All delighted people

out of the forest, i come with my flowers
Rosée matinale d'un mois printanier 1980, là où le soleil se levait lentement, des cris résonnèrent dans l'appartement chilien du couple Castillo. Seulement un an et demi après leur première rencontre, Marià donna naissance à son premier enfant ; Andréa . Bambin qui lia à jamais les deux têtes brunes, les comblant d'un bonheur perpétuel. Désormais une famille,  Juan ne pouvait se résigner à n'avoir qu'un seul travail ; petits boulots qu'il enchaînait de jour comme de nuit pour subvenir aux besoins de sa femme de son fils. Un père aimant mais absent, le jeune garçon n'avait d'autres choix que de rester auprès de sa mère, devenant, au fil du temps, le fils à maman par excellence. Cloîtré  dans sa chambre, le brun restait à l'écart des moindres convenances sociales. Beaucoup de temps passé seul, sa mère tentait tout de même de le faire sortir de sa coquille, à tenter randonnées et excursions hors de la ville. Et c'est avec la passion de sa mère qu'Andréa découvrit la nature ; la vraie. Loin des bruits citadins, il admirait chaque nouvelle fleur et insecte comme la plus grande des découvertes.

Les années passèrent et les heures de travail acharnées de son père avaient réussi à porter ses fruits ; ce fut à l'âge de ses six ans que les Castillo quittèrent le Chili pour Bar Harbour. Langue anglaise peu maîtrisée, Andréa restait la plupart du temps à l'écart. Cour de récréation qui était devenu un cauchemar pour lui, il prétextait souvent des douleurs pour passer ses heures de pauses à l'infirmerie, là où le calme régnait. Rien ne s'arrangea . Pire encore, la rentrée au collège marqua un véritable tournant dans la vie du chilien. Les insultes, des coups dans les couloirs déserts ; il était devenu le bouc émissaire d'une bande de gamins. Des simulations de grippe, ou tout autre maladie bégnine pour éviter de vivre ce cauchemar, Andréa perdait petit à petit le goût de vivre, et il ne voyait plus qu'une solution pour mettre fin à tout ça. Souffrance de l'esprit trop importante pour un gamin si fragile, la veille de noël, Andréa s'enferma dans la salle de bain. Sang qui colorait l'eau du bain, la douleur physique dansait dangereusement avec le psychique, sourire aux lèvres en pensant que tout allait se terminer, larmes qui dévalaient sur ses joues, ses yeux se fermèrent, inconscient. Ce qui devait être la fin de sa courte vie sonna comme un appel à l'aide auprès de ses parents. Un réveil douloureux à l'hôpital, il resta de long jours silencieux, sans prononcer un mot.

Une thérapie, et le reste de son cursus scolaire à domicile, Andréa reprenait lentement le goût de la vie. Des sorties auprès de sa mère, découverte d'un fossile qui l'avait longtemps fasciné, des bouquins empruntés à la bibliothèque, il n'avait jamais cessé de se renseigner sur l'archéologie, devenant une réelle passion qui l'animait. Diplômé, il prit sur lui pour aller à l'Université. Besoin de développer ses compétences pour devenir archéologue, le chilien fit la rencontre de cette femme qui avait réussi à le faire, enfin,  sortir de sa coquille. Une amitié dont les sentiments s'étaient mêlés, quelques années d'un amour pur et doux avant la chute. Un mot laissé sur la table. Aussi brutal que de se prendre un bus  élancé à cent kilomètres heure. Mais cette fois, Andréa avait su rester digne, malgré cette anxiété constante de la revoir faire basculer son coeur à tout instant.

Années qui passèrent, contrat en tant qu'archéologue signé ; le tatoué vivait enfin de sa passion. Nouvel amour trouvé, sa vie semblait enfin comblée. Rousse qu'il avait rencontré quelques mois plus tôt, un coup de foudre comme peu peuvent l'expliquer, ils avaient décidé de faire les choses rapidement. Certainement trop. Enfant né, l'amour inexplicable pour ce petit garçon, la vie de père n'était peut-être pas celle qu'il avait désiré. Pourtant, ils essayaient une nouvelle fois. Une petite fille qui pointa le bout de son nez deux ans après. Couple qui n'avait pas des fondations assez solides malgré l'amour inconditionnel qu'ils se portaient. Peu de temps pour eux, des disputes, une dépression post partum les deux se déchiraient plus qu'ils ne se réconfortaient.

Des heures et des heures sur le terrain, il en oubliait parfois sa vie privée. Voulant éviter de rentrer chez lui, le chilien trouvait toutes les occasions pour rentrer tard. Mais peut-être que cette fois était cette fois de trop. Temps pluvieux, route glissante, un virage, cette voiture en face ; l'accident était inévitable. Genou désormais douloureux, il n'aurait plus la chance de marcher normalement. Pourtant, ce n'était rien comparé à la culpabilité. Alessia s'était retrouvé dans ce lit d'hôpital. Examens complémentaires, cancer découvert à temps grâce à cet accident, Andréa ne cessait de s'en vouloir. Mélange d'anxiété et culpabilité, il restait aux côtés de sa collègue avec qui il se lia d'amitié au fur et à mesure de ses discussions et confessions interminables.

Cette joie de vivre qui s'évaporait au fil du temps impacta ses humeurs. Le verre du soir devenait trop bon, trop important, trop addictif pour ne pas en prendre qu'un seul. Alcool et médicaments comme nouveaux compagnons de vie, ces substances lui rendait la vie plus simple. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Couple qui ne suivait plus ce bonheur si évident, le divorce fut signé quelques mois plus tard. Garde partagée pour les deux enfants, son temps libre était destiné à ses voitures et les femmes qu'il osait accoster lorsque l'alcool lui donnait ce courage.