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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

Un jour je repenserais peut être a ce moment comme étant le point de départ de ma perte de contrôle des évènements. Peut être que je comprendrais que c’est là que ma vision du monde et des priorité a commencé à changer. Je n’aurais jamais imaginé que ce qui arrive pourrait arriver. En fait je n’arrive même pas encore a dire si c’est une chance ou un coup du sort. Mais tout ceci est bien réel. Je n’ai pas besoin de me pincer pour en être certain. Il n’y a que la réalité qui a la capacité de faire craquer le cerveau humain à ce point. Pourtant elle m’aide a garder les pieds sur terre. Certains dirons que c’est la mission qu’on m’a donné que je suis encore et toujours formaté pour exécuter les ordres que l’ont m’a donné. La vérité est ailleurs, mais il y a une variable dans l’équation : ce qui prime c’est et ce sera toujours le bonheur de la jeune femme. La différence peut être difficile à saisir, voir même imperceptible. Mais là, elle change radicalement la donne. Les ordres consistent a protéger. Ce que je veux en revanche c’est voir un sourire sur ce visage, ses joues rosies par des émotions positives. Voir ses yeux couleur lapis pétiller de joie. Ce qui implique des décisions bien différentes. Celle de rester ici en était la première preuve aujourd’hui. La suite des évènements ne fait que le confirmer. Il faut croire que je dois me rendre a l’évidence, je suis peut être plus proche d’Aurora qu’agent du F.B.I aujourd’hui. Et si cette constatation devrait me pousser a une remise en question de mes capacité a la protéger sur le plan professionnel, l’affection que je lui porte me pousse a ne vouloir faire confiance a personne d’autre pour le faire.

Et en plus de tout ça elle s’excuse de compliquer les choses. Jeune femme rien ne sera jamais trop compliqué pour vous… Elle a fait passer tellement de choses avant son propre bonheur. Elle aurait pu vivre une toute autre vie. Mon quotidien est battit sur les bases des valeurs de la jeune femme. Alors oui il est vrai, sans elle, sans cette situation rien de ce que nous vivons aujourd’hui n’existerait. Et pourtant, malgré la complexité de la situation, malgré le fait que tous les deux nous ayons disparut aux yeux de nos proches du jour au lendemain. Je trouve toujours du positif a ce que nous vivons. Par ce que c’était la seule chose a faire peut-être… ou la seule chose que j’étais capable de faire, je ne sais pas.
Tout ce que je sais, c’est que la seule raison qui me pousse a garder le cap sur des pensées positives c’est elle. Par ce que j’ai cette petite voix intérieur qui me pousse a la faire passer en premier.
D’où le fait que je finisse par donner ce fameux consentement. Sans vraiment en avoir envie, sans le faire du bout des lèvres non plus. Pour elle, pour eux tout simplement.

Pour autant elle garde les pieds sur terre, elle est là pour rappeler a mon ame les raisons qui devraient m’inquiéter. Qui m’inquiète déjà même si je refuse d’y croire. Ethan pourrait-il s’être lancé a ma recherche avec l’aide de quelqu’un ? Se pourrait-il qu’il ait volontairement porté son attention vers Aurora ? Après tout, la première fois que j’ai approché la jeune femme, c’était effectivement dans ce genre de situation, bien que pour une mission…
Alors oui, il faudrait que j’aille trouver Ethan, il faudrait que je renoue avec le passé pour m’assurer que tout ça était bien une simple surprise de la vie. Soudainement j’aurais pu me mettre a prier n’importe quelle force supérieur pour que mon petit frère ne se soit pas laisser embarquer dans n’importe quoi… pour que le monde fasse qu’il ne deviendrait pas la nouvelle menace que nous devrions fuir, ou neutraliser… Le destin ne pouvait pas être si cruel ?
En parlant de cruauté… La main qu’elle a glisser dans la mienne me fait trembler. Le contact de sa peau me pousse pourtant a conserver ce contact comme si je ne voulais plus jamais la lâcher. « En ce qui nous concerne, rien ne me poussera a te délaisser. Je n’accorde pas ma confiance facilement, mais en retour il faut savoir que tu pourras compter sur moi quoi qu’il arrive. Et la mission… C’est mon travail ça, je ferais TOUT ce qu’il faut. »
Je louche discrètement sur nos mains entrelacées et ressers discrètement l’étreinte des mes doigts contre les siens. Comme si ils avaient le pouvoir de me donner plus de courage. « J’irais le voir, je m’assurerais que tout va bien, que tout est sans danger ok ? » Je tourne a nouveau le regard vers ses yeux et me décide a délaisser ce masque angoissé pour laisser apparaître un petit sourire, me sentant soudainement pris d’une timidité qu’on ne me connaît pas. « Mon frère ou pas, je veillerais a ce que tu sois en sécurité Aurora... »
L’étreinte de nos mains se défait, et je me sens soudainement désarmé. Une sensation prémonitoire pour ce qui allait suivre peut être ? M’aidant a reprendre contenance elle prononce mon prénom, et dès que je lui apporte ma totale attention, les mots qu’elle prononcent me remplissent de joie, autant que de fierté, mêlé a quelque chose en plus, que me fait trembler, hésiter. C’est a ce moment précis je crois, que la notion de contrôle a perdu tout son sens. La situation m’échappait totalement, tout comme mon cerveau semblait bien fonctionner sans moi.
« Je... » Je reste un instant a la regarder sans voix, sans trop savoir quoi répondre a sa. Mes yeux croisent finalement les siens pour ne plus les lâcher. Me laissant porté par mon ressentit, chose que je n’ai pas du m’autoriser depuis plusieurs années, mais main viens finalement trouvé son visage pour passer dans ses cheveux d’or. Je regarde son visage avec un sourire rassurant et protecteur. Comme un joyaux qu’il faudrait protéger de tous les dangers tellement il est précieux. Et ma plus grande erreur aura été de m’attarder sur l’observation de ses lèvres. J’en ai le souffle coupé quelques instants, comme si une force inconnue souhaitait me voir faire tous le contraire de ce que je disais précédemment. «Je te le promet, je serais là avec toi, demain… et tous les autres jours qui suivent… Quoi qu'il arrive » Et je reste simplement là… attendant qu'on me pousse peut-être ? A lutter contre moi même. 

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

 @Sohan Law

Même si je n’en avais pas totalement conscience, l’ambiance avait changé. Il y avait comme de l’électricité autour de nous, une force nous déstabilisant l’un l’autre. Je sentais que la révélation de mon histoire avec Ethan avait touché Sohan, mais je ne saisissais pas précisément jusqu’à quel point. Peut-être que je ne voulais pas le voir. Mon propre corps m’envoyait des signaux que je décidai d’ignorer. Il était mon ami, le frère de mon petit-ami. Les choses étaient bien assez compliquées pour que je prenne consciemment conscience de ce que je pouvais ressentir pour lui. Le contact de sa main sur mon épaule, la légère déception à avoir accepter si facilement que je fréquente Ethan et maintenant la sensation de douce chaleur dans cette poignée de main … Je refusais de faire face à la réalité. Cette bienveillance à mon égard, dont je savais pertinemment n’était pas que du simple boulot, chamboulait mon cœur. Non, je me refusais à vouloir admettre que quelque chose avait changé. Je ne voulais pas le mettre dans une position inconfortable. Je ne voulais pas le perdre en le compromettant dans l’exercice de ses fonctions.

En entrant dans le programme de protection des témoins, je savais que je pourrais compter sur Sohan. Il était là pour me protéger, pour assurer ma sécurité. Mais au fil du temps, il était devenu bien plus que cela. Le voir s’inquiéter pour moi, même en essayant de cacher ses émotions, me touchait profondément. Je savais, je le sentais, que l’affection à mon égard allait plus loin que son devoir d’agent. Et moi … mes sentiments, allaient-ils au-delà de ce que je voulais me faire croire ?

Je le vis regarder discrètement nos mains entrelacées, comme s’il ne voulait plus quitter la mienne. Mon cœur se serra dans ma poitrine. Je rompis cette étreinte et comme pour retrouver un contact avec ma peau. Il passa une main dans mes cheveux, frôlant mon visage quand je lui demandai de rester avec moi quoi qu’il arrive. Il me regardait avec un sourire rassurant, protecteur, comme s’il me découvrait pour la première fois. Peut-être parce que je ne l’avais jamais vu me regarder comme cela avant. Il semblait avoir laissé tomber tous les murs qui l’enveloppait habituellement. Mon regard resta accroché au sien tandis qu’il me promettait d’être là pour moi. Ses mots sonnaient comme une déclaration profonde. Je ne pouvais pas nier qu’une certaine intimité s’était créée autour de nous. Je pouvais sentir son souffle me caresser doucement le visage par moment. Mon rythme cardiaque s’était accéléré de manière incontrôlée.

Un silence s’installa entre nous. Le temps sembla se suspendre, comme pour nous laisser le temps d’une réflexion sur le magnétisme que nos corps exercés l’un sur l’autre. Je ne pouvais pas l’ignorer, il se passait quelque chose que je n’avais absolument pas prévu. Je tentai de garder le contrôle de mes émotions. Quand je vis ses yeux se posaient sur mes lèvres, j’eu l’impression qu’à tout moment il allait se risquer à commettre un geste irréfléchi. Il ne fallait pas que ça arrive car je sentais au plus profond de moi que je n’aurais pas la force de l’arrêter. Ma main vint trouver celle qu’il avait glissé dans mes cheveux. Lentement, trop lentement, comme si je luttais à contre-courant de mes véritables intentions, je repoussai sa main. « Merci. » lui dis-je dans un souffle presque imperceptible. Je ne voulais pas briser ce moment et en même temps je savais que je ne pouvais pas le laisser continuer.

Je passai mes mains autour de la taille de Sohan avant de déposer ma tête sur sa poitrine. Je regrettais immédiatement ce geste qui semblait être un compromis entre ma raison et mon cœur. Un geste pour rompre l’attractivité de nos regards sans pour autant quitter son contact physique. Des amis agiraient ainsi ? Si je faisais semblant de rien percevoir peut-être que ce moment ne serait qu’un vague mirage … J’en étais pas convaincue mais c’était la stratégie que j’allais appliquer. Avec mon mètre soixante-dix et lui ses presque deux mètres, je me sentais petite au creux de ses bras. Quelque part son étreinte avait quelque chose de rassurant et de réconfortant. J’espérais que Sohan ne sente pas mon coeur prêt à sortir de ma poitrine, qui tambourinait à toute vitesse.

Mes pensées allèrent vers Ethan. Nous ne nous fréquentions pas depuis longtemps. Je ne savais pas si j’étais amoureuse de lui. Néanmoins, j’avais assez de respect envers lui pour savoir que je ne pouvais pas goûter à davantage de ces émotions que je venais de ressentir pour Sohan. Quelles qu’elles soient. Je me retirais alors de lui, croisa son regard furtivement, avant de regarder l’horizon pour ne pas être happé par ces propres émotions. « Je … On devrait peut-être rentrer. Préparer le diner, enfin s’il y a des choses dans le placard. Sinon se rabattre sur quelque chose à se commander sinon. » Un sourire se glissa sur mes lèvres en tentant de faire la conversation comme si rien ne s’était passé. « Pizza et crème glacée en vrai ça me parait pas mal non ? » Je devais lutter pour ne pas me laisser aller à repenser à ce qui venait de se passer. Mais je ne voulais pas que ce weekend soit bizarre. Je voulais qu’on passe un bon séjour, lui comme moi.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

Je devrais pas…
C'est tout ce que je suis capable de comprendre. Cette manière de la regarder, ma main dans ses cheveux. Et tous les muscles de mon corps qui semblent me pousse a me rapprocher d'elle. Et pourquoi la simple vision de ses lèvres me fait trembler a ce point. Me consumer de l'intérieur comme si un brasier venait de s'éveiller. Je sais que je devrais pas, mais j'en suis bel et bien rendu a ce moment. Ou je donnerais mon âme pour qu'un moment nous pousse a perdre le contrôle. Putain ce que j'aimerais qu'elle comprenne tout ce que j'arrive pas m'expliquer. Que j'aimerais lire dans ces yeux la lueur qui m'autoriserais a réduire au néant cette distance qui me rends fou. Mais pourquoi aujourd'hui ? Pourquoi maintenant ?
Les fois ou je me suis retrouvé seul avec elle sont loin d'être si rare que ça. Alors pourquoi pas plus tôt ? Un adage dit qu'on se rends compte de l'amour qu'on a pour les gens une fois qu'il est trop tard. Serais-ce alors simplement ça ? L'idée de la voir éprise d'un autre aurait créé cette réaction en moi ? Egoïste en un sens, a la limite du pathétique. Un agent du F.B.I Entraîne a décrypter ce qu'on ne luit dit pas… et pourtant incapable de s’analyser lui même.

Merci… Ce mot simple me fait trembler a nouveau, ou serait-ce le fait d'avoir vu ses lèvres bouger ? Quoi qu'il en soit même si je lui ai promis de toujours être présent, j'ai du mal a comprendre d'où vient ce merci… Je reste la cause de bien de tourments, et ce moment n'en serait-il pas la preuve ? Pourquoi merci, alors que finalement sa main vient dégager la mienne doucement. Comme pour ne pas me brusquer.. Je commence a me sentir honteux, mon degré de confiance en moi commençant à chuter dangereusement. Je commençais même a me demander si son autre main n'allait pas finir par venir s'écraser sur ma joue. Une juste récompense pour mon attitude il faudrait admettre. Mais je ne m'attendais absolument pas a ce qu'elle fit en retour. Ces mains passent autour de ma taille me faisant frémir et quand sa tête rentre en contact avec mon épaule mes bras se resserrent automatiquement autour d'elle. L'accueillant dans une douce étreinte alors qu'intérieurement j'implore son pardon. Pour autant je pose ma tête contre la sienne. Profitant de ce moment hors du temps, profitant de cette proximité douloureuse. En réalisant en partie a quel point je peux tenir a elle.

Ce moment était voué a être de courte duré, et j’eus un pincement au cœur quand elle met finalement fin a notre étreinte. Je voudrais m'excuser, lui demander pardon. Sa manière de fuir mon regard a ce moment là me fait comprendre que j'ai fauter. A la regarder fixer l'horizon plutôt que moi ma gorge se serre. Rapidement elle semble trouver le moyen de mettre fin a tout ça. Nous permettant, me permettant de fuir cette dangereuse attraction. Il va être temps de reprendre un masque plus professionnel. Il va être temps de dire au revoir a cette pose. Pas pour moi, pas pour le travail… mais pour ne pas avoir a lui imposer la situation délicate d'avoir a envoyer sur les roses un homme qui se prétendait son ami il y a encore quelques minutes a peine.
« Cuisiner ou commander.. je euh… oui. »
Je peine a retrouver l'usage de la parole pour ajouter quelque chose de censé, et me concentre sur son petit sourire qui semble vouloir me dire que tout est normal.

« Tu sais qu'on devrait pouvoir se faire livrer a peu près n'importe quoi ? » Annonçais-je innocemment. L'air de dire que j'étais capable de lui proposer mieux qu'une pizza et un pot de crème glacé. Mais je me rends compte que ce n'est peut être pas le moment d'en rajouter, ou de vouloir en faire trop. Pizza et glace, c'est le genre de repas qu'on partage facilement entre ami pas vrai ? «Mais si c'est ce qui te donne envie je suis partant. Tu as raison… on ferait peut être mieux de rentrer. »

Je digère encore difficilement la fin de ce moment, mais je ne souhaite pas gâcher son week-end d'avantage. Alors je déglutis péniblement et fait en sorte de refaire apparaître sur mon visage un sourire. Rien de trop difficile en sa présence, et je tente de me convaincre que finalement, la relation que nous avons toujours eus pourrait me contenter finalement. Il y a peu de place plus importante que celle de confident, et de protecteur… « Aller, on y va ! Je vais nous trouver une pizzeria locale... » Lui emboitant le pas, je sors mon téléphone et commence a chercher sur google un commerce qui fait la livraison dans les environs. La technologie étant ce qu'elle est, je trouve rapidement, tout en regardant plusieurs avis pour trouver la meilleure pizza quand même. Tant pour elle que pour moi, j'ai tendance à aimer bien manger… « Tu sais ce que tu voudrais comme pizza ? » Lui demandais-je en lançant un appel pour commander.

« Oui bonjour, ce serait pour commander deux pizza en livraison s'il vous plait ? » L'appel commence et je répète avec précision le demande de la demoiselle. Pour ma part je prendrais la pizza de mois, poulet, légumes du soleil, et l’immanquable fromage. « J'ajouterais également 3 pots de glace avec ceci… mmmh chocolat, noix de pecan caramel et une vanille. » Je donne ensuite l'adresse au livreur, en lui expliquant que nous louons un cottage pour le week-end. Il me demande alors a quel nom adresser la livraison et je me sens rougir. Cette anecdote aurait pu être drôle il y a deux heures. Mais je suis bien obligé de donner au livreur les mêmes indication que sur la réservation. Une couverture se tient jusque dans les plus petits détails. Je la regarde entré dans la petite maison, et l'observe avec attention, d'un regard désolé. « Je euh oui… demandé la location de Mr et Mme Law.. » Je raccroche et ose a peine relever les yeux dans sa direction après ça. Quel genre de malaise tordu est ce que j'ai pu créer entre nous avec tout ça. Mais a mon tour je tente de faire comme si c'était normal annonçant simplement. « Le repas devrait arrivé d'ici 30 à 40 minutes. » et je fini par rentrer a mon tour.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Sohan Law

Le moment partagé m’avait semblé être totalement hors du temps. Il était arrivé de manière inattendue alors que je souhaitais juste faire preuve d’honnêteté sur la personne avec qui j’avais une relation. Je n’avais pas imaginé un seul instant ce qu’il allait se passer, ce que cette information déclencherait. Même si je me refusais à prendre conscience de la réalité des choses, je ne pouvais ignorer que certains non-dits s’étaient formés. Le comportement de Sohan était différent. Le regard qu’il portait sur moi était soudain à la fois plus doux mais aussi plus douloureux. Ses mots résonnaient comme des sous-entendus timides. Ses gestes étaient plus tendres. Et l’attraction ressentie… je savais qu’une étincelle s’était allumée. Peut-être que je m’étais fait un film dans mon esprit. Peut-être étais-je embrumée par mes propres sentiments et je voyais des signes là où il n’y en avait pas. Peut-être… Et c’est cette incertitude qui me poussait à nier en bloc tout ce que je ressentais. Je ne voulais pas risquer de briser notre relation car elle était trop importante à mes yeux. Et je ne pouvais pas car j’avais trop d’affection pour Ethan pour me risquer à franchir cette ligne. Il était plus facile de faire comme si de rien n’était… enfin… c’est ce dont j’essayais de me convaincre.

Pour rendre un semblant de normalité à la situation, je proposai qu’on s’occupe de savoir ce qu’on allait dîner. Les placards étaient-ils pleins ? Sans doute pas. Une pizza serait bienvenue. C’était simple, pratique et… normal. Sohan peina à trouver ses mots le temps d’un instant, comme s’il essayait de reprendre contenance. Il semblait vouloir me proposer quelque chose de mieux qu’une pizza et de la crème glacée. Néanmoins, il ne chercha pas à me convaincre, se rattachant à mon idée. Je pouvais sentir son malaise encore présent tandis qu’il me souriait péniblement. « On verra demain pour se faire quelque chose de mieux. » dis-je en tâchant de garder le plus d’assurance possible dans ma voix. Demain serait un autre jour. La nuit serait passée et, j’osais espérer, ce malaise plus qu’un lointain souvenir. On s’emboîta mutuellement le pas pour rentrer dans la maison. Je réfléchis un instant à la pizza que je voudrais avant d’arrêter mon choix sur la traditionnelle reine sans champignons. Je détestais ça, les champignons. Je l’entendis appeler la pizzeria pour passer commande. Je m’amusai de l’entendre commander autant de variétés de crème glacée. « Un pot aurait suffi. » lui dis-je en marchant à reculons de façon à lui faire face. Je repris une marche avant pour pénétrer dans la maison au moment même où il annonçait le nom pour la livraison. Mon cœur manqua de s’arrêter dans ma poitrine. Je savais que c’était nécessaire pour notre couverture, mais l’entendre dire « Mr et Mme Law » me fit rougir de confusion. Si j’avais pu trouver cela drôle quelques heures auparavant, ma sensation serait tout autre après ce qu’il s’était passé. Mes yeux se posèrent sur la bouteille de vin qui était posée sur la table. À ce moment-là, je me maudissais de ne pas aimer le vin, parce qu’un verre d’alcool ne m’aurait clairement pas fait de mal.

Le repas arrivait dans une trentaine de minutes. Je récupérais mon sac de voyage qui trônait dans le salon et annonçai : « Ça nous laisse le temps de choisir une chambre et prendre une douche. » J’eus envie de rajouter une petite blague du genre "pas ensemble", mais je m’abstins ne voulant pas agrandir le malaise ambiant. Sentant mes joues se décolorer, je tournai le visage vers Sohan et lui fis un petit signe de tête pour l’inviter à me suivre dans la maison. J’ouvris une première porte qui se trouva être les toilettes. Très important de connaître leur emplacement. On avança dans le couloir. La porte était un peu plus large. Je la poussai et mes yeux s’écarquillèrent en voyant la déco romantique sur le lit, le petit plateau de chocolat et une bouteille de champagne. Je regrettai d’avoir ouvert cette porte. Je sentis Sohan se raidir à côté de moi. Soudain, je me mis à éclater de rire, comme pour dédramatiser la situation. « Tu leur laisseras une bonne note concernant les petites attentions. Ils ont mis le paquet. » Je m’efforçais de regarder mon acolyte avec un air amusé même si au fond de moi j’étais plus que mal à l’aise. « Je vais prendre cette chambre si tu veux. Je suppose qu’il doit y en avoir une autre à côté. » J’épargnai ainsi toute discussion laborieuse sur qui allait se sacrifier pour dormir dans la pièce de l’amour. Je rentrai dans la chambre et posai mon sac au pied du lit avant de m’asseoir sur le matelas. Ok, c’était moelleux et je sentais que j’allais bien dormir. J’attendis que Sohan quitte la chambre avant de soupirer profondément, relâchant le masque de façade que j’avais collé sur mon visage.

Je récupérai mes affaires de toilettes, ma tenue de rechange – un bon jogging et un sweat-shirt confortable – et me dirigeai ensuite vers la salle de bain. Je pris une douche rapide pour laisser la possibilité à Sohan de se rendre à la salle de bain s’il le souhaitait. Une quinzaine de minutes plus tard, les cheveux humides enroulés dans ma serviette, je me rendis dans le salon où je me posai dans le canapé qui donnait face au lac. Le soleil déclinait doucement, offrant un superbe spectacle.

On frappa à la porte. Je me levai et réceptionnai la commande. L’odeur des pizzas m’ouvrit l’appétit. Je rangeai les glaces dans le congélateur, versai un verre de vin à Sohan et un verre d’eau pour moi. Je retirai la serviette de mes cheveux et, alors que je me rendais vers la salle de bain, croisai le jeune homme dans le couloir. « Les pizzas sont là. » lui dis-je alors que j’entrais dans la pièce embuée pour y déposer ma serviette. L’odeur du gel douche masculin serra mon cœur dans ma poitrine. Je décidai de ne pas m’attarder plus longtemps, retournant dans la cuisine.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

Je ne réfléchis pas vraiment, et accepte de la suivre dans la découverte de cette location. Si je connaissais par avance le nombre de chaque pièce, je n’étais pas non plus venu en repérage. J’espérais simplement que le lieu avait mérité sa notoriété. Comme si au-delà de mon travail, au-delà du soin que j’ai toujours mis a rendre les choses plus agréable, une attitude que je pensais ne pas me correspondre semblait naître en moi. Comme une envie de l’impressionner… Alors que bon… Je rappel que la totalité des frais sont couvert par l’état.
Comme la plus talentueuse des agent immobiliers, Aurora semble décidé de nous faire commencer cette visite par une vue imprenable sur la cuvette des toilettes. Je laissais échappé un petit sourire amusé. Avant de la suivre dans ce qui devrait être l’une des chambres.

Je regrettais subitement d’avoir prié que la prestation soit a la hauteur… Par ce qu’elle l’était bien au dessus des mes attentes. Beaucoup trop en fait. Et bien assez pour en sentir mon cœur se serrer presque douloureusement. Incapable de sortir le moindre mot, car a chaque fois que j’imaginais une réponse, j’y voyais trop de niaiserie… Ou un double sens, ou quoi que ce soit de bien trop porté sur ce que j’ai ressentit tout a l’heure. La simple vision de cette chambre me donne étrangement chaud. Le rire cristallin de Aurora vint alors faire l’effet d’une distraction a mon corps d’homme qui semble vouloir jouer le scénario de la révolution aux ordres que veut envoyer mon cerveau. Son humour désarmant parvint a alléger l’atmosphère. « 5 étoiles sur google, a coup sur ! » Finirais-je par me décider à ajouter en souriant le plus normalement possible.

Je me demande un instant si elle prend la chambre après avoir deviné ce que j’avais eu a l’esprit… Ou par simple hasard. Cependant je ne discute pas. La douche, comme un peu de distance avec toute cette décoration me permettrait peut être de clarifier un peu mes pensées. Je la laissais entrer dans la chambre non sans lui adresser un petit sourire, et attendit que la porte se soit refermé sur elle pour prendre la direction de l’autre porte. Une chambre plus normale, plus froide. Tout ce dont j’avais besoin pour remettre mon cerveau dans le bon sens. Je reste un instant debout, la dans cette chambre a me demander a quel moment la situation avait pu déraper, où depuis quand exactement ? J’attendais quelque minute en préparant mes affaires. Et occupait la salle de bain dès qu’elle fut libre. Je tente de ne pas m’attarder sur les éffluves florales qui règnent dans la salle d’eau après son passage. Je me mords les joues, et pour une fois, même si je ne suis habituellement pas un amateur des douches longues durée je me surprends a apprécier démesurément le contact de l’eau fraîche qui ruisselle sur ma peau. Comme un homme saoul qui cherche a clarifier ses pensées, comme un dernier espoir de faire le vide et de reprendre contenance.

Je me sens apaisé, plus calme, et me décide a sortir. La demi heure annoncée ne devrait plus tarder à être écoulé. Je saute dans des vêtements propre. Loin de mon costume habituel, et simple T-shirt un peu large, et un jean. Je passe une main distraite dans mes cheveux encore mouillé après les avoir vaguement essore avec une serviette. Je me dirige de nouveau vers ma chambre pour y ranger mes affaires de toilettes – ou les jeter dans mon sac a dos – et croise Aurora sur le chemin. Je lui adresse un sourire bienveillant quand elle passe a coté de moi pour atteindre la porte de la dite salle de bain. « Je te rejoins tout de suite ! » Je jete donc mes affaires dans mon sac, reprends mon portable dans ma poche non sans avoir checker l’écran. Prends un instant pour me regarder dans le miroir et me rends a la cuisine.

L’odeur des pizza me mettant rapidement en appétit, avant même de rentrer dans la pièce. En entrant dans celle-ci je remarque qu’elle a déjà tout mis en place. Prenant même soin de me servir un verre de vin alors qu’elle restait à l’eau. « Je serais bien tenté de jouer la carte de l’agent mystérieux qui te répond qu’il peut pas par ce qu’il est en service. Je vais me contenter d’un simple merci. » Annonçais-je en désignant le dit alcool d’un petit signe de tête et d’un sourire. Je ne peux m’empêcher de la trouver ravissante les cheveux encore humide après la douche, dans des circonstances bien plus détendue que les rendez-vous officiel. Malgré mon faux pas, je suis vraiment content de lui avoir proposé de rester d’avantage. Pour autant je me demande si ne rien dire sur ce qui s’est passé, ou faire comme si tout était normal serait une réelle bonne idée. Je redoute par dessus tout que son opinion me concernant ait pu changer. Mais impossible d’aborder le sujet sans prendre le risque de condamné a jamais cette soirée.
Je sors les pizzas de leurs boite pour les poser sur de grandes assiettes. N’étant pas un adepte de la soirée assiettes en carton de pizza. Elle méritait plus de classe que ça, et au naturel ce n’est pas la genre de valeur qu’on m’a inculqué. Le carton de pizza, c’est bien pour les soirées télé en solo quand personne ne nous voit.
Je tire une des deux chaises en arrière comme pour venir l’inviter à s’asseoir « Je crois qu’on va pouvoir passer à table ! » et lui adressais un petit sourire, encore timide, qui n’en témoigne pas moins ma bienveillance. Avant de commencer j’attrape mon verre et le lève pour porter un toast. « Et bien a qui pourrait-on trinquer ? A toi j’imagine ? » Mon regard en dit plus long, semblant évident qu’il en était déjà convaincu sur ce point. Il était temps de reprendre un sujet de conversation plus concrêt, et soudainement une question me vint en tête. « Alors dis moi, si tu pouvais choisir exactement la vie que tu veux, où est ce que tu voudrais être, qu’est ce que tu voudrais faire ? A quoi ressemble la vie parfaite pour toi ? »

La question est peut être abstraite pour les gens normaux, mais en prenant une seconde identité, une couverture, on se rends compte que changer de vie du jour au lendemain est étrangement plus facile a envisager que prévu. Nom, ville, hobbies, amis… Toutes ces choses pouvaient brusquement changer en quelques heures. Alors, imaginons qu’elle ait pu choisir le cadre de ce programme de protection, où aurait-elle voulut être aujourd’hui ? « Tu as même le droit de décrire un agent parfait avec qui tu voudrais être d’ailleurs ! Promis je serais pas vexé ! » Rajoutais-je en riant pour donner un air moins solennel a ma question.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Sohan Law

Alors que j’attendais Sohan dans la cuisine, mes pensées ne pouvaient s’empêcher de repenser à ce qui venait de se passer au lac. L’image de Sohan, son regard intense, ses gestes doux, ses paroles, tout me revenait en boucle dans mon esprit. Je n’avais pas envie de m’égarer à comprendre le réel sens de tout cela, pour autant je savais que ce qui s’était passé ne pourrait être ignoré éternellement. Je relevais mon regard quand je l’entendis entrer dans la cuisine, coupant court à mes pensées. Je ne pu m’empêcher d’esquisser un sourire quand il me dit qu’il ne pouvait pas boire d’alcool car il était en service. « Je ne le dirais à personne, ce sera notre secret promis. » Je me redressai tout en le regardant prendre des assiettes pour disposer les pizzas hors de leurs boites. Mon cœur battait légèrement plus vite que la normale. Mes mains cherchaient désespérément à s’occuper avec le plan de travail accolé à mon dos. Il aurait été sans doute bien de parler honnêtement de ce qu’il s’était passé mais j’avais trop peur de l’impact que cela pouvait avoir. Je préférais donner l’illusion que tout allait bien plutôt que de rendre cette situation encore plus compliquée.

Tel un gentleman, il me tira une chaise pour m’inviter à venir m’installer. « Quel service. Je vais te mettre cinq étoiles aussi. » plaisantai-je en laissant un petit rire s’échapper. Je sentis mon estomac se tortiller de faim. L’odeur des pizzas en dehors de leurs emballages étaient encore plus alléchantes. Je ne m’étais pas rendue compte que j’avais si faim. Quand il décida de trinquer en mon honneur, je secouai la tête immédiatement. « Je ne mérite aucun toast, ou bien, on en mérite un tous les deux. On est ensemble dans cette galère. Et même si c’est ton job, que tu l’as décidé, tu fais aussi des sacrifices. Alors, je dirais à nous ! » dis-je en me saisissant de mon verre. Je lui offris un sourire emplit de sincérité et de tendresse. Il était vrai que j’avais bravé ma famille et que je subissais maintenant des conséquences difficiles pour mes choix, mais je n’étais pas seule dans cette histoire. Mon histoire de vie avait impacté la sienne de manière significative. Sans moi, peut-être qu’il aurait une petite-amie, des projets de vie, d’autres ambitions personnelles. Aujourd’hui, il était coincé à Bar Harbor, mettant sa vie privée en parenthèse et je ne pouvais m’empêcher de culpabiliser quelques fois.

Comme si mes pensées avaient rejoint les siennes, il me questionna sur ce que j’aurais aimé faire si je pouvais avoir le choix. Je saisis une part de pizza. C’était une question qui m’avait traversé l’esprit à plusieurs reprises au début de ma nouvelle vie, mais je l’avais vite occultée. C’était douloureux de se rendre compte qu’on était plus totalement maitre de sa vie. Je soupirais légèrement en réfléchissant, m’autorisant à trouver une réponse à cette question pour la première fois depuis longtemps. « Honnêtement, je ne sais pas. » Je mangeai un bout de pizza. La trouvant pas assez piquante, je la reposai dans mon assiette et me saisit de la sauce pour la relever. « Avec du recul, c’est assez triste, mais je suis pas vraiment sûre d’avoir vraiment su ce que je voulais dans la vie. Et aujourd’hui, si j’avais le choix je sais pas ce que je ferais non plus. » Le seul vrai choix dont j’étais réellement sûre qu’il soit de ma propre initiative était celui de collaborer avec le FBI. Autrement, je pense que je toute ma vie je m’étais laissée influencée par ma famille, d’une manière ou d’une autre. « J’ai toujours su qu’après mes études universitaires j’allais travailler pour l’entreprise familial. D’ailleurs, si je suis partie en gestion des entreprises c’était un choix stratégique, c’est ce que voulait mon père. » Dire cela à haute voix avait quelque chose de bien triste. Je finis ma part de pizza, profitant de ma bouchée pour continuer à réfléchir à la question. « J’ai accepté cette nouvelle vie et sincèrement je crois que je me plais à Bar Harbor. C’est loin d’être une ville cosmopolite, j’ai clairement plus le même train de vie que j’avais autrefois, mais je fais les choses pour moi et c’est bien. » En même temps que je disais cela, je me rendais compte que malgré tous les sacrifices que j’avais dû faire, du bon ressortais de cette expérience. Au fond de moi, je savais que ce changement radical avait été bénéfique. Oui, j’avais regretté mon dressing et mon appartement spacieux, seulement c’était superficiel. Ce que j’avais gagné en tant qu’Aurora était plus sincère, plus vrai et tout ça grâce à mes propres choix.

Comme pour couper court à ces paroles bien trop sérieuses, mettre un peu de légèreté, un sourire malicieux se dessina sur mes lèvres. « Et non, je ne changerais pas d’agent. Tu es parfait comme tu es. » Mes yeux croisèrent les siens et j’eurent l’impression que mes mots le touchèrent. Je sentis ma gorge se nouer légèrement.

Repenser au passé, me fit revenir en mémoire le souvenir de notre première rencontre. Un rencard anodin qui avait pris une tournure bien plus surprenante que tous les scénarios que j’avais pu me faire dans ma tête. Sohan s’était présenté sous une fausse identité, et pourtant, tout ce qu’il avait dit et fait à ce moment-là m’avait semblé si sincère. Lorsqu’il m’avait avoué les raisons de notre rencard, j’avais eu de la déception et peut-être même avais-je été en colère contre lui. J’avais décidé de ranger ces sentiments, de ne plus y penser, pour me concentrer sur notre collaboration professionnelle. Aujourd’hui, après ce qu’il s’était passé au lac, je ne pouvais pas nier que ces sentiments refoulés étaient peut-être toujours bien présents, cachés au fond de moi, attendant d’être ravivés. Mais c’était impossible. Parce que d’une part, même si nous entretenions une relation amicale par la force des choses, il y aurait toujours cette ligne invisible professionnelle à ne pas franchir. Et d’autre part, j’avais un petit-ami à qui je tenais et qui s’avérait être son frère en plus … Rien que ces deux paramètres rendaient les choses compliquées et me faisait comprendre qu’il était impossible de fantasmer à quoi que ce soit d’autre. Ça n’aurait jamais lieu.

Je relevai mon regard qui s’était un peu trop longtemps attardé sur mon anodine part de pizza. Je devais cesser de laisser divaguer mon esprit. Me concentrer juste sur le présent. Oublier les hypothèses. Faire taire les sentiments qui tourbillonnaient en moi. « Qu’est-ce que tu feras une fois que tout ça sera fini ? Je suppose que tu auras une nouvelle mission, quelque part dans le pays, peut-être même à l’étranger ? » Je sentis mon cœur se serrer dans ma poitrine rien qu’à l’évocation de cette séparation entre nous. Le FBI devait encore rassembler des preuves pour essayer de faire condamner le plus de monde possible. Ça prenait du temps mais un jour ou l’autre, je sortirais de cette couverture et retrouverait une vie normale. L’idée de savoir Sohan loin de moi ne me rendait pas insensible. Mauvais choix de question pour échapper à ce que je ressentais …

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

Un petit verre de Vin, un simple petit verre, et pourtant, sans le savoir a cet instant il s’agit simplement de la première transgression sur une liste qui deviendra plus longue. D’ailleurs a cet instant il serait stupide de croire que je n’en ai pas plusieurs en tête. Déjà par ce que j’ai toujours en tête la scène de tout a l’heure, et que je ne peux m’empêcher de me demander ce qui se serait passé, si j’avais franchis cette limite. Aussi peut-être par ce que je m’imagine mal parler d’Ethan a mes supérieurs lors du prochain rapport. Premièrement par ce qu’Aurora ne mérite pas de subir un autre changement d’environnement et pour quelle raison ? Par ce qu’elle a voulut être heureuse ? Amoureuse ? Non je n’ai pas le cœur de faire ça. Même si aujourd’hui l’idée de l’imaginer amoureuse d’Ethan a tendance a me retourner le cerveau, je suis également obligé de reconnaître que j’aime mon petit frère, et que m’être éloigné de lui une fois m’a déjà déchiré le cœur. Alors finalement ce petit verre, ce n’est pas grand-chose.

Si elle semble affirmer que mon service vaut bien cinq étoiles, je repense immédiatement a la fameuse chambre qui m’a fait déclarer la même choses quelques minutes plus tôt. J’avais presque réussi à l’oublier tiens… Je dois même me concentrer pour contenir le feu qui semble déterminé à vouloir envahir mes joues. Je me sens ridicule faut l’admettre. Ridicule par ce que je suis censé savoir resté de marbre, qu’il y a même pas deux heures j’étais encore dans la tête de la sublime blonde cette personne capable de garder son sang froid en toutes circonstances, celui qui ne parle pas assez de ce qu’il ressens. Celui dont on a du mal a deviner les pensées.

Si l’espace d’un instant l’idée que ça la gêne m’avait presque terrifié, la maintenant, j’aimerais pouvoir affirmer que je suis toujours cette personne. C’est inconcevable tout ce qui peut se passer en un laps de temps si court. Pourtant, il n’y a bien qu’en son honneur que je me sens de lever mon verre, ce que je fais en souriant. Seulement elle ne semble pas partager mon avis a ce propos. A nous ? Et revoilà mon cerveau qui divague comme celui d’un drogué en pleine crise hallucinatoire. Et pourtant je ne peux m’empêcher de pensé que si elle n’avait pas croisé le chemin d’Ethan, peut être qu’un jour ce A Nous aurait pu avoir un tout autre sens que celui d’un verre échangé entre deux collaborateurs… «  A nous ! » Répondis-je tout de même simplement en lui souriant.

J’aimerais en savoir plus sur ses rêves, sur ce qu’elle aurait voulut faire, et je ne suis pas certain d’apprécier sa réponse a 100 %. Pas qu’elle ne me convienne pas, mais je m’attendais a tout autre chose. Peut-être que depuis le temps que nous sommes arrivé à Bar Harbor j’ai fini par oublier toute l’influence que sa famille pouvait avoir sur elle ? Moi qui espérait voyager par le biais de ses envies, le vol fut de courte durée, l’avion n’aura même pas décollé. Sa vie, ses études, ses projets tout semblait avoir été prévu d’avance. Ce qui rendait encore plus impressionnant le fait qu’elle ai accepté de collaborer… Surtout après la manière dont je m’étais rapproché d’elle et… En fait cette situation, tout ce que je ressens maintenant… Ne serais-ce pas tout simplement le Karma qui me remet a ma place ?  Qui me fait comprendre que je n’aurais jamais du me présenter a elle comme un potentiel petit ami… Si c’est le cas, je dois dire que la manœuvre est dangereusement efficace. Un jour peut-être j’aurais l’occasion de m’excuser d’avoir pris cette couverture pour l’atteindre… Mais pour autant, une nouvelle fois dans la journée je suis assez satisfait finalement, de constater que Bar Harbor ne semblait pas être une si mauvaise option pour elle. J’étais prêt a répondre qu’aujourd’hui elle avait de nouveau le droit de rêver, que cette situation était peut être le tremplin dont elle avait besoin pour se laisser la possibilité de trouver ce qu’elle aurait voulut faire, pour laisser parler les envies qu’elle a réprimer. Mais elle me coupe l’herbe sous le pied en répondant finalement qu’elle n’aurait pas préféré un autre agent. Et pourtant je ne peux m’empêcher de penser que je ne suis visiblement pas aussi parfait que mon frère… Foutue jalousie bordel ! Et pourtant, ces quelques mots me touchent profondément. Comme si ils étaient tout ce que j’avais besoin d’entendre à l’instant.  

Un silence s’installe, venant d’elle comme de moi. Je me met alors a manger, pour que tout paraisse normal. Pour ne pas que les milles pensées qui m’assaillent ne puissent franchir mes lèvres ou être trahit par un regard. Et pour une diversion, je dois avouer que cette pizza est vraiment délicieuse. J’en avait besoin, il paraît que manger c’est bon pour le moral ! Et finalement, plus courageuse que moi, ou peut être simplement par ce qu’elle n’est pas assaillit par mes propres pensées, Aurora relance la conversation. « Ce que je ferais après ? » Je repose la question presque surpris. Je réalise alors que je ne m’étais pas vraiment poser la question. Je réalise aussi peut-être que je me plais dans cette situation, ce qui est peut être trop égoïste car ça signifierait finalement que Aurora pourrait retrouver toute sa liberté. Son identité peut être même… « En fait je dois avouer que je ne me suis pas poser la question... » Je bois une gorgée de mon verre de vin, un air songeur gravé sur le visage comme si je cherchais la bonne réponse a cette question. « Pour ce qui est des mission, ça dépend de ce qu’on prévois pour moi… Si tu m’avais poser la question hier je t’aurais sûrement répondu que la première chose que je ferais serait de prendre l’avion pour retrouver Ethan. » Je tente de la regarder en souriant, mais j’imagine assez mon sourire tordu et un peu forcé a la mention de mon petit frère devant elle. Ce que s’est devenu compliqué… « Il y a aussi une part de moi la tout de suite qui me dit que je suis bien ici, et que je pourrais vouloir y rester. Du moins en faire ma résidence principale » Décidé a donner une réponse plus sincère et mon solennel je fini par me lancer dans des paroles que je pourrais regretter, ou du moins auquel je ne réfléchis que lorsqu’elles sortent de ma bouche ce qui me vaudra de me rattraper en pleine phrase. « Puis tu sais, j’ai jamais eu de réels liens d’attache a part Ethan et mon père. Ici c’est différent, on en parlait tout a l’heure. Tu es quelqu’un a qui je tiens et je sais pas, peut être que ça joue. Que si tu reste dans les environs je voudrais rester… enfin, je veux dire.. euh… avoir une amie… c’est pas mal d’avoir une amie… Une personne a qui on tient vraiment.. »

Comme pour ravaler mes mots je me jette de nouveau sur ma pizza, et cette fois, la gorge nouée, elle passe beaucoup moins bien. Je devrais m’aider d’une nouvelle gorgée pour finalement réussir a déglutir convenablement.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Sohan Law

Sohan sembla réfléchir profondément à ma question, et sa réponse révéla bien plus que ce à quoi je m’attendais. L’évocation de son frère était teintée d’une légère amertume, habilement dissimulée. Il ne s’attarda pas sur ce sujet, et quelque part, j’en fus soulagée. Il me confia son désir de rester à Bar Harbor, en partie à cause de notre relation. Cette révélation me toucha bien plus que je ne voulais l’admettre. Il y avait une certaine maladresse dans ses propos, un soupçon de gêne, mais le tout était empreint d’une grande sincérité. Son regard fuyant trahissait le véritable sens de ses paroles. Mon cœur battait la chamade. Je détestais ça. Non, c’était faux. J’éprouvais un plaisir coupable, ce qui me dérangeait car je ne savais pas quoi faire de mes émotions. J’avais des principes, des valeurs, mais ma raison rationnelle semblait incompatible avec mon cœur. J’étais en constante dissonance et, malgré mes efforts pour garder le contrôle, je peinais à y parvenir.

Je jouai un instant avec ma part de pizza, la découpant en deux morceaux inégaux et grossiers. Je laissai les bouts dans mon assiette pour attraper mon verre et boire une gorgée, gagnant ainsi quelques secondes avant de répondre. Je reposai mon verre et, d’un ton contrôlé pour ne pas laisser transparaître mon trouble, je lui dis : « C’est difficile de penser à l’avenir quand le présent est lui-même incertain. Mais j’aime croire que les choses n’arrivent pas par hasard. Toi, moi, à Bar Harbor. Ce n’est peut-être pas juste une étape de notre vie... » J’haussai les épaules en essayant d’adopter une attitude désinvolte. Mes paroles étaient inconsciemment à double sens. Je m’enfonçai un peu plus dans le dossier de ma chaise. Je sentis mes cheveux humides coller à mon cou. Ma main droite chercha l’élastique à mon poignet gauche pour remonter mes cheveux en un chignon approximatif sur le haut de ma tête. « Et peut-être que la venue de ton frère à BH est aussi le signe qu’il est temps pour vous de vous retrouver ? » Je laissai retomber mes mains sur la table. L’une d’elles attrapa ma part de pizza découpée grossièrement et la porta à ma bouche. Je sentais que c’était la gourmandise qui me poussait, et qu’après cela, mon estomac ne pourrait plus en supporter davantage. La situation me coupait légèrement l’appétit, comme si le tourbillon d’émotions qui serrait mon cœur rapetissait également mon estomac.

« D’ailleurs, qu’est-ce qu’on va lui dire sur nous deux ? » À cet instant précis, autant pour lui que pour moi, ce "nous deux" était assez confus. Je refusai de me laisser emporter par cette confusion et enchaînai avec une autre question : « Est-ce que je dois lui dire qui je suis réellement ? » Je pensais que cela ne serait pas prudent. Moins les gens en savaient sur moi, plus je restais en sécurité. Mais il nous fallait une histoire crédible pour justifier notre relation. Nous ne pouvions pas prétendre être des étrangers qui allaient se rencontrer pour la première fois lors d’un dîner de famille.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Aurora Mitchell

J’avais peur que mes derniers mots l’aient mis mal a l’aise. Et pour cause, une sorte de silence s’installa, et nous voilà comme deux adolescents qui ne savent pas trop quoi se dire entrain de jouer avec une part de pizza. Je ne sais pas trop ou me mettre, j’ai peur d’en avoir trop dit, et d’un autre coté, m’excuser ne ferait que mettre en lumière le fond de ma pensée, et si elle est restée dissimulée, ce serait stupide de mettre a jour ce que je peux vraiment penser a cet instant. Alors je me concentre sur mon repas. Mais finalement le sable n’aura pas beaucoup de temps pour s’écouler dans le sablier et la voix de Aurora semble mettre fin a mes craintes. Du moins a celle de l’avoir mis mal a l’aise, car ses mots paraissent bien plus troublant que je ne voudrais l’admettre. Car c’est tout ce qui me trotte en tête depuis une heure. Moi qui n’ai jamais voulut croire au destin je ne peux m’empêcher de croire que ce n’est pas arrivé pour rien. Comme si je voulais trouver un sens logique a tout ce que je commençait a ressentir. Non… Plutôt a ce que j’ai toujours ressentit, mais que j’ai toujours réussi a oublier jusqu’à aujourd’hui. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Elle, moi… Ici… Moi non plus je ne pense pas que ce soit juste une étape, du moins je refuse visiblement de le croire. Je tente de ne pas me laisser dépasser par des émotions trop invasive, je fais de mon mieux pour ne pas comprendre comme je le voudrais les doubles sens qui survivent a ses mots. C’est dans cette situation de trouble que me yeux se posent sur la jeune blonde, les cheveux encore humide qui étire sa silhouette pour les attacher. Mes yeux semblant vouloir en profiter pour observer plus en détails, comme si ils cherchaient a annalyser ce qui avait pu me faire chavirer, me rendant désormais au beau milieu d’un naufrage interne. Ca semble alors pourtant évident quand mon regard croise la courbure de sa nuque, et son visage doux perdu dans la concentration de ce qu’elle est entrain de faire.

J’aurais presque pu ne me rendre compte de rien, me perdre a cette contemplation discrète un peu plus longtemps. Mais comme pour me faire comprendre instantanément qu’il n’y avait aucuns sens nous concernant d’un autre point de vue dans ses mots j’entends a nouveau parler de mon frère, tout en détestant au même moment ma condition d’homme…
Ses mains retombent sur la table comme le calp d’un réalisateur qui coupe court a mes rêveries. « Euh.. oui peut être... » répondis-je alors l’air distrait. Et dieu m’en soit témoins mon attention avait réellement défaillit. « Tu as peut être raison, je devrais peut être penser sérieusement aux retrouvailles avec Ethan, ça ne peut pas être une mauvaise chose, pas vrai ? »
Je tente d’afficher de nouveau un sourire, espérant qu’elle remette sur le dos de ma missions mes réticence a revoir Ethan. Alors qu’en vérité moi même je n’ai qu’une envie, pouvoir ébouriffer la tignasse de mon petit frère en le faisant râler comme si rien n’avait changer. Mais il me faudra un peu de temps pour me mentir a moi même. Pour me dire que mon petit frère ne peut pas avoir tant changé que ça, et pour oublier que je m’aperçois par la force des choses, que sa petite amie est loin de me laisser indiférent… En fait pour le coup, je commence a douter de mes qualités de grand frère…

Voilà une autre question a laquelle il fallait répondre. Que dire a Ethan sur nous… Mais quel nous ? Ce moi qui réalise que je me réveil un peu tard ? Non pas ce nous là, le nous professionnel voyons. Ce nous qui nous a conduit a cette vie, mais également a se poser ce genre de question. « Je… Si on reste tout a fait terre a terre et qu’on oublie que c’est mon petit frère, il vaudrait mieux ne pas trop en dire sur qui tu es » J’insiste volontairement sur le dernier mot, comprenant ainsi, qui tu es réellement. « C’est pas génial je sais… Mais il vient du même endroit que nous, je suis aussi censé vérifié qu’il n’est pas suivit, ou que sais-je encore. » Je grimace a la simple idée de ce qui m’éffleure l’esprit. Mais si je ne nous éloigne pas de tous souvenirs de nos vies d’avant, je me dois tout de même de rester prudent. Oui, ça ressemblerait a un scénario de film d’action mal dosé, le petit frère qui a tant manqué qui rejoindrait le camp adverse… Mais pour Aurora je devais maintenir certaines précautions. Puis je me tourne vers elle, et repense a ce que nous disions en entrant dans cette maison. La difficulté de garde ce secret… et me sens mal a l’idée de lui infliger le fardeau de se lancer dans quelque chose avec le poids de tout ça… « Mais, si ça devient vraiment sérieux entre nous, en vous... pardon" Je déglutis péniblement a cause de ma langue qui a fourché pour un lapsus un peu trop remarquable et décide de poursuivre rapidement pour ne pas paraitre trop étrange. " je ferais le nécéssaire pour m’assurer que tu puisses lui dire la vérité... »et quelque part ça m’arrachait le coeur mais une nouvelle fois, ce qui m’importe vraiment c’est son bonheur et sa sécurité. Avec Ethan ou non. Cette idée me permet de me raccrocher a une nouvelle direction. Et mon sourire se fait un peu moins coincé en gardant cette conviction a l’esprit. « De toute évidence, on ne pourras pas utiliser la même couverture que pour cette location… Pas certains que ça joue en ta faveur, ni en la mienne d’ailleurs. » Garder la tête froide, et faire comme si tout ce qui s’était passé était totalement normal. En rire serait peut être le meilleur moyen de normaliser tout ce fichu bordel. « Même si je suis pas contre hein... les petites bouteilles en cadeau c’est pas si mal ! » Ok je tente un truc mais a mon oreille je sens que je suis pas tout a fait prêt a en blaguer non plus… Alors avec un sourire de faux comique pour grand final je me concentre sur une vraie réponse.
« Je me contenterais de dire que j’ai été envoyé en mission, que personne ne devait être au courant… il sait ou je travail, et ne devrait pas trop insister... » Je pose de nouveau mes yeux sur Aurora cherchant quelque chose de crédible. « Tu pourrais être une consultante pour mon travaille, on se serait rencontré comme ça ? » Pour détendre l’atmosphère je tente autre chose, qui marchera surement d’avantage. «  Sinon je te fais passer pour une dangereuse criminelle que je surveille en attendant qu’elle passe a l’action ? Et dire a Ethan qu’il ferait l’appât parfait ? T’en dis quoi ? Ouais je sais que c’était une super… ok j’ai compris on oublie ! » Je lui lance un petit regard joueur, alors que je moi intérieur commence a recoller tous les petits morceaux perdus dans la bataille de mon cœur et de mon cerveau. Il allait peut être falloir que je me mette en tête qu’en passant d’agent du F.B.I attitré a frère de son petit ami, j’avais perdu toutes mes chances de toute manière.

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Rencontre avortée - Week-end improvisé

@Sohan Law

J’étais envahie de pensées tourbillonnantes, telle une tempête silencieuse. Comment en étions-nous arrivés là ? Depuis notre première rencontre sous un faux prétexte, notre relation avait toujours eu un délicat équilibre entre nos vies personnelles et professionnelles. Chacun de nous conscient de la limite invisible qui nous séparait. Et pourtant, malgré cela, quelque chose avec changé aujourd’hui. La venue du frère de Sohan en ville et qui plus est, dans ma vie intime avait fait basculer nos rapports.

Chaque regard, chaque geste de Sohan avait quelque chose de changé. Ce n’était plus que du professionnalisme, non. J’aurais aimé me cacher sous des œillères, malheureusement, je ne pouvais ignorer ce que je percevais. La complexité de notre situation me laissait une gêne que je dominais tant bien que mal. Il aurait été sans doute bien plus facile d’être honnête l’un envers l’autre plutôt que de danser sur des non-dits. Mais je n'étais pas prête. J’étais tiraillée entre ma fidélité envers Ethan et les sentiments inexprimés que je portais à Sohan.

Ne voulant pas que la situation soit plus compliquée qu’elle ne l’était déjà, je questionnai Sohan sur la marche à suivre avec Ethan. Je semblai tirer l’agent de ses pensées. Je ne pouvais qu’encourager les retrouvailles entre les deux frères. Il aurait été parfaitement égoïste d’être un frein à cette relation. Mais que devions-nous lui dire pour ne pas mettre à mal notre couverture ? Devions-nous lui dire la vérité ? Comment expliquer notre relation entre Sohan et moi ? J’étais bien assez d’accord qu’il valait mieux ne pas en dire trop. Les craintes qu’Ethan ait été envoyés pour retrouver ma trace persistaient au creux de mon estomac. J’approuva les paroles de Sohan d’un hochement de tête. « Je suis d’accord. Moins il en sait, mieux c’est pour notre sécurité. » Mes doigts jouaient distraitement avec une miette de pâte à pizza sur la table. Je sentis mes doigts se crisper légèrement et mon cœur louper un battement quand je l’entendis échapper ce "nous". Ce nous "nous" mentionné, aussi involontaire soit-il, faisait écho à mes propres pensées les plus secrètes. Je contins mes émotions du mieux que je pus, espérant pas laisser paraitre mon trouble. Faire comme si je n’avais pas compris semblait être une plutôt bonne stratégie en cet instant. Je levai mes yeux pour rencontrer son regard. Il tenta de plaisanter pour alléger l’atmosphère, mais je sentais que derrière son sourire il y avait une certaine tristesse, voire même peut-être une résignation à me laisser l’espace nécessaire avec Ethan.

Je devrais être touchée de cette bienveillance à mon égard, mais ce n’était pas totalement le cas. Il y avait un autre sentiment. De la frustration peut-être. Oui, encore une fois il n’était pas impossible que j’aurais aimé qu’il soit moins conciliant. Je me sentais presque horrible à avoir de telles pensées. « Tu sais, je n’avais pas l’intention de lui dire la vérité. Je pensais juste rester dans mon rôle et continuer de vivre comme si je n’étais que Aurora Mitchell rien de plus … » Je m’abstins d’ajouter, qu’en plus de cela, je ne m’étais jamais projeté que notre histoire durerait assez longtemps pour que j’en arrive un jour à tout dévoiler. Je me refusais de croire que j’avais la possibilité de vivre une grande histoire d’amour si celle-ci était basée sur un mensonge. De plus, je ne voulais pas mettre la personne que je fréquentais dans une situation dangereuse. Ma vie était incertaine. Du jour au lendemain, quelque chose pouvait mal se passer et je ne voulais pas impliquer plus de personnes que nécessaires.

Finalement, Sohan finit par me dire qu’il se contenterai de dire à son frère qu’il avait été envoyé en mission. Cette excuse devrait suffire. Il proposa également de me donner un rôle de consultante pour justifier notre relation. J’étais comptable. Je pouvais tout à fait dire que je vérifiais des comptes pour une affaires. La petite blague sur le fait de me faire passer pour une dangereuse criminelle m’arracha un sourire spontané. Ma tête se secouai négativement pour réfuter cette idée saugrenue. « Je crois que la première option est la meilleure en effet. » dis-je en repoussant doucement mon assiette. « On lui dira que tu me consultes pour vérifier des bilans financiers d’une entreprise. C’est pas bien intéressant alors il m’interrogera pas là-dessus. Et comme tu l’as dit, s’il sait que c’est dans le cadre d’une mission, il est peu probable qu’il creuse … » Bien évidemment, ca c’était dans l’éventualité que sa venue à Bar Harbor n’était aucunement lié à notre passé. « Je serais plus rassurée que tu me confirmes que sa présence est sans risque pour nous avant que je ne le revoie. J’ai envie de croire aveuglément qu’il s’agit juste d’un coup du hasard, mais voilà … la situation est telle qu’elle est que je préfère être prudente. »

Je me levai de ma chaise pour débarrasser nos assiettes et les poser près de l’évier de la cuisine. Je sentais la nervosité reprendre le pas sur moi. En jetant les restes de ma pizza à la poubelle, je sentais mes mains trembler légèrement. J’étais fatiguée de toujours vivre dans la crainte du pire. Dans le cadre du programme de protection des témoins, je suivais une thérapie pour essayer de maitriser les peurs qui m’envahissaient. Vivre dans l’angoisse que l’on me trouve, que l’on me fasse du mal. Pendant un temps, je redoutais de me lier à quelqu’un car j’entendais un petit … et si c’était un piège. Au fil du temps j’avais appris à avoir confiance et juste profiter de ma nouvelle vie. Mais, aujourd’hui, elles semblaient revenir m’exploser au visage. Je soupirais et ouvrit le congélateur pour sortir les différents pots de glace.  Se changer les idées avant de me noyer dans des pensées trop sombres … « T’as encore de la place pour le dessert, j’espère ? » Je plaquai un sourire un peu forcé sur mes lèvres et lui tendis l’un des pots avec une cuillère que j’avais pris dans un des tiroirs. J’attrapai deux bols que je posai ensuite sur la table. Chocolat, noix de pécan et vanille ça faisait un bon combo. Une fois nos bols servis, je fis un signe de tête à Sohan pour s’installer dans le canapé dont la vue donnait sur le lac.

Je me laissai tomber lourdement, prise d’une vague de fatigue et mon regard se perdit quelques instants sur le décor paisible qui s’étendait devant nous. « T’as déjà fait un bain de minuit ? » demandai-je sans aucune raison, juste exprimant une subite pensée qui me traversait la tête. J’attendis qu’il me réponde pour enchainer. « J’ai une sorte de liste mentale avec des choses que j’aimerais faire au moins une fois dans ma vie. Ça en fait partie. » Ma voix était pensive. Je me rendis compte que cela sonnait peut-être comme une invitation à réaliser le défi. Je me mis à rire doucement et avant de porter une cuillère de crème glacée à ma bouche, j’ajouta : « C’était pas une proposition à aller piquer une tête ! » Aurais-je pu oser ? Probablement. Seulement, je n’avais pas de maillot de bain et se baigner au clair de lune avec Sohan en sous-vêtement après tout ce qui venait de se passer … mauvais plan.

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