas ça forcément admirable. En vérité j’avais toujours cette impression de la protéger d’un danger que je l’ai moi même poussée a prendre. Alors oui, je prenais mon rôle très a cœur. Mais plus que sa simple survie, j’ai a coeur le fait qu’elle se sente bien dans cette vie, cette nouvelle vie. Voilà trois ans que nos destins ont été lié d’une manière assez brutale. Le choix de la vérité, celui que nous avions fait tous les deux au moment ou elle a pris le partit des forces de l’ordre. Et pourtant, aujourd’hui la voilà condamnée a mentir à tous les gens qui ont la chance de faire partit de sa vie. Pourra-t-elle vraiment s’habituer a cette situation un jour ? Je l’espérais vraiment. A moins que la seule solution ne soit que tous nos efforts ne soient pas vain, et que sa famille ne puisse plus jamais nuire a personne. A elle évidement, mais également aux civiles, comme ce fut le cas pour mon père.

Rester de marbre face à elle, faisait partit de ma mission. Mais la, allongé sur ce ponton je prends le temps de l’observer. D’une autre manière j’entends. Je la regarde sans évaluer les dangers potentiels, sans me soucier de rien d’autre. Rester de marbre… ne pas laisser transparaitre le moindre doute, la moindre émotion superficiel. Mais puis-je vraiment me permettre d’affirmer que elle, me laisse de marbre ? Je tente de chasser ces pensées volatiles de mon esprit. Non, Sohan, elle a déjà tellement donné pour t’aider, cette situation, les risques qu’elle a pris. Mon rôle est d’être la pour elle, tu n’as pas le droit d’envisager une quelconque réciprocité. Et certainement pas de ce genre là.
Pourtant a mes yeux, elle est bien plus qu’une simple victime a protéger. Puis, quand on regarde bien, quand on la connaît elle, sa force de caractère. Elle n’a absolument rien d’une victime. Bien plus, oui. Mais ne faisons pas preuve d’égoïsme. Une simple amitié, voilà tout ce que je suis en mesure de souhaiter, tout ce que j’ai le droit d’envisager. Et pourtant, en la voyant là, discutant avec elle allongés au soleil, au bord de l’eau, je suis forcé d’envisager que dans d’autres circonstances, j’aurais pu souhaiter bien d’avantage. Les mots qui sortes ensuite de sa bouche finissent par me donner des frissons. Se pourrait-il qu’elle devine mes pensées a force de me côtoyer ? A cette simple idée j’esquisse un petit sourire gêné, presque rougissant tout en lutant pour retrouver cette fameuse pokerface habituelle.

« Agent, ce n’est qu’un job. Mais je suis toujours Sohan... » Commençais-je, pensif, cherchant a trouvé les bons mots pour ne pas paraître trop avenant alors que mon cerveau semble avoir décidé de me mettre dans une situation délicate. «  Tu sais, j’aurais pu laisser un autre agent s’occuper de ta protection, de ce programme et de tout ce qui va avec. Je ne te l’ai peut être pas dit, par ce que je n’en ressentait pas vraiment la nécessité mais… C’est moi qui ai fait la demande, par ce que justement je souhaitais que tu sois accompagné de quelqu’un en qui tu peux avoir confiance. » Je me redresse légèrement et fini par croiser son regard turquoise, erreur de débutant quand on essai de chasser des pensées aussi intrusives que les miennes il y a quelques secondes. Je manquerais presque de bafouiller mais déglutit et me ressaisit. « Alors sache que tu peux compter sur moi, et.. enfin… Je serais particulièrement flatté que tu me considère comme un ami... »

Mais finalement, c’est elle qui balaiera de quelques mots mes pensées futiles. Rencontré un garçon ? Je l’écoute parler et tout, le ton de sa voix, son petit rire, la lumière dans ses yeux. Tout m’indique qu’il ne s’agit pas d’un simple mec rencontré au hasard… Un poids lourd semble s’installer dans ma poitrine alors qu’intérieurement je ne cesse de me répéter que c’est mieux ainsi, que je n’ai pas le droit de penser a moi ou a ce que ma petite tête osais imaginer. Je n’ai pas le droit d’être aussi égoïste. Mais si j’ai appris a éviter les dangers, a répondre à une fusillade, je n’ai visiblement pas assez bien entraîné mon cœur a résister a certaines situations.. La seule chose qu’il me reste c’est ma capacité à rester inexpressif comme elle le mentionnait tout a l’heure.

Elle sort son téléphone de sa poche et pianote sur l’écran quelques secondes avant de le tendre dans ma direction. Evidement je souris en entendant le prénom de mon petit frère, un coincidence pour me rappeler un peu a moi aussi ce que nous avons laissé derrière nous. Mais quand je prends son téléphone pour regarder la photo de celui qui avait la chance de faire chavirer son coeur, c’est le mien qui rate plusieurs battements. Je me redresse rapidement, fixant la téléphone avec la net impression d’halluciner. Mon calme légendaire semble m’avoir quitté et a peu de choses j’ouvrirais une bouche stupéfaite face au téléphone. Comment est-ce possible ? Mon cerveau tourne a plein régime, et un instant la déception laisse place au plaisir de constater qu’Ethan va visiblement bien. Mais pourquoi est-il à Bar Harbor ?

« Law… » soufflais-je pour répondre a sa question, de manière un peu mécanique sans lâcher la photo de mon petit frère des yeux une seule seconde. «  Il s’appelle Ethan Law. » Et pendant des années, jusqu’à aujourd’hui, il a toujours été la personne que j’aime le plus au monde. Celui que j’ai voulut protéger de la réalité du monde pendant tant d’années. Celui qui m’a donné la force de rentrer au FBI, celui qui m’a motivé. Celui pour qui j’ai chercher a venger la mort de notre père, lui qui était devenu l’ombre de lui même après le drame. « Ce n’est pas un criminel, un petit con parfois, un peu trop téméraire a d’autres moments… Mais il n’a jamais été une mauvaise personne. » Mes réponses restaient mécaniques, faisant appel a des souvenirs enfouis qui faisaient remonter des sentiments ainsi qu’une affection particulière.
Si le prix a payer pour retrouver mon petit frère était le fait qu’il soit avec la fille qui m’intéresse en secret, alors soit. Je devrais vivre avec ça, et si tous deux pouvaient être heureux, alors je n’aurais aucuns mal a les faire passer en priorité. Si Aurora est devenu le centre de mon attention à Bar Harbor, Ethan est mon sang, la seule famille qu’il me reste. Mais une question subsistait : pourquoi ici ? Sa présence pourrait-elle représenter un danger ? Quelqu’un aurait-il pu le suivre ou ? Non, je dois trop m’en faire. Je resterais sur mes garde mais me refuse a imaginer le pire. Pour lui, pour elle. Je me rends compte que mon attitude peut paraître étrange alors je lui rends son portable et décide de m’exprimer plus clairement.

« Il s’appelle Ethan Law, et c’est mon petit frère… Je suis juste.. surpris de le savoir ici. »

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

 @Sohan Law

Les propos de Sohan, concernant la mission qu'il avait acceptée, me touchèrent bien plus que je ne l’aurais imaginé. Savoir qu'il n'avait pas été simplement missionné pour conserver une continuité me donnait une nouvelle perspective sur lui. De son propre chef, il avait décidé de me suivre à l'autre bout du pays. Un sourire satisfait se dessina sur mes lèvres quand il me proposa explicitement de le considérer comme un ami. « Honnêtement, je pense que c'est déjà le cas... » Je ne voulais pas briser cette limite invisible entre nous, ni le mettre mal à l'aise. Cette conversation permit finalement de mettre des mots sur notre relation et d’éclaircir la situation.

Pour renforcer notre lien, je décidai de lui parler de ma dernière rencontre. Je lui présentai brièvement le jeune homme que je fréquentais depuis quelques mois, joignant une photo pour qu'il puisse l’identifier. Il compléta le nom de famille d'Ethan par le sien. Mon esprit s'embrouilla légèrement. Je regardai Sohan, la confusion grandissant en moi à mesure que ses mots résonnaient. Ce garçon était en réalité son frère. Cela me laissa sans voix pendant quelques instants. La surprise sur son visage était palpable, et pour la première fois, je vis une vulnérabilité chez lui qui m'était jusque-là inconnue. « Ethan Law… » répétai-je doucement, essayant de m'adapter à cette nouvelle réalité. « Ton frère… » Mes pensées tourbillonnaient, cherchant à comprendre toutes les implications de ces révélations. La situation devenait soudain plus complexe. « Sohan, je suis désolée, je ne savais pas… » Mes mots étaient sincères, teintés de confusion et de regrets. Comment aurais-je pu le savoir ? « Je n'avais vraiment aucune idée de qui il était. Si j'avais su… » Je laissai ma phrase en suspens. Si j'avais su, aurais-je agi différemment ? Certainement.

Je m'assis plus droite, tentant de rassembler mes pensées. J'étais gênée par cette situation. « Ethan ne m'a jamais parlé de toi, ni de votre famille. Nous avons simplement fait connaissance de manière assez superficielle, je dois dire. » Je pris une légère inspiration, sentant l'anxiété m'envahir. Je ne voulais pas que cette relation mette en péril notre collaboration et notre amitié. Je posai mon regard sur le visage de Sohan, cherchant un indice sur ce qu'il pensait réellement de la situation. Il semblait tout aussi confus que moi. Mon cœur battant dans ma poitrine ne semblait pas vouloir se calmer. Un silence pesant s'imposa, nous laissant quelques instants avec nos pensées respectives.

Ce moment ouvrit la porte à une multitude de questions. Comment avait-il retrouvé Sohan ? Était-ce une coïncidence ? Si ce n'était pas le cas, notre couverture était-elle en danger ? Ma vie à Bar Harbor était-elle compromise ? Comment être certaine qu'Ethan n'avait pas été envoyé comme leurre par ma famille ? Je sentis ma tête tourner et un sentiment de panique intense s'empara de moi. Je me levai d'un bond, posant une main sur ma poitrine. Je me sentais oppressée, commençant à manquer d'air. Tout s'était déroulé sans encombre depuis mon arrivée à BH, mais y avait-il maintenant un retour de bâton ? Je fixai le lac devant moi et commençai à compter mentalement pour calmer la crise d'angoisse qui s'intensifiait. Retenir sa respiration sur 7, puis relâcher sur 8. Il me fallut quelques minutes, pendant lesquelles le regard de Sohan ne me quittait pas, pour reprendre le contrôle de mes émotions. Je pris une profonde inspiration et relâchai toutes mes angoisses dans une longue expiration. « Je suis désolée. » M'excusai-je de nouveau. « Je devrais mettre un terme à tout ça… » dis-je dans un souffle empli d'incertitudes.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

J’étais encore stupéfait, il faut dire que je pouvais m’attendre a beaucoup de choses, mais pas à ça. Comment est-ce possible d’être aussi partagée émotionnellement ? Une part de moi souhaitant immanquablement retrouve mon petit frère, l’autre laissant apparaître une once incontrolée de jalousie. Un soupçon de je ne sais quoi qui me donne du mal a déglutir. Et pourtant, je sais tout l’amour que je porte a mon petit frère.  
Etonnament, entendre le nom d’Ethan dans la bouche de Aurora donnait une dimension plus réelle a ce qui était entrain de se passer à Bar Harbor. Si a plusieurs reprise j’ai affirmé a des criminels qu’on ne peut pas fuir son passé éternellement, qu’il y a toujours un élément pour nous rattraper je n’aurais jamais imaginé que cette règle pourrait s’appliquer a moi également.
J’entends la voix d’Aurora mais je met un petit moment a comprendre qu’elle semble s’excuser. Je met encore plus de temps à comprendre pourquoi. Mais le « et si » reste en suspends dans mon esprit. Je quitte un instant le bordel qui se passe dans ma tête pour poser un regard encore empli de surprise sur elle. Moi qui avait peur qu’elle ne me trouve pas assez expressif elle pouvait être servit. On a tous un point sur lequel on est plus sensible. Des situation plus déstabilisantes que d’autres. En ce qui me concerne ça a toujours été Ethan. Mon petit frère, j’ai toujours fait pour lui bien plus qu’il ne l’imagine pendait qu’on était en cour, et peut être même dans la vie au quotidien. Puis un beau jour, plus rien. Comme si a mon départ j’avais simplement constaté qu’il était capable de voler de ses propres ailes. Que Papa serait fière de ma décision. Mais la vision de cette photo fait remonter soudainement beaucoup trop de souvenir. Qu’était-il devenu ? Pourquoi était-il la ? Et une question que je préférerais adresser au destin plus qu’à mon frère car j’ai encore la crédulité de croire aux coïncidences : pourquoi l’avoir mis sur la route de Aurora ? « Et si tu avais su ? » Les mots m’échappent et je pourrais envisager de me gifler si ça m’aurait pas fait passé pour un fou.

Il est possible que je sente mon cœur se briser en entendant qu’il n’avait jamais fait mention de sa famille. Un égo peut être trop prononcé aurait espéré que nous représentions plus pour lui. Une mine contrarié prends le contrôle de mon visage. Pendant un moment j’ai presque du mal a regardé Aurora dans les yeux, comme si il était possible d’y voir trop de choses.
Je n’ai pas pour habitude d’apparaître vulnérable aux yeux des gens qui m’entourent. Peut-être avais-je peur qu’elle puisse voir des choses que je peine encore a comprendre moi même. Puis je pense a elle, a notre discussion justement. Au fait qu’elle méritait de vivre une belle vie. Et si aucun de nos liens du passé ne sont censé nous suivre au sein de ce programme, accepterais-je de mettre sous silence l’arrivée surprise de mon petit frère à Bar Harbor ? Pour leur bonheur…

Puis soudainement je me sens idiot, par ce que je vois bien que Aurora n’est pas au mieux non plus. Je me concentre sur moi alors que clairement, je ne suis pas la personne au centre de tout ça. Ou alors je ne veux simplement pas l’admettre. Je la vois se redresser, et comme magnétisé le mien suis le même mouvement. Je sens littéralement la panique qui émane d’elle et alors qu’elle se tourne vers le lac je n’ai de cesse de l’observer. Je remarque ce qu’elle fait, elle tente de maîtriser, elle contrôle du mieux qu’elle peut et je ne peux que l’admirer pour ça. Mais en fait je me met des barrières. J’aimerais simplement la prendre dans mes bras pour la rassurer, une attitude normale pour un ami non ? Mais j’ai peur d’être trop intrusif alors je la regarde, observe les mouvement de sa poitrine. Cherchant un instant ou le calme sera revenu, pour oser faire un pas en avant. Mais je n’en aurais pas le temps car finalement elle rompt le silence qui s’était un peu trop longtemps installé. Ses mots me touchent plus que je ne voudrais l’admettre, tout simplement par ce que je ne supporte pas de la voir comme ça. Alors autant faire le choix le plus responsable envers mes proches… Je pose une main sur son épaule, nos deux silhouette tournées vers le lac. A la seule différence que c’est elle qui m’inquiète, qui m’intrigue, c’est donc vers elle que mon regard est toujours dirigé. « Je peux savoir de quoi est-ce que tu t’excuses ? »

Je pousse a mon tour un long soupire. Le soupire d’une personne qui a enfin pris une décision, une décision qui pourrait être lourde de conséquence pour nous tous. Mais si une personne sur cette terre mérite de goûter au bonheur d’une vie normale, ce n’est autre qu’elle.  Une nouvelle grande inspiration, celle-ci pour me donner le courage de me lancer dans des paroles que je n’aurais pas imaginé prononcer. « Je n’ai pas vu mon frère depuis cette affaire, pas de contact, pas de liens. Je ne pensais pas le revoir de si tôt, du moins pas tant que la justice n’aura pas eu le dernier mot… C’est difficile a dire, mais avant toi, je n’avais plus que lui. » Je lève les yeux au ciel songeur, serais-ce l’ombre d’une larme retenue qui vient me donner cette sensation de brûlures sur les iris ? « Alors, cocasse pas vrai ? Certaines personnes s’amusent a présenter les personnes les plus importantes de leur vie en espérant voir une étincelle apparaître. Il faut croire que le hasard a décidé de faire ce choix pour moi hein. » Je tente de faire croire que je plaisante sur le sujet, et bordel ce que j’ai l’impression d’être sarcastique pourtant, et a l’inverse j’ai l’impression que ma gorge se serre en même temps.

« Aux dernière nouvelles, Ethan n’a jamais été une mauvaise personne. Disons simplement qu’on a vraiment pas eu de chance dans la vie. J’ai fait face aux évènements a ma manière, lui a la sienne… Enfin je crois… J’ai même pas la prétention de savoir réellement ce qu’il en est dans sa tête maintenant. Mais j’ai toujours été sur d’une chose : il mérite d’être heureux. » Je quitte enfin la ligne d’horizon du regard, ayant remporté la partie sur ces émotions qui voulait prendre le contrôle. «  Et comme je le disais dans cette petite maison, tu le mérites aussi. Tu as le droit de te sentir bien dans cette vie. »
Je n’en reviens pas des mots qui vont sortir de ma bouche.  Comme si soudainement j’avais envie de lui dire tout l’inverse, et bien d’autres choses encore. « Si c’est vraiment le hasard, peut être que pour le reste du monde je peux faire comme si je n’avais jamais vu cette photo… Ou peut être que je ne pourrais pas me retenir d’aller le voir, et que je déciderais simplement de cacher son arrivée ici a ceux qui gèrent. Mais Aurora, tu as déjà fait beaucoup de sacrifices tu ne crois pas ? Alors si il te plaît… on pourrait peut être vous laisser ça ? » Puis Ethan était de mon sang, j’avais peine a envisager qu’il puisse blesser Aurora. Naïveté ou stigmate de mon égo que je transfère sur mon petit frère ? Mais a cet instant, le seul problème que je voyais dans cette idée ne concernait que mon ressentit personnel. J’espérais juste ne jamais trop regretter de la pousse dans les bras de mon cadet...[/b]

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Sohan Law

Je sentais que je venais de créer une situation terriblement inconfortable. L’atmosphère avait subitement changée, devenant plus lourde, plus inquiétante. J’étais moi-même prise d’une crise d’angoisse. J’avais du mal à cerner la réaction de Sohan. Il semblait lui aussi torturé par cette révélation. Pour quelles raisons ? Lui qui avait toujours été une figure de stabilité jusque-là, je le voyais comme fragilisé. Il était évident que cette situation le déstabilisait autant que moi, voire peut-être plus. Cette vulnérabilité qu’il laissait transparaitre était nouvelle.

Il releva brusquement une de mes phrases, comme s’il aurait aimé recevoir une réponse. Je n’en avais aucune à lui offrir malheureusement. Quelle réponse aurait-il voulu entendre d’ailleurs ? Mes pensées ne s’attardèrent pas trop sur cela car l’anxiété s’empara de moi brutalement et avec une puissance déconcertante. Je manquais d’air et il me fallut quelques secondes pour calmer la tempête en moi. Je sentais le regard de mon protecteur sur moi, même si mon regard n’était pas dirigé vers lui. Je repris péniblement le contrôle de ma panique et m’excusai en décidant de mettre un terme à cette relation.

J’entendis les pas de Sohan s’approcher de moi. Une de ses mains se posa sur mon épaule. La chaleur de sa main eut un effet d’apaisement sur moi. Je me pris à aimer ce contact, souhaitant secrètement qu’il le maintienne encore un peu. Il y avait quelque chose de réconfortant dans ce geste. Il me demanda pourquoi je m’excusais. « De compliquer la situation ? » lui répondis-je en me tournant vers lui. Je l’entendis laisser échapper un soupir avant de me parler de son frère et de sa relation avec celui-ci. Ses mots me touchèrent. Il parlait avec une honnêteté désarmante, laissant entrevoir une part de lui-même qu’il gardait habituellement secrète. L’émotion dans ses yeux trahissait l’affection qu’il portait à Ethan. Je ne voulais pas devenir une complication. Je ne voulais pas que cette relation mette de la distance avec Sohan, alors même que nous venions de poser des mots sur notre amitié mutuelle. Je sentis que sa tentative de plaisanterie était trahie par une légère note de sarcasme. Était-il blessé que, malgré la distance entre eux, son frère n’ait pas pris la peine de le mentionner ? Je ne relevai pas ses propos, ne sachant quoi répondre.

Il enchaîna alors, répondant à une question précédemment posée. Sohan décrivit son frère comme n’étant pas une mauvaise personne. Ethan avait eu un parcours de vie compliqué et méritait aujourd’hui d’être heureux. Les mots qui suivirent m’étaient destinés. Je fus surprise par tant de bienveillance. Je sentis ma gorge se nouer sous l’effet de l’émotion pour une raison que j’ignorais. Le fait qu’il envisage de dissimuler l’arrivée de son propre frère pour nous donner une chance… Je restai sans voix. D’une certaine façon, il donnait également sa bénédiction pour cette relation. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je fus traversée par un sentiment de déception, trop bref pour que je m’y attarde.

« Je tiens à Ethan, mais je tiens aussi beaucoup à toi. Je ne veux pas que cette situation mette en péril notre amitié ou ta mission. » Je me risquai à prendre sa main dans la mienne doucement. Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine. « Et il est hors de question que je continue à voir ton frère si toi tu t’abstiens de le revoir, ce serait trop injuste. » Je vivais dans bien assez de mensonges dans mon quotidien. Je ne voulais pas rajouter un secret de plus à ma vie. Je ne pourrais pas faire semblant avec Ethan sur quelque chose d’aussi important.

« Tu dois parler à ton frère, savoir pourquoi et comment il s’est retrouvé ici. Je veux bien croire aux coïncidences, mais si ça n’en était pas une ? » S’il avait su où nous étions, il était probable que d’autres le sachent aussi. C’était un moyen de s’assurer que ma protection était toujours en place. J’avais besoin d’être rassurée que tout irait bien. Je ne voulais pas subir un second changement de vie. Mais si un choix devait s’imposer entre rester pour Ethan ou quitter la ville avec Sohan, je savais ce que je ferais.

Je relâchai mon étreinte avec douceur, reprenant une grande inspiration. L’air oxygéna mon corps et atténua la lourdeur de l’angoisse qui m’avait entourée. « Sohan ? » Mes yeux plongèrent dans les siens. « Promets-moi de rester avec moi quoi qu’il se passe. » La confiance que j’avais en lui était si grande que je pouvais littéralement lui confier ma vie. Il n’y avait personne dans ma vie que j’estimais plus que lui et je ne voulais pas que ses supérieurs lui retirent cette mission à cause de cet événement inattendu.

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